Contre La sansure

ANNONCE EXPLOSIVE DU COLLECTIF POUR L’ALTERNANCE POLITIQUE

0

La campagne électorale étant désormais ouverte, ou plutôt ouverte en grand comme une porte arrière forcée dans la nuit, le Collectif pour l’Alternance Politique a décidé d’apporter un soutien aussi inattendu qu’ahurissant à la candidature de Mamadi Doumbouya. Oui, lui-même. Celui-là même qui avait juré ses grands dieux, la main sur la charte qu’il a déchirée mentalement avant même de la signer, qu’il ne serait jamais candidat.

Nous avons longuement hésité entre un fou rire collectif et un silence gêné, mais comme nous sommes pragmatiques, responsables, méthodiques et surtout dotés d’un sens de l’humour largement supérieur à la moyenne nationale, nous avons choisi l’option la plus raisonnable : le soutenir avec une ironie si tranchante qu’elle pourrait découper un treillis à distance.

En vérité, comment ne pas soutenir un candidat qui a réussi, en un temps record, à cumuler autant de dérives que de discours creux ? Comment ne pas applaudir l’homme qui, en quatre ans, a fait plus de blessés que de réformes, plus de kidnappings que de consensus, plus de bavures que de progrès, plus de promesses trahies que de décisions assumées ? Comment résister à l’élan patriotique de soutenir un président de transition qui a transformé la promesse de “refondation” en vaste atelier de recyclage de ministres, de décrets inutiles et de dévotion digitale ? Il fallait avoir le courage, ou l’audace, ou les deux mélangés dans un shaker institutionnel, pour annoncer qu’on ne se présentera pas… juste avant de se présenter avec la sérénité d’un illusionniste habitué à disparaître les vérités.

Le candidat Doumbouya a fait mentir le president de la transition.

 

Pour matérialiser notre adhésion subite, subite comme un communiqué nocturne du Palais Mohammed V, nous avons décidé d’aller plus loin que les déclarations traditionnelles. Après tout, le pays traverse une époque si théâtrale que la moindre incohérence devient un spectacle, la moindre dérive un épisode, la moindre promesse un sketch. Nous ne pouvions pas manquer cette saison électorale haute en couleurs. Nous ne pouvions pas rester en marge d’un tel chef-d’œuvre d’auto-parodie institutionnelle. Nous avons donc résolu, avec un sens rare du sacrifice littéraire, de publier successivement vingt tribunes inédites, vingt textes d’une toxicité telle qu’elle pourrait réveiller le fantôme de la Charte de la Transition pour exiger des comptes. Vingt injections de venin rhétorique, vingt rafales de faits, vingt éclats de vérité brute, dépouillée, insolente.

Nous avons fouillé les discours, épluché les promesses, dépoussiéré les dérapages, revisité les bavures, exhumé les pages sombres de la transition. Rien ne nous a échappé : ni les disparitions forcées, ni les arrestations arbitraires, ni les blessés abandonnés sur les trottoirs, ni les faux dialogues, ni les vrais mensonges, ni les ministres pantins qui ont découvert la politique en direct sur Facebook. Nous avons inspecté chaque recoin du règne, depuis les promesses enterrées au pied du pont du 8 Novembre jusqu’aux illusions emballées dans les cérémonies militaires transformées en meeting déguisé.

À partir de maintenant, nous devenons son soutien le plus menaçant. Celui qu’il n’a jamais sollicité. Celui qu’il ne peut pas contrôler. Celui qui l’accompagnera tout au long de sa campagne comme une ombre qui ricane, une ironie qui le suit, un sarcasme qui le hante. Nous le soutenons avec des vérités qui fouettent, des phrases qui blessent, des faits qui dérangent, des souvenirs qu’il pensait avoir enterrés sous les discours. Nous serons l’aiguillon invisible, le témoin du réel qui applaudit en frappant, le supporter qui soutient en exposant.

Notre soutien sera la forme la plus raffinée de sabotage intellectuel : un applaudissement acide, un accompagnement corrosif, un engagement littéraire qui fait plus de dégâts que mille banderoles. Qu’il se rassure : nous ne reculerons pas. Le pays n’a plus peur du ridicule, il l’a élu roi. Et nous, modestement, nous allons l’aider à comprendre ce que cela signifie vraiment.

Les tribunes arrivent. Elles marcheront sans bruit, mais elles laisseront des cicatrices.

Alpha Issagha Diallo
Soutien officiel, ironique et involontaire du candidat Doumbouya.
Celui qui applaudit… mais avec des gants hérissés de lames.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?