Contre La sansure

« Alpha Condé doit se taire et se retirer définitivement de la vie politique guinéenne ».

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« Depuis sa rentrée, il est chef de parti et il n’en fait pas mine. Son nom est un drapeau de menace. Son palais un point de ralliement. Il ne remue pas et cependant, je m’aperçois qu’il chemine. Cette activité sans mouvement m’inquiète. Comment s’y prendre pour empêcher de marcher un homme qui ne fait aucun pas ? C’est un problème qui me reste à résoudre. » Louis XVIII

11 ans de pouvoir d’Alpha Condé avaient généré toutes sortes de rancœurs et d’aigreurs, conduisant à la frustration générale du peuple Guinéen. Si le besoin de changement devenait de plus en plus aigu, la gabegie financière, l’impunité et l’État de non-droit ne pouvaient que conduire à l’éclatement de la colère populaire trop longtemps retenue. Mais faisant face à la violence aveugle et répressive, il était impossible au peuple de vaincre, parce qu’il était abandonné à lui-même devant une classe politique corrompue et adonnée à l’amour du positionnement politique et de la gloriole.

Un homme se leva du milieu de ce désordre et se décida à incarner la frustration populaire. Était-ce par abnégation de soi, était-ce pour l’amour de la Guinée, était-ce pour une revanche politique ? Seul, il le sait ! Mais nous allons essayer de comprendre son rôle dans toutes les crises qui ont endeuillé la Guinée dès la première heure de son indépendance jusqu’à ce jour où toute la classe politique Guinéenne semble se buter sur elle-même et sur ce qu’elle a construit depuis des années à tel point qu’elle ne sait plus comment sortir de ce mauvais pas sans en subir les conséquences.

Dans les suites des grandes transformations de la politique internationale et à l’effondrement des régimes doctoraux en Afrique, le pouvoir d’Alpha Condé devenait vacillant, il était devenu un allié incommode face à l’opinion internationale.

L’occasion était trop belle pour la louper. Le peuple allait se retrouver face à sa destinée afin qu’il se lie avec lui-même, prenne conscience de son état, analyse la situation dans laquelle il se trouvait, et apporte des solutions aux maux qui rongeaient son pays. Hélas, les caciques d’Alpha Condé-isme, ceux qui ont marché avec Alpha pendant des décennies et ont aidé à faire asseoir ce système politique que tout le monde décriait, voulaient tous se blanchir, se refaire une virginité politique et tout mettre sur le dos d’Alpha Condé seul, comme si un homme seul pouvait entraîner le pays entier dans une telle dictature ou barbarie.

Alpha Condé était devenu le seul homme à abattre. Personne ne prêtait plus attention au système qu’ils avaient tous ensemble entretenu et alimenté sans égard aux souffrances du peuple. Ils devenaient juges et parties, à la fois, enquêteurs, procureurs et juges. Ils décidèrent en dépit de toutes les notions de droit que les résolutions et les acquis de la démocratie étaient souverains. Sans que le peuple ne lui confère sa souveraineté.

Les juristes guinéens, comme toujours si savants, avaient trouvé les voies et moyens d’usurper la souveraineté intransmissible du peuple souverain sans son accord, sans son aval. La science s’était exprimée et renvoyait le peuple à son illettrisme. La « Démocratie » s’est étirée sur une année et demie, du deuxième semestre de 2015 à 2020, pleine des remous, balancée à gauche et à droite pour couvrir un homme et en condamner un autre.

Elhadj Cellou Dalein Diallo qui voulait devenir le nouveau président de la République exigeant le départ de son ami de tous les jours. Il finit par accepter, malgré lui, les résultats des élections truquées avec la rage au cœur de ne pas avoir chassé Alpha Condé du pouvoir, surtout après s’être acquis le soutien de la population et de plusieurs mécontents, aigris et bannis du pouvoir.

Alpha Condé venait de confirmer sa stature de l’homme de coup d’État permanent. L’homme qui a déjoué sciemment toutes les étapes de libération du peuple Guinéen et qui a toujours contribué profondément à les pourrir. Il venait finalement de prendre en otage la vie politique Guinéenne, faisant tout tourner autour de sa personne. Le peuple l’admirait. Ils ont fini par en faire une icône, oubliant tout son passé.

Comme l’histoire peut nous paraître si étrange lorsqu’on la lit loin des passions du moment et surtout lorsque l’on regarde les événements à reculons pour comprendre comment un peuple peut effacer ses souvenirs et reformater sa mémoire. C’est lorsque l’on revient aux premières heures de l’indépendance qu’une autre réalité s’impose et finit par obscurcir tout cet espoir que le peuple avait porté sur cet homme.

Mais au fait, qui est-il, Alpha Condé ? Parler d’Alpha Condé, ce serait sûrement sillonné une mythologie. Alpha, qui est-il ? Une icône, un sphinx, un opposant éternel, un roi sans couronnes, ne serait-il pas un dictateur sans royaume ? S’il n’est pas un dictateur, car c’est le qualificatif qui lui sied le mieux, il est un homme qui détient seul tout le pouvoir de son parti et qui croit être le seul à voir plus loin que toute la nation, mais sa défaillance est si pertinente et évidente que le clan de ses amis emporté par le fanatisme lui trouve encore du génie après 40 ans de carrière politique remplie rien que d’échecs.

Faudrait-il parler d’un père de la démocratie en Guinée comme certains essaient de nous le présenter ? Lorsque nous savons que la République de Guinée n’a jamais connu la démocratie autant qu’elle n’a jamais été un État de droit, comment nous laisserions-nous égarer par ce fanatisme de mauvais goût ?

Après plusieurs années de loyauté et de fidélité à sa personne et à son combat, il vient de remercier comme des chiens impurs, les cadres du RPG, comme dans ses habitudes depuis que le RPG existe, simplement pour enfin demeuré à la tête de son parti contrôler ce que plusieurs ont cru être un parti politique qui se voulait incarner l’idéal de la démocratie et de l’État de droit. Il n’en était rien. Si le PDG était un parti-État, le RPG serait une dynastie des médiocres entretenue pour les ambitions du chef. Au bal des chauves auquel il avait invité toute la population, il s’avère être celui qui a toujours été non pas du côté du peuple, mais de celui qui a sacrifié les vies humaines pour être une simple icône dans l’imaginaire d’un peuple en mal d’un héros national. Il est établi qu’il est un dictateur, mais relégué au rôle de perturbateur.

À force de croire à son aura, il ne sait plus différencier la réalité et le théâtre. C’est ainsi qu’il va malheureusement jouer à une pièce théâtrale aux yeux de tout le peuple le jour où il est allé prêter serment, la main sur le coran comme président élu de la quatrième République. Il en a tellement rêvé toute sa vie que le ridicule ne pouvait plus lui nuire.

Voilà un homme que l’on voudrait établir comme modèle de démocratie et chantre de l’État de droit en Guinée. S’il était un homme de droit, un fervent combattant de la démocratie, il n’allait pas accepter de se faire humilier pour tailler une constitution sur mesure et pour des services non rendus à la nation. Mais serait-il un fait si étonnant de sa part ? Alpha Condé doit se taire et se retirer définitivement de la vie politique guinéenne.

Fabien BANGOURA
Écrivain révolutionnaire

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