Bah Oury : De la résistance à la soumission, l’échec d’un pseudo-démocrate
Bah Oury incarne ici, de manière éclatante, la figure archétypale de l’homme politique qui, une fois qu’il a goûté aux délices du pouvoir, renie ses principes au profit d’une docilité opportuniste.
Il y a à peine quelques mois, l’homme se faisait l’ardent défenseur de la démocratie, vilipendant sans relâche la junte militaire et sa confiscation du pouvoir. Aujourd’hui, vêtu de l’habit officiel de Premier ministre, il fait volte-face avec une souplesse déconcertante, allant jusqu’à normaliser l’idée d’une candidature du Général Mamadi Doumbouya, l’auteur même du putsch qu’il dénonçait jadis.
La contradiction est flagrante et profondément pathétique. Bah Oury, qui autrefois clamait haut et fort l’urgence d’un retour à l’ordre constitutionnel, se mue désormais en avocat zélé de l’éventuelle légitimité du putschiste. Son argumentaire, qui invoque pompeusement la « liberté de chaque citoyen » d’incarner une vision pour la Guinée, n’est rien de plus qu’un écran de fumée destiné à masquer sa capitulation morale. Sous couvert de pseudo-principes démocratiques, il justifie en réalité la dérive autoritaire qu’il avait pourtant juré de combattre. Quelle ironie ! L’homme qui se voulait autrefois l’étendard de la résistance face à l’arbitraire se révèle aujourd’hui n’être qu’un vulgaire pantin du régime.
Le plus insupportable est sans doute cette tentative maladroite de détourner le débat en affirmant que « ce qui est essentiel, c’est la constitution » et que, par conséquent, la charte de la transition deviendra caduque une fois celle-ci adoptée. Un tel raisonnement n’est rien d’autre qu’une contorsion intellectuelle pour justifier la pérennisation du pouvoir de la junte. Bah Oury feint d’ignorer que la charte de la transition est précisément l’instrument qui définit les règles du jeu en l’absence d’une constitution, et que permettre à Doumbouya de se présenter aux élections n’est rien de moins qu’une caution donnée à la trahison des idéaux démocratiques.
Quant à son accusation selon laquelle « on a tendance à tout personnaliser et laisser l’essentiel de côté« , elle résonne comme une tentative désespérée de détourner l’attention de son propre reniement. En réalité, c’est Bah Oury lui-même qui personnalise la question, en cherchant à légitimer l’ambition d’un homme qui a pris le pouvoir par les armes. Où est passée cette indignation sacrée qui, naguère, animait le Premier ministre lorsque la junte piétinait la volonté populaire ? À quel moment a-t-il troqué ses principes contre les privilèges d’un poste gouvernemental ?
En fin de compte, Bah Oury ne fait que confirmer ce que les plus sceptiques redoutaient : l’irrésistible attrait du pouvoir a anéanti sa capacité à incarner les valeurs démocratiques qu’il prétendait défendre. Sa réplique sur RFI n’est rien d’autre qu’une lamentable tentative de rationaliser sa trahison, déguisée en discours d’homme d’État. Mais qu’il ne s’y trompe pas : ce retournement de veste, loin de passer inaperçu, restera gravé dans les mémoires comme le symbole d’une déchéance politique et morale. Bah Oury, naguère pourfendeur du régime militaire, est désormais son plus servile complice. Et c’est là sa plus grande faillite.