COLONEL MAMADI DOUMBOUYA RÉUSSIT UN DEUXIÈME COUP D’ÉTAT.
En ignorant le consensus trouvé par la classe politique, surtout celle réellement représentative de la population guinéenne, pour désigner les 15 membres issus du milieu politique devant siéger au sein du Conseil national de transition (C.N.T.), le Colonel-Président Mamadi Doumbouya réussit, avec la collaboration des adeptes du parti/état, de leaders de mouvements sociopolitiques opportunistes, à former l’organe législatif (C.N.T.) de transition en vue de légaliser la confiscation du pouvoir.
Une transition, comme l’ont bien expliqué des acteurs politiques et des responsables de la société civile, selon le Secrétaire administratif de l’UFR, Saïkou Yaya Barry est « faite pour organiser des élections et laisser des institutions fortes« . Il invite les nouvelles autorités guinéennes à comprendre qu’elles ne peuvent « pas faire le malin avec le peuple de Guinée. Il y a eu tellement de sacrifices dans ce pays, tellement de sang versé que si vous jouez au malin avec ces morts, ces sacrifices, vous vous retrouverez dans un trou« .
Nombre d’analystes politiques estiment que « le CNRD a imposé une charte de la transition et dicté au gouvernement Béavogui une feuille de route. Les journées de consultations qu’il a organisées étaient du cinéma parce qu’il n’a pas tenu compte des recommandations faites par les participants. Et dans le cas particulier de la classe politique, qui a constitué des coalitions pour faire des propositions afin de désigner ses 15 représentants, il n’en a pas pas tenu compte et a décidé de faire son choix, recommandé par les ethno stratèges du MATD, ennemis de Cellou Dalein Diallo et l’ANAD« .
Comme l’a dit Kéamou Bogola Haba, Responsable des communications de l’ANAD, membre de l’UGDD, an n’accordant à l’ANAD, seule force politique implantée à travers tout le pays, qu’une des 15 places accordées à la classe politique au sein du CNT, « le seul but de cette manœuvre est la déstabilisation de l’ANAD pour le couper de sa branche Guinée-Forestière (…) Cette décision, dont le ministère doit justifier et non un autre leader politique bénéficiaire de la décision, disqualifie d’office le MATD pour être un organisateur neutre des futures élections en Guinée« .
Équilibrer les nominations, en tenant compte des qualifications certes, mais également des origines régionales
Les ethno stratèges du MATD et ceux qui conseillent le CNRD du Colonel Doumbouya étaient du nombre des planificateurs et exécuteurs du hold-up électoral du 18 octobre 2020 et du coup d’état constitutionnel du 22 mars 2020. Alors que l’on s’attendait à leur mise à l’écart dans cette période transitoire, l’on constate plutôt leur retour en force au sein de l’appareil dirigeant du pays.
Si aujourd’hui dans nombre de milieux des Guinéens sont en train de parler de confiscation du pouvoir par une seule région, c’est le fait de ces ethnocentristes. Il faut oser le dire et souhaiter que la nouvelle constitution adopte des mesures pour qu’aucune des 4 régions dites naturelles ne détienne plus du quart des postes ministériels, des états-majors des forces militaires et paramilitaires, des postes dans l’administration, dans chacun des ministères.
Il faut trouver les moyens d’équilibrer les nominations, en tenant compte des qualifications certes, mais egalement des origines régionales. Il faudrait mettre fin au système implanté par le premier régime, sous Sékou Touré, poursuivi par Lansana Conté et Moussa Dadis Camara et modernisé par Alpha Condé au cours des ses années de pouvoir, et sur lesquel est en train de cheminer le Colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades, avec la complicité des bénéficiaires de ses décrets. Dans ce sens, l’UFD, dirigée par Mamadou Baadiko Bah a fait des propositions intéressantes dans le mémorandum transmis au CNRD au lendemain des journées de concertations de septembre.
Après avoir réussi un coup d’État salavateur le 5 septembre 2021, contre le régime dictatorial d’Alpha Condé, Colonel Mamadi Doumbouya réussit un deuxième coup d’État inutile…, contre d’une part, l’ANAD dirigée par Cellou Dalein Diallo, et de l’autre les démocrates guinéens qui espéraient le voir mener, comme il l’a promis, une transition pour mettre en place des institutions républicaines inviolables afin que la Guinée soit une terre de démocratie, de paix et de développement socioéconomique.
Ibrahima Sory BALDÉ