De la responsabilité de l’Etat de protéger la liberté de la presse (Par Alseny Sall)
« La presse est la voix de la Nation » a écrit William Ewart Gladstone.
La crise que traverse notre monde médiatique actuellement doit nous interpeller tous et toutes en tant que guinéen-ne-s épris de démocratie, de justice et de paix ; Car au-delà du droit à l’information, de la liberté d’expression et du droit à un emploi qui sont menacés ; C’est aussi un principe fondamental du système démocratique qui est remis en question !
Tout d’abord il faut souligner qu’il est du devoir et de la responsabilité de l’État de créer les conditions pour que les populations vivant sur l’ensemble du territoire guinéen soient informées sur le fonctionnement de nos institutions républicaines ainsi que tous les problèmes qui assaillent notre Nation comme cela se doit dans tout pays normal. Ce, à tout moment.
L’absence d’informations notamment en temps de crise ou encore dans des dossiers sensibles dans lesquels l’opinion publique nationale et internationale attend des réponses peut évidemment engendrer des conséquences au nombre desquelles la désinformation ou encore laisser place aux fausses rumeurs surtout à l’ère du numérique où les réseaux sociaux sont à la portée de tout le monde. Cela un fait !
Mais faudrait-il pour autant au nom de la lutte contre la désinformation et les rumeurs s’inscrire dans une logique de musellement et de censure drastique des entreprises de presse au mépris des règles et principes qui gouvernent l’exercice du métier du journalisme ? Certes, les brebis galeuses existent dans tous les secteurs de la vie socio-économique de notre pays, mais en tant que démocrate et soucieux de la préservation des acquis obtenus des hautes luttes dans ce domaine, de la préservation de l’unité et de la cohésion nationale, œuvrons plutôt pour que toute restriction visant l’exercice de ces libertés fondamentales ne soit basée uniquement que sur la loi et rien que sur la loi. En agissant ainsi, on aura rendu service à notre démocratie car comme le disait Thomas Carlyle la presse est l’âme de la démocratie.
Mon Colonel, la refondation de l’Etat pour bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique inclusif, apaisé et durable inscrit à l’article 2 de la Charte de la transition comme faisant partie des missions de la transition ne peut se faire sans une presse libre et responsable considéré comme le quatrième pouvoir dans tout système démocratique. D’autant plus que la presse est la tribune du peuple comme l’a écrit Jean -Jacques Rousseau. C’est à dire que c’est à travers elle que vous êtes informé sur les problèmes qui assaillent les voix des sans voix de votre peuple.
Alors comme le disait un éminent magistrat guinéen à votre prédécesseur, la conduite des affaires de la Nation doit nous réunir autour de l’essentiel et ce, quelque soit nos différences. Et en tant que président de la transition, sachez que les hommes forts passent mais les institutions fortes demeurent. A cet effet, je vous exhorte à garantir la liberté de la presse et à créer un espace de concertation avec les acteurs de médias pour dissiper les doutes et lever les équivoques sur la situation actuelle. En période de crise, le dialogue et la concertation sont irréversibles.
Alsény SALL
Acteur de la société civile