Absurdité et danger : la réponse à Moussa Moise Sylla
Invoquer Dieu pour justifier une ambition politique est une vieille ficelle, mais toujours aussi dangereuse. C’est la technique préférée des autocrates c’est à dire ils transforment leurs envies personnelles en volonté divine pour éviter d’avoir à se justifier devant le peuple.
La manœuvre est ridicule. Depuis quand un ministre aurait-il un accès privé aux plans de Dieu ? Cette récupération du sacré est une insulte à l’intelligence des Guinéens et à la foi des croyants. Dieu serait-il le conseiller du général Doumbouya ? Aurait-il envoyé un SMS que nous n’aurions pas reçu ?
Mais le vrai problème, c’est le danger. Quand un pouvoir prétend agir au nom de Dieu, il s’érige en autorité absolue. Le critiquer devient un péché, s’y opposer revient à défier le ciel. C’est comme ça que naissent les tyrannies.
Rappel des faits Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir par les armes en septembre 2021. S’il se présente à une élection, il trahit l’esprit même de la transition et rejoint le cortège des putschistes africains qui se font ensuite élire pour la forme.
Peuple de Guinée, restons vigilants. Aucun homme, qu’il soit général ou ministre, ne parle au nom de Dieu. La démocratie, c’est le débat, la transparence, la liberté de choisir mais pas les sermons politiques.
Du point de vue de l’islam, cette instrumentalisation est doublement condamnable. L’islam interdit formellement d’associer Dieu aux ambitions terrestres (shirk). Le Coran rappelle que « la religion ne doit pas être contrainte » (Sourate 2, v. 256) et que le pouvoir politique relève de la délibération collective (shûrâ), non de prétendues révélations. Utiliser le sacré pour conquérir le pouvoir, c’est trahir l’esprit même de l’islam qui exige l’humilité devant Dieu et le respect de l’intelligence humaine.
Quand un pouvoir en est réduit à brandir Dieu, c’est qu’il n’a plus rien d’intelligent à dire. Et c’est à ce moment-là qu’il devient vraiment menaçant.
Abdoul Karim Diallo, Citoyen Guinéen
