Contre La sansure

CHARLES WRIGHT ET SES CONTORSIONNISTES : AUTOPSIE D’UN DROIT DE RÉPONSE QUI MEURT À LA PREMIÈRE LIGNE

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Je tiens d’abord à féliciter Alphonse Charles Wright. Oui, féliciter. Parce que manifestement, mon précédent texte lui est resté coincé quelque part entre l’œsophage juridique et l’intestin politique. Non seulement il n’a pas digéré le papier, mais il a fallu qu’il convoque une escouade complète d’experts en contorsions constitutionnelles, des athlètes du triple salto argumentatif, pour pondre un droit de réponse qui transpire la panique autant que l’ennui.

Et rien que pour cette volonté de se débattre, vraiment, je dis bravo.

Charles, lui, au moins répond. Mal, faux, tordu, mais il répond. Ce qui le place déjà dix mille fois au-dessus d’Ousmane Gaoual, le ministre aux glandes lacrymales hypersensibles, qui était allé sangloter chez Kumpital pour dénoncer des « injures » fantômes que Abdoul Karim Diallo et moi lui aurions assénées. Ce niveau de fragilité, même une statue en chocolat fondue au soleil n’en voudrait pas.

Donc oui : Bravo Charles. Même si, honnêtement, vu la qualité du papier qu’il a signé avec son bataillon de juristes en apnée intellectuelle, il devrait penser à élargir l’équipe ou prendre des vitamines. Parce que s’il revient dans l’arène avec ce niveau de faiblesse argumentative, je ne garantis pas sa longévité.

Maintenant que les politesses sont faites, passons au dépeçage méthodique.

I. Leur introduction : une tentative désespérée de reconduire le mensonge en habillage juridique

Le papier commence par une plainte élégante : « Beaucoup de style, beaucoup d’émotions, mais pas de droit. » C’est adorable. On sent la frustration. On sent surtout la fébrilité de quelqu’un qui réalise que la littérature, quand elle est exacte, peut terrasser mille pages de sophismes.

Pour être clair : ce n’est pas mon texte qui manque de droit. C’est leur régime qui manque de vérité. Et tout le papier qui suit n’est qu’une longue tentative d’emballer ce déficit dans une guirlande technicalo-vaniteuse.

II. Leur argument principal : “Montrez la phrase exacte du serment.” C’est ici qu’ils tombent de haut.

Ils exigent la phrase mot à mot où Doumbouya s’engage à ne pas être candidat. Personne n’a jamais dit que cet engagement se trouvait dans le serment formel du Palais Mohammed V. Ce renoncement était : public, répété, officiel, politique, fondateur, condition de la reconnaissance internationale du CNRD

C’est ce qu’on appelle un engagement républicain, pas une virgule prononcée devant un greffier. Être incapable de le comprendre, c’est soit de la mauvaise foi, soit un déficit grave de formation civique. Dans les deux cas, cela invalide tout leur papier.

III. Leur stratégie : réduire la morale d’État à une clause notariale

Pour eux, un engagement présidentiel n’a de valeur que s’il est déposé au greffe avec tampon humide. Donc : les conférences de presse ? fantaisie folklorique. Les engagements publiquement assumés ? décorations non contraignantes. Les promesses fondatrices de la transition ? air gratuit.

Ils réduisent l’honneur à une formalité. Ils réduisent la République à une question de syntaxe. Ils réduisent la crédibilité du chef de l’État à une virgule. En résumé : Ils réduisent le pays à un bureau d’état civil.

IV. La manipulation grossière : “La Charte n’a pas été brûlée, elle a été remplacée.”

Oui, bien sûr. Et un voleur ne vole pas : il « réaffecte ». Un dictateur ne s’impose pas : il « ajuste ». Un parjure ne ment pas : il « reformule ».

La Charte a été : contournée, violée, jetée, remplacée par un texte rédigé en catimini, sans débat, sans consensus, sans légitimité. Qu’ils arrêtent de maquiller ça en “processus organisé”. Même un enfant de huit ans voit que c’est de la falsification.

V. La perle de leur droit de réponse : la non-rétroactivité

J’avoue que ce passage m’a décroché un rire d’une rare intensité. Ils affirment que je veux juger Doumbouya selon une règle écrite après coup. Sauf que je ne juge Doumbouya que selon une seule règle : sa propre parole donnée au moment où il l’a donnée.

La non-rétroactivité s’applique à la loi. Pas au mensonge. Encore moins au mensonge d’État. Citer ce principe ici, c’est prendre un code juridique pour un manuel de magie. Ou alors ils espèrent que les Guinéens n’ont jamais rencontré le mot « contexte ».

VI. Le cœur de leur texte : “L’engagement n’a jamais existé.” C’est l’aveu le plus dangereux.

À force de vouloir blanchir le général, ils finissent par nier la réalité elle-même. Pour eux : Les vidéos ? n’existent pas. Les discours ? inventés. Les engagements publics ? imaginaires. La mémoire collective ? illusoire.

Ils ne défendent plus un homme. Ils défendent l’effacement de l’histoire. Et ça, c’est grave.

En fin, le ridicule n’est plus un accident : il est devenu leur méthode

Ce droit de réponse n’est pas un texte. C’est un aveu de faiblesse. C’est un exercice de funambulisme conceptuel. C’est une tentative de donner du cerveau à une contradiction insoutenable.

En vérité, ce papier prouve trois choses : Ils ont lu mon texte. Et ils ont eu mal. Ils n’ont aucun argument solide. Ils sont prêts à tordre le droit pour sauver un homme qui a tordu la parole donnée.

Charles Wright, lui au moins, a eu le courage de sortir du buron où se cachent d’habitude les griots du pouvoir. Qu’il revienne quand il veut. Nous sommes toujours là, témoins du réel, et surtout : impossibles à intimider.

Alpha Issagha Diallo

Fils indigné de la République

Auteur des colères lucides

Fossoyeur professionnel des journalistes tombés en contorsionnisme politique

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