COVID-19 : L’AFRIQUE RENFORCE LA DÉTECTION DU VARIANT OMICRON ALORS QUE LES CAS AUGMENTENT EN AFRIQUE AUSTRALE
En Afrique, la détection d’Omicron a coïncidé avec une hausse de 54 % des infections au nouveau coronavirus en Afrique, principalement due à une recrudescence des nouvelles contaminations en Afrique australe, a indiqué jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), insistant sur le renforcement sur le continent des mesures de détection et de contrôle pour contenir la propagation du variant.
En Afrique, le variant Omicron a été détecté dans quatre pays, le Ghana et le Nigeria devenant les premiers pays d’Afrique de l’Ouest. Jusqu’à présent, le Botswana et l’Afrique du Sud ont signalé respectivement 19 et 172 cas d’Omicron.
À l’échelle mondiale, près de 24 pays ont détecté le variant à ce jour. « A l’heure actuelle, nous savons seulement que l’Afrique du Sud et le Botswana ont détecté Omicron, mais nous ne savons pas l’origine véritable du variant », a affirmé lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Brazzaville (Congo), le Directeur régional pour les Urgences sanitaires au Bureau de l’OMS pour l’Afrique, Abdou Salam Gueye.
Plus de 8.000 nouveaux cas en 24 heures en Afrique du Sud
« La détection et la notification en temps utile du nouveau variant par le Botswana et l’Afrique du Sud ont fait gagner du temps au monde entier. Nous disposons d’une fenêtre d’opportunité mais nous devons agir rapidement et renforcer les mesures de détection et de prévention », a déclaré pour sa part, la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Alors que le Botswana et l’Afrique du Sud représentent 62% des cas d’Omicron signalés dans le monde, l’Afrique australe a enregistré une forte hausse des infections, principalement sous l’impulsion de l’Afrique du Sud. Au cours des sept jours précédant le 30 novembre, l’Afrique du Sud a ainsi notifié une augmentation de plus de 300% des nouveaux cas, par rapport aux sept jours précédents.
« Hier (mercredi), plus de 8.000 nouveaux cas au niveau de l’épicentre de l’Afrique du Sud ont été confirmés », a affirmé de son côté, la Dre. Anne von Gottberg, microbiologiste clinique au Centre des maladies respiratoires et à l’Institut national des maladies transmissibles en Afrique du Sud. « Les caractéristiques de transmissibilité d’Omicron peuvent être semblables au variant Delta et les vaccins préviendraient toujours les formes graves de la maladie », a-t-elle fait valoir.
Plus de 8,6 millions de cas en Afrique dont 223.000 décès
Au Gauteng, la province la plus peuplée de l’Afrique du Sud, les cas ont ainsi augmenté de 375% d’une semaine à l’autre. Les admissions à l’hôpital ont augmenté de 4,2% au cours des sept derniers jours par rapport aux sept jours précédents. Et les décès liés au nouveau coronavirus dans la province ont bondi de 28,6% par rapport aux sept jours précédents.
« Les pays doivent adapter leur réponse et empêcher que les cas ne se multiplient en Afrique et ne submergent les établissements de santé déjà surchargés », a d’ailleurs mis en garde la Dre. Moeti.
Alors que les nouveaux cas de Covid-19 augmentent en Afrique australe, ils ont diminué dans toutes les autres sous-régions au cours de la semaine dernière par rapport à la semaine précédente. Au total, plus de 8,6 millions de cas ont été notifiés sur le continent africain dont plus de 8,1 millions de guérisons et 223.000 décès.
Omicron présente un nombre élevé de mutations (32) dans sa protéine de pointe, et les données préliminaires suggèrent un risque accru de réinfection, par rapport aux autres variants préoccupantes. Les chercheurs et les scientifiques d’Afrique du Sud et de la région intensifient leurs recherches pour comprendre la transmissibilité, la gravité et l’impact du variant par rapport aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements disponibles et pour savoir si elle est à l’origine de la dernière flambée des infections.
L’OMS appelle les pays africains à lever les restrictions de voyage
Face à la menace du variant Omicron, les pays sont contraints de revenir à des mesures restrictives. Toutefois, ces fermetures de frontières sont « profondément injustes, punitives et inefficaces », a affirmé mercredi le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dénonçant une forme d’«apartheid» à l’égard de l’Afrique.
C’est dans ce contexte que la Branche africaine de l’OMS a appelé également, jeudi, les pays africains qui ont réimposé des restrictions de voyage et suspendu les vols à les lever, arguant qu’aucun impact significatif de cette mesure contre la propagation du nouveau variant Omicron n’a été scientifiquement prouvé. « L’impact des restrictions de voyage décrétées par certains pays africains est très limité, voire insignifiant, dans l’endiguement de la propagation du variant Omicron », a ajouté M. Gueye.
Plus globalement, l’émergence d’Omicron ébranle les pays du monde entier et l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU invite les pays africains à séquencer entre 75 et 150 échantillons par semaine. En Afrique du Sud, l’OMS a par ailleurs déployé une équipe d’intervention dans la province de Gauteng pour soutenir la surveillance, la recherche des contacts, la prévention des infections et les mesures de traitement.
L’OMS a mobilisé 12 millions de dollars pour soutenir l’Afrique australe
De son côté, le Botswana renforce la production et la distribution d’oxygène, qui est essentiel pour le traitement des patients gravement malades. Des épidémiologistes et des experts de laboratoire supplémentaires sont également mobilisés pour renforcer le séquençage génomique au Botswana, au Mozambique et en Namibie. L’OMS a mobilisé 12 millions de dollars pour soutenir les activités d’intervention critiques dans les pays de la région au cours des trois prochains mois.
Par ailleurs, si les pays africains affinent leurs plans opérationnels pour renforcer la surveillance, ils doivent faire face à un faible taux de vaccination. À ce jour, seuls 102 millions de personnes en Afrique, soit 7,5% de la population du continent, sont entièrement vaccinées. Plus de 80 % de la population n’a pas reçu de première dose. « Il s’agit d’un écart dangereusement important », a regretté le Professeur Abdou Salam Gueye.
Seuls cinq pays africains ont atteint l’objectif mondial de l’OMS qui consiste à vacciner complètement 40% de leur population d’ici à la fin de 2021. Le Botswana pourrait devenir le sixième si ses taux de vaccination actuels sont maintenus. « La combinaison de faibles taux de vaccination, la propagation continue du virus et les mutations constituent un mélange toxique », a alerté la Dre. Moeti.
Finalement pour l’OMS, le variant d’Omicron est un signal d’alarme qui montre que la menace du coronavirus est réelle. « Grâce à l’amélioration de l’approvisionnement en vaccins, les pays africains devraient élargir la couverture vaccinale pour mieux protéger la population », a conclu la Dre Moeti.
https://news.un.org/fr