Contre La sansure

Conférence de presse d’Elhadj Mansour Kaba : le vieux règle de… vieux comptes avec Alpha Condé !

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Elhadj Mansour Kaba, l’un des éléments résiduels de la vieille classe politique guinéenne, leader du Parti Djama, devenu plus tard le Parti panafricain de Guinée (PAG), ingénieur en génie civil formé à l’université technique de Munich, repêché par son ami Jean Marie Doré – alors Premier ministre de la Transition de 2010 – pour devenir ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, chantre de la libération des “Rundé” du Fouta et du concept Manden-Djallon, soutien du pouvoir du Professeur Alpha Condé par “gène interposé”, a organisé une conférence de presse ce samedi 14 septembre 2024 à la Maison de la Presse, au cours de laquelle il est tombé à bras raccourcis sur le leader du RPG/Arc-en-ciel.

Ce rappel était nécessaire pour comprendre la nature de cet homme de 84 ans révolus, qui a pris quelques libertés avec la vérité lors de sa sortie. Retenons un point essentiel de l’intervention du Mathusalem de la politique guinéenne : l’accusation d’enrichissement personnel illicite du professeur Alpha Condé !

Beaucoup de choses ont été dites, et des torrents d’écrits existent sur la gouvernance du régime déchu, qu’il s’agisse des atteintes aux libertés, des droits de l’homme, de troisième mandat ou encore de gabegie financière. Mais jamais, même par le CNRD qui l’a renversé le 5 septembre 2021, il n’a été question d’enrichissement personnel d’Alpha Condé, un homme que ses proches considèrent comme un “véritable rouge” auprès de qui il est impossible de s’enrichir. Il est toutefois reconnu que certains éléments incontrôlables de son entourage et de son gouvernement ont eu la main leste sur les deniers publics.

Alpha Condé, sûrement conscient de cette supercherie dès le début de son troisième mandat contesté par Cellou Dalein Diallo, son allié paradoxal d’aujourd’hui, a maintes fois évoqué la nécessité de “gouverner autrement”. Il avait promis de faire rendre gorge à ceux qui avaient pillé les fonds publics sous son régime. Malheureusement, le temps ne lui a pas permis de concrétiser ces promesses, car le 5 septembre 2021 est passé par là, au grand soulagement de certains ministres de son gouvernement qui se fendaient la poire au QG des Forces spéciales au Palais du peuple le lendemain du coup d’État… On connaît la suite.

Ainsi, lorsque les Guinéens entendent aujourd’hui Elhadj Mansour Kaba évoquer le secteur de l’électricité pour justifier l’enrichissement personnel du président Alpha Condé, ils sourient. Ils se disent que ce vieux politicien était en hibernation, sinon il aurait su que cette accusation est devenue depuis longtemps un cliché. En effet, toutes les tentatives d’explication des Abé Sylla et autres spécialistes en électricité ont fini par reconnaître qu’il n’en était rien. Kaléta et Souapiti ne sont que des projets BOT (Build-Operate-Transfer) dans lesquels l’État a peu investi, laissant le gros des dépenses à ses partenaires.

Le bateau thermique était approprié, puisqu’il est de retour. Comment Alpha Condé aurait-il pu s’enrichir dans un secteur aussi transparent sans qu’aucun audit ou enquête ne l’établisse depuis trois ans ? Seuls les marabouts de Mansour Kaba pourraient alors prouver une telle culpabilité d’enrichissement personnel et illicite.

Au réveil, Elhadj Mansour Kaba finira certainement par pardonner à Alpha Condé de lui avoir ravi la vedette en Haute Guinée après le 4 juillet 1985. Il comprendra aussi que l’ancien président est probablement l’un des ex-dirigeants les plus modestes d’Afrique, sans appartements en Europe ou aux États-Unis, ni comptes bancaires bien garnis dans des paradis fiscaux ou des banques de renommée internationale. S’il jouit toujours de rares relations influentes, il ne dispose pas pour autant de moyens financiers pour des extravagances.

Au passage, lors de sa conférence de presse, Mansour Kaba n’a pas manqué de brocarder le Conseil National de la Transition (qu’il menace de traduire devant l’avis juridique des Nations Unies) à propos de la limitation d’âge à 80 ans dans l’avant-projet de constitution ainsi que la question de la candidature indépendante. Il a également pourfendu le CNRD pour ses velléités de candidature, qu’il considère contraires à la charte de la transition.
Ainsi, personne n’a échappé aux attaques en règle du vieux. Si l’on ajoute le fait qu’il se dit fier d’avoir également combattu Sékou Touré et Lansana Conté, cela prouve qu’une certaine haine viscérale reste vivace quelque part. Le vieux aurait mieux fait de ne pas en rajouter à la chienlit actuelle !

Abou Maco                                                                                                       Journaliste.

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