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Alliance des États du Sahel : que faut-il attendre des médiateurs de la Cédéao ?

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Alors que le Mali, le Niger et le Burkina ont annoncé début juillet la création d’une « confédération », marquant encore un peu plus la rupture avec la Cédéao, l’organisation ouest-africaine espère toujours le retour des trois États sahéliens dans ses rangs. Dans cette optique, elle a chargé le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, de mener des discussions avec les régimes militaires des trois pays, au côté du président togolais. Qu’attendre de cette médiation ? Éléments de réponse.

En Afrique de l’Ouest, le fossé se creuse inexorablement entre l’organisation régionale, la Cédéao, et l’Alliance des États du Sahel, regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Samedi dernier, les trois pays sahéliens dirigés par des militaires ont tenu à Niamey leur tout premier sommet au cours duquel ils ont annoncé la création d’une « confédération », présentée par l’homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, comme une alternative « à tout regroupement régional factice ».

Depuis les coups d’État de l’armée dans ces trois pays, le torchon brûle entre les nouvelles autorités et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – regroupant 16 pays – qui avait engagé un bras de fer avec les juntes, espérant obtenir, en vain, le retour à l’ordre constitutionnel.

Le 28 janvier, le Mali, le Niger et le Burkina ont annoncé leur départ conjoint de la Cédéao, suscitant une onde de choc dans la région. Inquiète des implications économiques et sécuritaires de cette décision, la Cédéao tente depuis de recoller les morceaux, sans grand succès.

Relancer le dialogue

Dimanche, au lendemain du sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES), les dirigeants de la Cédéao étaient à leur tour réunis dans la capitale du Nigeria, Abuja. L’occasion pour le chef de la commission de l’organisation, Omar Alieu Touray, d’adresser un nouvel avertissement aux dirigeants de l’AES que le départ exposerait à un « l’isolement diplomatique et politique », tout en faisant courir un risque de « désintégration » à la région tout entière. Pour relancer les discussions avec le Mali, le Niger et le Burkina, la Cédéao compte sur ses médiateurs, le président togolais Faure Gnassingbé et, surtout, son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye.

Après la chute du président malien Ibrahim Boubacar Keïta lors du coup d’État du 18 août 2020, Faure Gnassingbé s’est rapidement imposé comme un interlocuteur privilégié pour les nouvelles autorités maliennes, puis burkinabè et nigériennes, en défendant une approche plus douce que nombre de ses homologues au sein de la Cédéao.

Le président togolais a notamment exprimé à plusieurs reprises des réticences contre les sanctions prises à l’encontre des trois pays et aurait joué un rôle clé dans la levée des embargos économiques imposés au Mali et au Niger.

« Faure Gnassingbé, dont le père a participé à la fondation de la Cédéao, est très attaché à cette organisation » souligne Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network (ASSN).

« Il en défend avant tout le partenariat économique, tel que la Cédéao avait été imaginée au départ par ses fondateurs, ce qui explique ce lien de proximité qu’il a su maintenir avec les pays de l’AES« , ajoute-t-elle.

Fin diplomate, partisan de l’unité régionale, Faure Gnassingbé fait néanmoins l’objet de critiques sur la scène internationale pour sa gouvernance autoritaire du Togo, qu’il dirige depuis 2005 et dont il a récemment fait modifier la Constitution.

Dans ce contexte, l’arrivée du nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, au sein de l’organisation ouest-africaine est une véritable aubaine pour la Cédéao, indique Niagalé Bagayoko.

L’espoir Bassirou Diomaye Faye

« C’est un président bien élu qui incarne la défense de la démocratie et qui porte en plus le même agenda sur le souverainisme et le respect des valeurs traditionnelles que les dirigeants de l’AES« , souligne l’experte.

Élu sur la promesse de rééquilibrer les accords commerciaux du pays au profit des Sénégalais, le dirigeant panafricaniste de gauche compte faire revenir les trois États sahéliens au sein de la Cédéao, qu’il ambitionne de réformer de l’intérieur. Le président, qui s’est rendu au Burkina et au Mali en mai, a appelé à « travailler à rapprocher les positions » et affirmé vouloir « tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères ».

De leur côté, le Mali, le Burkina et le Niger restent sur leur ligne, accusant la Cédéao d’avoir agi contre leurs peuples en imposant des sanctions et en brandissant la menace d’une intervention militaire au Niger.

Bien que leur retrait de l’organisation ne soit pas encore effectif, les textes prévoyant un délai d’un an, les États de l’AES considèrent avoir déjà quitté l’organisation et qualifient leur démarche d’irréversible.

Le Mali reste « ouvert à un travail avec [ses] voisins et d’autres organisations » avec lesquels le pays partage « cet espace », a néanmoins précisé lundi le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.

Un choix entre économie et démocratie ?

Parmi les sujets brûlants auxquels les deux blocs vont devoir s’atteler, figure la question de la libre circulation des marchandises et des personnes. Car jusqu’ici le passeport de la Cédéao permettait aux Maliens, Nigériens et Burkinabè de circuler librement au sein de la sous-région et de s’affranchir des taxes douanières au sein d’un marché commun rassemblant plus de 400 millions d’habitants.

Les pays de l’AES militent pour conserver cet avantage, estimant que la réintroduction de visas équivaudrait à « un chantage aux populations », selon les mots d’Abdoulaye Diop.

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