Contre La sansure

Candidature de Doumbouya : Le CNRD sur un chemin épineux, la résistance s’organise…

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Trois ans après avoir renversé le régime d’Alpha Condé, le Général Mamadi Doumbouya, qui avait promis le 5 septembre 2021 de rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition démocratique, qui va être sanctionnée par l’organisation des élections libres et transparentes, semble tourner le dos au peuple de Guinée.

Tous les maux dont il avait dénoncé pour justifier le coup d’Etat du 5 septembre, notamment, la corruption, la personnalisation du pouvoir politique, la violation des droits de l’homme, sont devenus pire qu’au temps d’Alpha Condé.

Mais ce qui est surtout regrettable, est le fait que le Président du CNRD qui avait juré « de préserver en toute loyauté la souveraineté nationale », de « consolider les acquis démocratiques, de garantir l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national » et de ne pas répéter ‘’les erreurs du passé’’ veut se lancer dans une aventure risquée en se portant candidat aux prochaines élections présidentielles et se déclarer vainqueur.

Alors que la pauvreté s’aggrave dans le pays en raison de l’absence des financements extérieurs et des investissements étranger, suivi par la dégradation du climat d’affaires, entrainant le chômage, le Président de la transition s’entoure des démagogues et des opportunités, recycle ses ministres sur fonds de corruption et de gabegie financière. En plus, il utilise aujourd’hui les moyens de l’Etat pour tenter de confisquer le pouvoir et remettre en cause les engagements pris devant le peuple de Guinée et la Communauté internationale.

Mais cette volte-face du Chef de la junte militaire ne laissera pas indifférents les acteurs socio-politiques guinéens, plus que jamais déterminés à préserver les acquis démocratiques obtenus au prix du sang et de la sueur.

Au cours de l’assemblée général hebdomadaire de sa formation politique, Cellou Dalein Diallo a lancé un appel pressant ce samedi aux guinéens afin de barrer la route à Mamadi Doumbouya et son clan.

Le Président de l’UFDG, la principale formation politique du pays, invite ses compatriotes à s’opposer farouchement à une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya aux futures élections.

« Je lance un appel à tout le peuple de Guinée, à toutes les associations politiques, de la société civile pour qu’on constitue une force ensemble pour imposer le respect de la parole donnée, le respect des règles et principes de la démocratie. Est-ce que des gens qui n’ont pas respecté leur parole donnée, qui n’ont pas respecté leur serment peuvent avoir la prétention de nous diriger ? Ce n’est pas possible…. », a déclaré samedi le Chef de l’opposition guinéenne.

Cellou Dalein Diallo, qui est contraint de vivre en exil à l’étranger depuis plus de 2 ans, appelle les guinéens à la mobilisation pour s’opposer à la confiscation du pouvoir par la junte militaire.

« Je voudrais faire appel à la mobilisation, parce que vous savez quelle est la situation qui prévaut aujourd’hui dans notre pays. Mamadi Doumbouya veut se présenter. Il n’y a pas de doute… Nous avons même organisé des manifestations pour organiser les élections avant le 31 décembre 2024. Dès le départ, on a senti qu’il n’y avait aucune volonté de la part de cette junte qui tient à confisquer le pouvoir, peut-être définitivement. Les masques sont tombés. Ils veulent conserver le pouvoir avec ou sans élections, priver le peuple de Guinée du droit de choisir ses dirigeants », regrette l’ancien Premier ministre.

Alors que le CNT ouvre la voie à une candidature indépendante qui pourrait permettre aux au  Président Doumbouya ou aux membres du CNRD de se porter candidat pour une élection gagnée d’avance, Mansour Kaba,  a cours d’une conférence de presse tenue ce samedi 14 septembre 2024 à Conakry, demande un rejet catégorique de cette disposition de l’avant projet de la Constitution.

Le Président du PAG, juge inacceptable la candidature indépendante qui donnerait l’occasion à des groupes mafieux, notamment le CNRD et son clan de prendre le peuple de Guinée en otage.

« Avec les grands projets miniers qui sont en cours de réalisation dans notre pays, la candidature à l’élection présidentielle ne doit en aucun cas être autorisée pour des individus incontrôlables et incontrôlés. Même si certains partis politiques sont dirigés par des leaders à la recherche d’un poste de président d’organisations politiques, ceux-ci finissent tout de même par agir sur le terrain et se faire connaitre avec le temps. Mais un candidat libre sorti de l’ombre du jour au lendemain ne peut être comparable à un candidat présenté par un parti politique fonctionnant légalement et dans la durée. Avec l’autorisation des candidatures libres, notre pays sera livré à des groupes mafieux qui utiliseront des chevaux de Troie dociles et apatrides. Ce sera le meilleur moyen de chasser les investisseurs dont notre pays a un besoin vital », prévient El hadj Mansour Kaba.

De leur côté le FNDC et le Forum des Forces sociales de Guinée, deux organisations de la Société civile guinéenne, qui s’opposent à la confiscation du pouvoir par la junte, appellent les citoyens épris de paix et de justice à la résistance.

D’ailleurs une manifestation des Forces vives de Guinée est annoncée devant le siège de l’Union Européenne à Bruxelles (Belgique) le 20 septembre prochain. L’objectif de cette manifestation de la diaspora guinéenne en Europe est d’attirer la Communauté internationale sur les risques liés à une éventuelle confiscation de pouvoir par la junte guinéenne.

A moins de quatre de la fin de transition, le peuple de Guinée retient son souffle, mais le suspens demeure quant à l’avenir du pays au delà de cette date.

Abdoul Wahab Barry

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