Contre La sansure

Chronique Assassine : Comme au pays des tontons macoutes

0

L’année 2024 a été marquée par le recul inouï de la liberté de la presse, la liberté d’expression en général ainsi que des droits de l’homme en Guinée. Parmi les dérives autoritaires que les nouveaux princes ont fait subir au peuple martyr de Guinée, il y a la décision de faire taire les « Grandes Gueules » qui rêvaient « refaire le monde » au sommet d’un « Mirador ». Le trio lorgnait trop sur les affaires des nouveaux princes. Les talkshow de trois grands médias très suivis mettaient à nu quotidiennement la mal gouvernance avec son péché mignon, son appétence pour le pognon public.

La fermeture du trio dérangeant n’était que la fumée. Le feu ravageur commencera le 9 juillet 2024 avec l’enlèvement de deux militants prodémocratie : Oumar Sylla Alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah. Deux activistes qui exigeaient le respect de l’engagement du 5 septembre 2021. Un ancien du régime grimpeur, Saadou Nimaga a aussi pris une destination inconnue le 17 octobre. Le journaleux Habib Marouane Camara, connu pour ses philippiques contre la nouvelle oligarchie, a disparu le 3 décembre 2024. On est sans nouvelle de ces quatre personnes.

Un seul jour ne passe désormais dans la capitale guinée-haine sans que l’on ne signale la disparation d’une ou de plusieurs personnes. Certains sont retrouvés quelque temps plus tard, comme l’homme d’affaires Alhassane Diallo, kidnappé le 19 novembre dans la banlieue de Conakry et libéré le 3 décembre 2024. M. Diallo, contrairement aux activistes et journaliste, qui fourrent leur nez dans les affaires de la transition à durée interminée, ne prêche que pour sa propre chapelle ou plutôt pour sa poche.

Après le rapt d’Alhassane Diallo, les autorités n’ont ménagé aucun effort pour le retrouver saint et sauf. Preuve, s’il en est besoin, que qui veut peut. Si Oumar, Billo et Habib abdiquaient, ils pourraient, comme Alhassane, revenir à la maison. Du moins si le pire ne s’est produit encore. Aliou Bah, le président du Mouvement démocratique libéral, arrêté le 26 décembre à la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone, a l’air plus veinard que les autres. Aliou Bah a été conduit manu militari à Conakry, puis devant le juge pour crime de lèse-majesté. Le pro-crieur réclame deux ans de taule contre le leader pour un délit propre aux républiques bananières.

Une fois n’est pas coutume, un prisonnier fait des jaloux. En l’occurrence les disparus. Ces derniers envient probablement Aliou Bah, qui a accès à sa famille et à ses avocats. Celui qui avait bénéficié de l’assistance d’un avocat et des soins de santé pendant sa détention, estime que « des adultes ont aussi le droit de disparaître ». Désormais dans cette Guinée de 2025, le respect de la procédure peut être un privilège et un avantage qui ne sont pas donnés à tout le monde. Conséquences de la révolution dont les méthodes surgissent de temps en temps pour nous rappeler notre histoire faite des violences et des violations des droits de la personne humaine. Malheureusement, les perspectives sont sombres. A l’approche de la date du 31 décembre, initialement prévue pour la fin de la transition au terme de l’accord signé avec la communauté ouest-africaine, les autorités ont bombé le torse. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé à Conakry. Dans la foulée, la classe politique et les organisations de la société civile, regroupées au sein des Forces vives de Guinée, ont décidé de ne plus reconnaître les autorités de fait à partir du 31 décembre 2024. Le spectre de 2009 plane.

Les Forces vives de Guinée prévoient une série de manifestations à l’intérieur comme à l’extérieur, pour contraindre la junte à respecter l’engagement qu’elle a pris le 5 septembre 2021: non candidature du chef de la junte, de ses ministres et de tous les autres membres des différentes institutions de la transition à l’improbable prochaine élection présidentielle.

Lire la suite… https://lelynx.net/2025/01/chronique-assassine-comme-au-pays-des-tontons-macoutes/

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?