Adieu camarade Abdoulaye Sow ! (Par Babanou Timbo Camara)
Je suis en classe ce mardi matin après la pluie de lundi à mardi sur Conakry. J’arrive très tôt. Je surfe sur les réseaux sociaux en attendant l’arrivée de mes étudiants. Je tombe sur la nouvelle du décès de mon camarade.
Abdoulaye Sow, vaillant syndicaliste, intrépide défenseur des droits et intérêts des travailleurs. Je perds la voix. Je n’en crois pas à mes yeux. De vérification en vérification, la triste nouvelle se confirme. Mon camarade est parti, vraiment parti à jamais.
Pour la petite histoire, j’ai rencontré pour la première fois camarade Sow en 2019. Ce jour, je suis un journaliste reporter à Lynx FM. 91.00. Ma rédaction dirigée par Azoka Bah me charge de réaliser l’invité du journal sur des bisbilles entre le gouvernement d’alors et le syndicat. Je cherche le contact de Abdoulaye Sow, de l’Union syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG). Je le contacte. Le rendez-vous est pris, pas dans une banque où il travaillait encore moins au siège de l’USTG, où il ne quittait presque pas. La rencontre a lieu dans un petit hôtel sis Kaloum.
Jeune reporter, j’ai gardé la patience et j’ai attendu le temps qu’il a fallu. Habillé en boubou bleu, monsieur Sow descend des escaliers tout mollement avec des pas rassurants et un air un peu fatigué.
« C’est vous le journaliste de Lynx », me demanda t-il ? « Oui», répondis-je.
J’avais entendu parler de “Sow FESABAG, Sow USTG”, je l’ai écouté, je l’ai lu, je l’ai regardé mais je ne l’avais jamais rencontré avant. Ça y est. C’est fait.
J’ai commencé à me demander. Est-ce vraiment lui ? Mais celui-ci ressemble à un métis de par son teint. Au terme de nos échanges, monsieur Sow demanda mon nom. C’était pour enregistrer mon contact.
Je répondis :« Babanou Timbo Camara.» « Ah bon, c’est toi Babanou Timbo Camara ?»
« Effectivement. C’est moi.»
« Cela fait plaisir Babanou Timbo. Je te suis régulièrement. Je ne rate pas les éditions de Lynx FM. Vous faites un bon travail. Je te suis aussi avec Azoka et Abou Bakr dans ‘‘Œil de Lynx’’. Tu sembles jeune à ce que je vois», ajouta t-il. « Vous avez raison. J’ai fini mes études cette année», ai-je répondu.
Détente de l’atmosphère, poignée de mains, sourire réciproque et sentiment partagé. Camarade Sow m’accompagna avec toutes les bénédictions et tous les encouragements pour une réussite dans ma carrière. Nous sommes devenus si familiers dans un laps de temps comme si nous nous connaissions depuis des décennies. Depuis ce jour, je l’appelle affectueusement :« Camarade », au téléphone, lors des rencontres et autres.
À son tour, il m’appelait toujours : « Mon frère de Lynx». Même après mon arrivée à Soleil FM, Abdoulaye Sow, m’appelait toujours mon frère de :« Lynx FM.»
Toujours jovial, disponible, Abdoulaye Sow a toujours répondu à mes sollicitations d’interviews. S’il ne souhaite pas parler ou a des réserves, il me le disait ouvertement sans ambages.
Entendre qu’un être si cher a rejoint ses ancêtres, c’est rien qu’un bouleversement. Camarade Sow s’est battu. Il a lutté. Camarade Sow meurt l’arme à la main puis qu’il s’est battu dans le syndicalisme de la plus noble des manières.
Dors en paix camarade Sow !
Que la terre de tes ancêtres que tu as loyalement servie te soit légère !
Ton frère de Lynx FM, Babanou Timbo Camara
Source: https://www.visionguinee.info/
