Contre La sansure

BCRG : BANQUE CENTRALE DE LA RUINE GÉNÉRALISÉE

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Le billet de 100 000 GNF, certificat officiel de l’effondrement national

On aurait voulu croire à une mauvaise blague. Mais non : la Banque centrale se prépare à lancer des billets de 50 000 et de 100 000 GNF. C’est officiel, assumé, revendiqué. À ce rythme, le billet de 200 000 sortira mercredi, celui de 500 000 vendredi, et si tout se passe bien, le billet de 1 million sera disponible avant la fin de la transition. Autant gagner du temps : qu’on imprime directement le tapis de billets à dérouler dans les rues, ce sera plus pratique.

C’est dans ce contexte déjà surréaliste que Bella Bah, lui, a pris sa lampe torche intellectuelle pour examiner la justification du Gouverneur. Le résultat est tellement consternant que même un profane, moi, peut s’autoriser à entrer en scène sans rougir.

Dr. Karamo Kaba, Gouverneur de la BCRG.

Le Gouverneur nous dit en résumé : “Le PIB a augmenté, la population a augmenté, donc les billets doivent augmenter.” Voilà. Rideau. Nobel. Thèse validée. Nouvelle école économique : la Macro-Économie de la Gonflette Monétaire. Une invention 100% guinéenne, exportable uniquement vers les régimes en détresse budgétaire avancée.

Pourtant, comme le souligne Bella Bah avec une élégance presque cruelle : nulle part ailleurs cette équation n’existe.
Pas dans la zone euro, où l’on supprime les grosses coupures au lieu d’en inventer.
Pas au Ghana, qui a traversé un défaut de paiement sans ressentir le besoin de créer un billet de “1 000 cedis pour aller acheter un pain”.

La Banque centrale guinéenne réussit l’exploit intellectuel de considérer les autres banques centrales du monde comme de simples amateurs qui “n’ont rien compris”.

Ce qui est fascinant, c’est que tout le monde sait à quoi servent les grosses coupures en période de crise : accélérer l’inflation, faciliter les transactions informelles, camoufler la planche à billets, et donner l’impression que les prix ne montent pas trop… alors qu’en réalité, c’est la valeur du billet qui s’effondre.

Mais chuuut, cela ne doit pas être dit. Laissez le public croire que le billet de 100 000 GNF est un cadeau moderniste, presque un symbole de prospérité.

Bella Bah, lui, enlève le vernis. Sa démonstration est simple : Quand un pays introduit des billets de plus en plus gros, ce n’est pas parce qu’il devient riche, mais parce qu’il devient pauvre plus vite. Et la Guinée, visiblement, a décidé d’être championne de vitesse.

Avec un trou budgétaire de 10 300 milliards de GNF, une dette intérieure que personne n’ose regarder sans anti-dépresseurs, une incapacité totale à lever le moindre centime sur les marchés internationaux malgré les communiqués triomphants, il fallait bien trouver une solution : imprimer.

Quand on n’a pas l’argent, on fabrique le papier.

Et le plus ironique, c’est que même les 20 milliards USD d’investissement de Simandou n’ont pas réussi à faire respirer le franc guinéen. Une telle performance mériterait un prix spécial : le Prix du Paradoxe Monétaire, attribué aux banques centrales capables de faire baisser leur monnaie même quand les dollars affluent.

Le GNF file vers les 10 000 pour 1 USD, mais on nous explique que “ce n’est rien”. L’inflation grimpe, mais on nous dit “tout va bien”. On imprime des billets plus gros, mais on nous jure que “c’est normal”. À ce stade, ce n’est plus de la communication, c’est du théâtre expérimental.

Et moi, profane, je viens simplement dire ceci : Quand un pays fabrique un billet de 100 000 GNF aujourd’hui, il ne fait pas un choix économique. Il signe une déclaration de capitulation monétaire. Comme le dit Bella Bah, et cette phrase devrait être affichée dans tous les bureaux de la BCRG :

Créer de grosses coupures, c’est alimenter l’inflation et continuer à asphyxier une économie déjà mourante.”

Traduction en langage profane : Après les billets de 50 000 et 100 000, préparez les sacs à charbon ou la brouette pour transporter l’argent.

Alpha Issagha Diallo
Profane assumé,
Domestique occasionnel des mirages monétaires,
Spécialiste des enterrements de logique économique

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