Boni Yayi a quitté Conakry sans avoir rencontré les forces vives
Le Médiateur de la CEDEAO, Thomas Boni Yayi, a quitté Conakry hier. Nombre de commentateurs estiment que sa mission se « déroule difficilement, car il n’a pas rencontré les forces vives, qui sont les demandeurs du dialogue inclusif et permanent. Maintenant, on pourrait s’attendre à ce qu’une partie de ce dialogue se tienne à Bissau, capitale du pays du président en exercice de la CEDEAO. En 2010, c’est à Ouagadougou que ce dialogue avait eu lieu« .
Pour un analyste politique, « si la médiation a effectivement commencé, le départ de Conakry du Médiateur, sans avoir rencontré les forces vives, laisse comprendre que des blocages sont intervenus et qu’il doit se rendre chez le Président en exercice de la CEDEAO pour lui expliquer la situation. Ces gens du CNRD et leurs conseillers civils ne sont pas prêts pour les 24 mois exigés par la conférence des chefs d’États lors du sommet d’Accra le 3 juillet dernier. Pourtant, ils savent que dans une semaine, le délai accordé pour soumettre le chronogramme d’u mois sera échu… Les sanctions vont tomber ».
Poursuivant, il souligne que « le voyage du Premier ministre Mohamed Béavogui ‘pour quelques jours’, à la veille de l’arrivée du Médiateur, et la nomination d’un intérimaire était un signe de la mauvaise volonté du Colonel Doumbouya et de son entourage de collaborer avec la CEDEAO, donc la communauté internationale. Eux sont prêts pour goûter aux sanctions parce qu’ils croient, comme l’avait souligné le Ministre des Finances, que les sanctions auront moins d’effet sur la Guinée vu qu’elle a accès à la mer et a sa Banque centrale. Malheureusement des gens comme ça ne comprennent pas que cela ne suffit pas. Des pays comme la Russie, l’Iran ou la Turquie sont des partenaires de premier plan de la Guinée. Ils traversent des moments durs du fait des sanctions internationales. Ils sont plus riches que la Guinée. Ils ont leurs Banques centrales et ont de meilleurs accès à la mer. Donc, les sanctions contre la Guinée vont faire mal au pays et accentueront la crise sociopolitique« .
Manifestations appelées par le FNDC
Il faut maintenant s’attendre à une situation compliquée en Guinée avec le début d’une série de manifestations appelées par le FNDC, car les principales forces politiques du pays ont invité leurs militants et sympathisants à prendre part activement.
Premier test de ces manifestations jeudi prochain 28 juillet. Et cette fois-ci, il sera difficile de trouver de médiateurs locaux pour convaincre les organisateurs de reporter leurs marches citoyennes. « Les autorités nous ont trop provoqué. Vous avez vu la descente des forces policières au siège du FNDC. Dans l’affaire des dossiers de la CRIEF, vous avez entendu le Procureur spécial parler. L’autre jour aussi, vous avez vu l’interdiction de voyager de Foniké Manguè. Tout ça nous dit qu’il nous faut défendre nos droits. Doumbouya et ses camarades ne sont pas élus. Les crimes de sang sous Alpha Condé doivent être sanctionnés comme ceux des crimes économiques. La transition doit bien se dérouler. Pour cela il faut la présence des représentants du peuple partout où l’on parle du présent et du futur de la Guinée« .
Peut-on comparer la situation d’aujourd’hui comme celle de janvier et février 2007, avec la nomination, sous les auspices de la CEDEAO, d’un Premier ministre proposé par les forces vives ? Certains commencent à le croire car, explique l’un d’entre eux, « cela va favoriser un équilibre des forces pour une transition apaisée. On va démilitariser le pouvoir comme le CNRD a fait remplacer le RPG a-e-c par ses membres comme Gouverneurs, Préfets et sous/préfets. Ce coup du 5 septembre c’est l’œuvre des forces spéciales, qui ont été soutenues par les militants et responsables du FNDC, l’ANAD de Cellou Dalein Diallo et le Fndc-politique. Normalement c’est avec eux que le CNRD aurait dû gérer cette transition« .
Mamadou Alpha BAH