Contre La sansure

Conakry sous les eaux : L’urgence d’une planification urbaine face à la menace climatique**

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À l’ère où les changements climatiques redessinent les contours de notre planète, Conakry, la capitale de la Guinée, se trouve en première ligne d’une bataille aux conséquences potentiellement désastreuses. Véritable presqu’île bordée par les flots de l’océan Atlantique, cette ville, autrefois appelée « la Perle de l’Afrique de l’Ouest », voit aujourd’hui son éclat terni par une urbanisation chaotique et une gestion environnementale défaillante.

Conakry est soumise à des précipitations intenses qui transforment chaque goutte de pluie en un présage de catastrophe imminente. Ces pluies diluviennes, amplifiées par des phénomènes climatiques globaux, deviennent le bourreau d’une ville qui croule déjà sous le poids de l’anarchie urbanistique. Le sol, imperméabilisé par des constructions sans planification, ne peut plus absorber les quantités d’eau qui s’abattent sur lui, transformant les rues en torrents dévastateurs, emportant tout sur leur passage.

L’urbanisme à Conakry se présente comme un puzzle inachevé, où chaque pièce semble avoir été posée au hasard. L’absence criante d’un plan d’aménagement urbain durable s’avère être une épée de Damoclès suspendue au-dessus des têtes des habitants. Des quartiers entiers surgissent, dans une désorganisation totale, sur des terrains inappropriés, souvent à flanc de colline ou en zone inondable, exacerbant ainsi les risques de glissements de terrain et d’inondations.

L’assainissement, pilier essentiel de toute ville moderne, est à Conakry un concept presque étranger. Les systèmes de drainage, lorsqu’ils existent, sont souvent obstrués par des déchets solides, abandonnés par une population qui n’a d’autre choix que de vivre dans une pauvreté croissante. La gestion des eaux pluviales, pourtant cruciale, est reléguée au second plan, laissant l’eau s’accumuler, stagner, et infiltrer les fondations des habitations, les affaiblissant lentement jusqu’à ce qu’elles cèdent.

Les systèmes de drainage, lorsqu’ils existent, sont souvent obstrués par des déchets solides, abandonnés par une population qui n’a d’autre choix que de vivre dans une pauvreté croissante.

 

La situation devient d’autant plus alarmante que la population urbaine de Conakry augmente à un rythme effréné. Les terres se raréfient, la pression foncière s’intensifie, et les constructions informelles prolifèrent. Sans intervention rapide et efficace, la ville risque de devenir un théâtre de catastrophes à répétition, où chaque saison des pluies apportera son lot de destructions et de pertes humaines.

Il est temps que les autorités guinéenne prennent la pleine mesure de cette menace. Il ne s’agit pas simplement d’un défi technique, mais d’une responsabilité morale envers les générations futures. L’élaboration et l’application d’un plan d’urbanisme rigoureux, l’amélioration des infrastructures de drainage, et la mise en œuvre d’un programme d’assainissement durable ne sont plus des options, mais des impératifs. Face à la montée des eaux et à la violence des intempéries, il faut construire une résilience urbaine, afin que Conakry ne devienne pas le symbole d’une capitale engloutie, mais celui d’une ville qui, malgré les défis, a su se réinventer pour survivre.

Aboubacar FOFANA

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