Bénin: élections démocratiques sans…«Les Démocrates»
Des élections démocratiques sans…«Les Démocrates»! Ce n’est pas de la fiction, encore moins une blague de mauvais goût, car ça se passe dans la «très démocratique»-honni soit qui mal y pense- République du Bénin! Privés dans un premier temps, de l’élection présidentielle prévue pour le 12 avril 2026, «Les Démocrates», locomotive de ce qui reste de l’opposition béninoise, feront aussi le deuil des élections locales du mois de janvier de la même année.
Le défaut d’un seul parrainage, celui d’un élu du parti qui, après l’avoir accordé aux candidats de la formation politique chère à l’ancien président Boni Yayi, l’a retiré à la surprise générale, a mis fin à l’ambition présidentielle de Me Renaud Agbodjo. Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est l’absence de 120 pièces sur les 437 qui leur a été demandées, qui mettra une croix sur la participation des «Démocrates» aux prochaines locales.
«Les Démocrates» hors-jeu, cela ouvre, systématiquement, au propre comme au figuré, le boulevard de la Marina, splendide voie menant au Palais présidentiel, au candidat du pouvoir, Romuald Wadagni et promet, une fois de plus, un règne sans partage sur l’échiquier politique béninois, des deux partis de la majorité, en l’occurrence l’Union progressiste Le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR). L’opposition modérée se contentera des miettes qui tomberont de la table royale.
Après avoir été l’un des laboratoires de la démocratie en Afrique, suite à la parenthèse de la révolution militaire et du «socialisme scientifique basé sur le marxisme léniniste» de Mathieu Kérékou, le Bénin, ou du moins ses dirigeants renvoient l’opposition dans les vestiaires. S’ils ne sont pas tombés sur la tête, les dieux de la démocratie doivent bien se demander ce qui se passe dans «l’ancien Quartier latin» de l’Afrique de l’ouest! L’étonnement général ne sera pourtant pas une surprise, puisque le pays de la Conférence nationale souveraine réussie de 1990, est devenu coutumier de la mise à l’écart de l’opposition d’une vie politique devenue monocolore et presque monotone! Depuis l’avènement, en 2016, du président Patrice Talon, crédité par ailleurs de deux mandats présidentiels fructueux pour l’économie béninoise selon des statistiques d’experts, l’ancien Dahomey est devenu une terre hostile aux opposants. Sébastien Ajavon, actuellement en exil, Reckia Madougou et Frédéric Joël Aïvo, eux privés de liberté parce condamnés par la justice de leur pays, en savent quelque chose.
Sauf magnanimité politique de Patrice Talon, qui, en gentleman de la démocratie, a décidé de ne pas céder aux charmes du Troisième mandat, comme ailleurs, «Les Démocrates», eux qui, suite à leur mise à l’écart de la course à la présidentielle, avaient déjà perdu quelques députés par démission, doivent s’abonner à la résilience et surtout opter pour la résistance dans le temps. Ou simplement disparaître!
Ainsi va la démocratie au Bénin, sans «Les Démocrates» qui doivent chercher également leur part de responsabilité derrière ce double carton rouge qui leur a été infligé!
Par Wakat Séra

In. https://www.wakatsera.com/benin-elections-democratiques-sansles-democrates/
