Cellou Dalein Diallo était hier mardi 09 octobre 2024 invité de la chaîne de télévision française TV5.
Critiqué pour ses sorties médiatiques parfois mal adaptées, il a su cette fois-ci marquer les esprits.
Car il dégageait pendant l’interview une très grande assurance et confiance en soi.
Et c’est pourquoi ses réponses étaient très adaptées aux questions. Elles étaient surtout très concises, et osées.
Sur la question de la journaliste portant sur la levée de la suspension de la Guinée au sein de l’instrument néocolonialiste le 24 septembre 2024 dénommé l’OIF (l’organisation internationale de la Francophonie), quelques jours avant la tenue de son 19e sommet en ce début octobre en France, il répond ce qui suit:
«La réintégration de la Guinée au sein de l’OIF est inopportune, selon Cellou Dalein. C’était vraiment inopportun, c’est au moment où il y a la disparition de Foniké Mengué et Billo Bah, deux activistes arrêtés par la gendarmerie et les forces spéciales qui sont aujourd’hui portés disparus; dès lors que les autorités ont dit ne pas savoir qui les ont arrêtés où ils est ce qu’ils sont donc ? À t-il demandé et de rajouter: Imaginez l’état dans lequel se trouve leur famille. Et c’est le moment où on présente au peuple de Guinée le corps de Célestin, un militaire qui a été arrêté depuis 1 an et la junte disait pourtant ne pas savoir où il se trouvait. C’est au moment où les radios sont fermées, les médias fermés, les libertés publiques sont malmenées, les droits humains violés et qu’ il y a plus de 50 jeunes qui ont été abattus parce qu’ils ont parfois manifesté contre le délestage, contre le coût de la vie.
C’est à ce moment précis que l’OIF a choisi de lever la suspension de la Guinée en son sein. Or la déclaration de Bamako qui engage les États membres de l’OIF respectait un certain nombre de valeurs et de principes qui ne permettaient pas ce retour en ce moment-là».
Une sortie réussie, convaincante et adaptée à la situation actuelle du pays et soulève l’ire des putschistes françafricains et leurs sous-dictateurs.
Il n’a certes pas saisi cette occasion pour pointer du doigt le soutien de l’Etat français à la junte militaire guinéenne, qui il faut le dire prend à travers la réintégration de la Guinée au sein de l’OIF, clairement position pour le putschiste dictateur françafricain Mamady Doumbouya qui ne veut plus quitter le pouvoir en Guinée.
Mais cette sortie médiatique de Cellou Dalein Diallo reste tout de même adaptée à la situation actuelle du pays.
Car il faut noter que la stratégie de communication politique de Cellou Dalein Diallo se heurte très souvent à des difficultés énormes.
Or, stratégiquement, du point de vue de la communication politique, l’objectif des interventions médiatiques est de rallier les soutiens des mouvements politiques, des partis politiques, de la société civile, du peuple à sa cause tout en discréditant les plus radicaux au sein de la junte militaire guinéenne et du gouvernement de transition.
La communication politique d’un politicien à la quête du pouvoir doit imposer les sujets médiatiques en empêchant le pouvoir en place de prendre la main sur l’agenda politique.
Et en temps de crise sociopolitique, le rôle de la communication politique est de rassurer et redonner confiance aux militants pour apaiser les esprits et assurer la mobilisation ou contestation sociale.
À l’état actuel de la situation crisogène en Guinée, il est primordial d’éviter donc des erreurs de communication.
On ne peut certes pas toujours prendre la bonne décision et on peut commettre des erreurs.
Mais le plus important c’est d’apprendre de ses erreurs et avoir des gens autour de soi qui peuvent attirer ton attention là-dessus.
Mieux, la communication et l’information de qualité, c’est le pouvoir. Un adage que la dictature naissante en Guinée s’empresse de mettre en œuvre en contrôlant les médias et en persécutant des journalistes.
Et c’est pourquoi depuis l’arrivée de la junte militaire guinéenne au pouvoir, beaucoup de journalistes ont renoncé à leurs exigences journalistiques et à leurs principes éthiques en étant tout simplement l’écho du gouvernement de transition, de la junte militaire et le “Jacques a dit de la Jungle” .
Quitte à savoir si Cellou Dalein Diallo, absent de la Guinée depuis très longtemps va pouvoir déposer ses valises comme il l’a fait savoir dans son intervention très bientôt à Conakry. Car la politique a horreur du vide.