De nombreux commentateurs ont estimé que le reggaeman guinéen, Mamadou Mouctar Soumah, alias Takana Zion « cherche à plaire au CNRD et à son chef Colonel Doumbouya. Il l’a fait avec Alpha Condé ».
Pour l’artiste, « on a souffert depuis le temps de Sékou Touré, Lansana Conté et Alpha Condé. Depuis 63 ans, nous sommes en train de patiner dans l’ethnocentrisme. Il faut qu’il (Mamadi Doumbouya) mette de l’ordre. Quel que soit le temps que ça va prendre, nous sommes avec lui« . Une analyse que ne partagent pas de nombreux citoyens.
L’un d’entre eux estime que « cet ethnocentrisme, c’est des acteurs de la scène politique qui en font une stratégie. Alpha Condé est celui qui a développé l’ethnostratégie lorsque Cellou Dalein a remporté le 1er tour de la présidentielle de juin 2010. Alors, il a trouvé les moyens de rassembler avec lui tous ceux qui ne voulaient pas d’un peulh au pouvoir, en inventant son complot de l’eau empoisonnée, pour gagner grâce à la complicité du Général Sékouba Konaté et des forces militaires et paramilitaires. C’est sous sa présidence que l’ethnicisation de l’Administration et des postes de commandement de l’Armée et de la police a commencé« .
Poursuivant, ce observateur estime que « si Takana Zion croit qu’il faut tuer l’ethnocentrisme en poussant et soutenant le CNRD à confisquer le pouvoir, comme lui et d’autres le souhaitent, il se trompe. Pour tuer l’ethnocentrisme, il faut des élections démocratiques, inclusives et transparentes. Le parti ou la coalition politique qui va gagner va diriger. Et dans notre constitution, prévoir qu’aucune ethnie ne devrait avoir plus d’un quart de postes dans l’Administration et les forces de défense et de sécurité. Il faut que tout le monde se sente inclut dans la gouvernance« .
Rappelant que « Sékou Touré avait moins de 40 ans lorsqu’il a pris le pouvoir« , cet observateur souligne que « ce n’est pas l’âge de la personne qui compte. C’est son patriotisme, son programme de gouvernement. Nelson Mandela avait plus de 70 ans quand il a été élu président de l’Afrique du Sud. Tout comme Abdoulaye Wade du Sénégal, qui a lancé les chantiers qui font du Sénégal un pays émergeant. C’est dire qu’on peut avoir un jeune comme président et une mauvaise gouvernance. Takana fait une mauvaise lecture des faits de la Guinée indépendante. Notre problème est surtout la mauvaise gouvernance politique du pays. Les responsables ? La société civile, qui fait de la politique et affirme être apolitique et les forces militaires et paramilitaires, qui ont toujours été des milices au service du pouvoir et non du peuple« .
Mais plusieurs acteurs ont tendance à dire, comme l’a fait Takana Zion que « quand on a 75 ans, on a été directeur, ministre ou Premier ministre, on devrait être conseiller dans cette nouvelle ère de la Guinée. Pourquoi voulez-vous reconduire les mêmes personnes ? Quand on a 75 ans, on ne peut pas être un acteur politique dynamique. Il faut créer une nouvelle classe politique’’.
Un analyste politique est de cet avis et précise que « cette société civile, ce sont les gens du CNOSC comme Dr. Dansa Kourouma, l’ex préfet de Coyah Aziz Diop, etc. Ils roulent pour le pouvoir en place. Sinon, tout ce monde aurait été avec le FNDC pour empêcher le coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020. Espérons que Takana et ceux qui pensent comme lui vont comprendre ça. Depuis 1958, la Guinée souffre de la mauvaise gouvernance qui est marquée par des élections truquées, les détournements de deniers publics, le népotisme, l’ethnostratégie dans les services civils et militaires« .
Mamadou Alpha BAH