Face au système, Doumbouya passe l’arme à gauche !
Qui l’aurait cru ? Il lui a fallu moins d’une année à la tête de l’exécutif pour qu’il succombe face au système qu’il avait pourtant tant décrié au petit matin du 5 Septembre 2021. Dans sa déclaration de prise du pouvoir qui avait vite fait la une de l’actualité, Doumbouya avait si bien diagnostiqué le système qui gangrène le pays depuis plus de 60 ans.
J’étais de ceux-là qui pensaient que devant tout problème, ce qui compte en premier lieu, c’est la manière de le mettre en mots. Pour justifier ma naïveté face à mon soutien éphémère à l’homme fort du 5 Septembre, je m’appuie sur cette citation célèbre de Henri Bergson qui dit que « tout problème bien posé est à moitié résolu. » Doumbouya et son CNRD ont très mal posé le problème de la Guinée. D’où les conséquences que nous vivons aujourd’hui. La transition guinéenne va très mal et n’inspire pas pour le moment de lendemain meilleur. Voyons !
En moins d’une année, cette transition qui avait au départ suscité beaucoup d’engouement chez la grande majorité de guinéens, tarde à rassurer l’opinion nationale et internationale. Surtout quand on sait qu’il y’a eu plus de neuf morts par balles lors de différentes manifestations organisées par les organisations de la société civile, et de dégâts matériels importants. Les harcèlements judiciaires ciblés face aux anciens dignitaires du régime déchu, l’exil forcé des poids lourds et leaders de l’opposition, l’emprisonnement arbitraire de leaders de la société civile, les sanctions de la communauté internationale qui taraudent les membres du gouvernement et du CNRD, et surtout l’enlisement du pouvoir d’achat des populations sont, entre autres, les tares de cette transition, on ne peut plus clair, bancale.
Ajoutons à cela le manque de confiance entre les acteurs politiques pour l’instauration d’un dialogue franc afin de mieux poser cette fois-ci le problème de la guinée. Aujourd’hui je me rends compte que pour le cas de la Guinée il fallait plutôt se fier à cette citation d’Albert Einstein qui dit « qu’un problème sans solution est un problème mal posé ». Cependant, on ne peut occulter le fait qu’il n’y ait pas encore eu de solution adéquate à la problématique de cette transition conduite par le colonel Doumbouya.
La Guinée ressemble aujourd’hui à une vieille marmite qui bouillonne depuis 64 ans. Au fil du temps, le civisme, le patriotisme, le travail, la justice, et la solidarité se sont évaporés pour laisser place au nombrilisme, l’injustice, l’ethnocentrisme, et le régionalisme. Rappelons-le que c’est de ce système qu’ont hérité Mamadi Doumbouya et son CNRD.
Dès le début de la transition, et comme un match de Boxing, Doumbouya a porté des gangs dures pour affronter le système. La mise à la retraite de milliers d’officiers supérieurs de l’armée et de hauts cadres de la fonction publique, la mise en place de la CRIEF sont entre autres des actes qui devraient porter un coup dur au système longtemps décrié par l’ensemble des Guinéens. Toutefois, nous constatons aujourd’hui qu’après 11 rounds dans le ring contre ce système décadent, Doumbouya est sur le point de passer l’arme à gauche face à ce système. Il a encaissé tous les coups durs ; il est presqu’à l’agonie ! Ses supporteurs commencent déjà à quitter la salle de combat. A-t-il le courage et la force nécessaire de faire l’impossible au 12 e round qui est d’ailleurs sa seule chance ; et parvenir à dompter ce système par coup KO ? Rien n’est moins sûr surtout quand on sait que la plupart de son entourage et certain de ses collaborateurs sont des fruits du système qu’ils prétendent combattre.
Doumbouya peut avoir toute la volonté et la force de combattre ce système de corruption endémique ; mais il n’y pourra rien tant qu’il ne prend pas le courage d’un vrai soldat pour faire face à son entourage direct et son gouvernement. Une transition qui se veut réussie ne peut compter sur des novices pour faire du miracle ! La Guinée mérite mieux. Il faut vite se débarrasser du nombrilisme et l’affairisme qui fait défaut au choix des hommes expérimentés et talentueux pour mener à bien cette transition.
Corriger ses erreurs pour réussir cette transition n’est point une faiblesse !
Il est encore temps d’initier un dialogue ouvert et inclusif pour remettre cette transition sur les rails et dans la bonne direction. Le choix des trois dames comme facilitatrices du dialogue est une excellente idée ; une belle innovation ! Malheureusement, le choix a été fait de façon unilatérale. Le CNRD et son gouvernement doivent enfin prendre de la hauteur pour permettre la mise en place d’un vrai cadre de dialogue avec les acteurs principaux de la classe politique. Encore une fois, il n’est jamais tard de faire du bien dans l’intérêt du peuple ! Le plus tôt le mieux ! Je termine cet article par cette citation de Michelle Obama qui disait que « le dialogue et consensus définissent tout ce que nous sommes en tant que peuple et racontent notre histoire pour la prochaine génération ».
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah
North Carolina, USA
Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.