« … cette commission rogatoire, initiée par le ministre et par le CNRD, n’a rien de rogatoire ; c’est une commission d’inculpation et de culpabilité. »
Eliminer l’un des potentiels candidats à la probable élection présidentielle en Guinée est un défi préoccupant pour le CNRD qui pense avoir en main un solide grief contre Cellou Dalein Diallo.
En l’espèce, trente-et-un ans après la privatisation de la Compagnie nationale Air-Guinée, cette affaire constitue toujours une épée de Damoclès au-dessus la tête de Cellou Dalein Diallo. On comprend encore mieux le but et l’objectif de cette commission rogatoire fraîchement créée par le Garde des Sceaux.
Or, en France le 29 novembre 2023, l’actuel ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti inculpé pour prise illégale d’intérêts et ayant reconnu l’élément matériel de la faute, a été relaxé par la Cour de Justice de la République. Par contre, en Guinée Cellou Dalein Diallo n’a pas fauté ; mais il doit être déclaré mordicus coupable. C’est le sens de la déclaration du ministre guinéen de la Justice Alphonse Charles Wright sur la presse nationale.
De ce fait, cette commission rogatoire, initiée par le ministre et par le CNRD, n’a rien de rogatoire ; c’est une commission d’inculpation et de culpabilité.
En l’espèce, Cellou Dalein Diallo est en droit de ne pas accepter les audiences, ni se prêter aux interrogatoires de cette commission rogatoire. Il ne pourra rien dire qui puisse le disculper et/ou l’innocenter face à l’acharnement conjoint de la CRIEF et du CNRD.
L’éminent confrère, Maître Amadou Diallo, a tout expliqué pour mettre en relief l’innocence du Président Cellou Dalein. Mais devant l’instrumentalisation de la justice qui est une forme de délinquance judiciaire, le droit enfuit et laisse place à la politique.
La justice guinéenne à l’inspiration du CNRD doit savoir qu’elle ne peut vouloir une chose et son contraire : à savoir, organiser l’exil de Cellou Dalein et le poursuivre à l’étranger par une pseudo commission rogatoire. Celle-ci n’a rien de juridictionnel ; elle est essentiellement un outil de règlement politique au service d’un long harcèlement judiciaire et d’une chasse aux sorcières en vue de future élection présidentielle dont il convient de garantir le résultat à l’avance.
En tout état de cause, personne n’est plus dupe, car selon l’adage, même le petit poisson devenu cible adulte est convaincu que le pêcheur acharné ne vient pas pour le sauver de la noyade ! La démolition du domicile privé de Monsieur Cellou Diallo Diallo en dit très long quant à l’indépendance et l’impartialité de la justice guinéenne.
Vouloir disqualifier le potentiel candidat, en le condamnant par contumace, c’est l’objectif assigné à la CRIEF par le CNRD. D’où l’urgence d’une prise de conscience collective du délire institutionnel dans lequel vit notre pays actuellement.
Affaire à suivre.
Saliou Bobo Taran DIALLO
Docteur en droit
Avocat au Barreau de Paris