Colonel Mamadi Doumbouya, ne détruisez plus…
Il y a plus important et plus urgent que la récupération des biens de l’État. c’est la protection de l’environnement, qui devrait commencer par l’arrêt de l’urbanisation sauvage notamment dans les préfectures de Coyah, Dubréka et Forécariah. Partout, on « assassine les forêts« .
Tout au long de la route Nationale numéro 1, de Coyah jusqu’à Kindia, la capitale régionale, des maisons poussent. Cette zone, qui va jusqu’aux portes de Mamou, est celle des bassins du fleuve Konkouré sur lequel sont construits les barrages hydroélectrique de Garafiri, Souapity, Kaléta, Amaria, etc. Des ouvrages qui vont contribuer à faire de la Guinée le principal fournisseur de l’énergie hydroélectrique de la CEDEAO. De l’énergie propre qui va renflouer les caisses de l’État guinéen. Cela ne serait possible que ces barrages fonctionnent correctement. Mais si l’on continue cet urbanisme sauvage, il est fort à parier que la pluviométrie va baisser et avec elle, la capacité de production des ouvrages hydroélectriques.
Le CNRD du Colonel Doumbouya a entamé un programme dit de récupération des biens de l’État. Si ledit programme était conduit de manière juste et légale, nul n’aurait eu à en dire du mal. À commencer par la principale victime, Cellou Dalein Diallo, leader du plus important politique de Guinée. Mais derrière cette opération, nombre d’analystes politiques y voient, avec les dossiers soumis à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), un programme d’élimination de certains leaders politiques pour favoriser d’autres, des proches de la junte au pouvoir.
Les nouvelles autorités du pays, encouragées par des acteurs sociopolitiques insignifiants, semblent être engagées, de l’avis de nombreux observateurs, dans un populisme dangereux. De Boulbinet (quartier de Kaloum, qui abrite le Palais Mohamed V, siège de la présidence) à Yomou, plus de 1000 Kms de là, de Labé à Kankan, Siguiri, en passant par Mamou ou vers Boké au Nord-Ouest du pays, des opérations de marquage, en vue de destructions prochaines des habitations, sont effectuées. Le CNRD devrait revoir sa copie en mettant de l’avant un programme de réaménagement des quartiers urbains, en y construisant des appartements pour les agents de l’État certes, mais aussi des maisons de tous types pour la population en général.
Car, plutôt que de « casser », il vaudrait mieux adapter ce programme de récupération des biens de l’État en une opération de modernisation de nos villes, dont le financement viendrait en partie de la vente des terrains sur lesquels sont bâties les maisons à casser. Il ne faut pas oublier que ceux qui ont construit sur ces terrains de l’État disposaient, au moment qu’ils le faisaient, des autorisations nécessaires, délivrées par des agents de l’État, en toute connaissance de cause.
Selon un cadre de l’UFDG « Cellou Dalein Diallo, rappelez-vous, a dit qu’il aurait légué sa maison de Dixinn si on le lui avait demandé. Aujourd’hui, il va même plus loin. Il n’aimerait pas qu’ici et là on détruise des maisons de gens. Il sait que les conseillers du Colonel Doumbouya ne visent que ses biens. C’est lui que l’on veut empêcher de participer aux élections, parce que tout le monde sait qu’il va les remporter facilement« .
Souhaitons que le Colonel Doumbouya rectifie ce programme de récupération des biens de l’État. Souhaitons qu’il mette de l’avant un programme de reforestation dans le pays et de protection des sources des différents cours d’eau. C’est plus urgent et c’est plus nécessaire.
Alors Colonel Doumbouya, ne détruisez plus…
M. Saliou Fadi DIALLO