Diplomatie. Entre la CEDEAO des élus et la CEDEAO des putschistes : l’impossible dialogue !
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est divisée en deux : il y a la CEDEAO des élus et celle des putschistes. Entre les deux le Fossé se creuse.
La CEDEAO des élus, celle des pays où le président de la république a été élu démocratiquement. Et puis, il y a l’autre CEDEAO, celle des militaires arrivés au pouvoir par la voie d’un coup d’Etat. Le dernier coup d’Etat en Afrique de l’Ouest est celui intervenu au Niger en juillet. La CEDEAO dite des élus avait menacé d’intervenir militairement au Niger pour déloger, par la force, les militaires pour rétablir le président légitime renversé, Mohamed Bazoum.
La menace d’une intervention militaire de la CEDEAO conduite par le président Nigérian Bola Tinubu se faisant imminente, le Mali et le Burkina Faso qui sont dans la même situation que le Niger se sont mis du côté des Nigériens. Prenant part, à l’Assemblée générale de l’ONU, Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires Etrangères a réaffirmé la position du Mali, en déclarant que toute intervention militaire au Niger constitue une menace directe à la paix et à la sécurité du Mali, mais aussi à la paix et à la sécurité de la région, et aura nécessairement des conséquences sérieuses. Et que le Mali ne resterait pas « les bras croisés », si le Niger était attaqué. Pour matérialiser leur entente, les militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont signé une alliance défensive qui prévoit une assistance mutuelle en cas d’atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de leurs pays respectifs.
Les États-Unis ont tenté de convaincre les pays de la CEDEAO des élus d’infléchir
En marge de l’Assemblée générale de l’ONU les États-Unis ont tenté de convaincre les pays de la CEDEAO dite des élus d’infléchir leur position sur le Niger. Il faut dire qu’en plus de la menace d’intervention militaire, le Niger est sous sanctions économiques. À New York, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a organisé une rencontre avec les Chefs d’État de la CEDEAO mais » la manœuvre n’a pas réussi ». Ces derniers dont le Nigérian Bola Tinubu et le président Sénégalais Macky Sall, » se sont fait représenter par leurs ministres des Affaires étrangères ».
Selon des sources diplomatiques citées par des confrères de l’Afrique de l’Ouest, la position de Bola Tinubu et ses pairs est sans appel : il n’y aura aucune concession l’égard des militaires nigériens. Finalement le secrétaire d’État américain a publié un communiqué dans lequel il a demandé aux militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey de libérer le Président Mohamed Bazoum et de permettre son retour à la tête du pays. Mais celui-ci n’a toujours pas été libéré.
Et le Général Tiani qui dirige le Niger depuis juillet reste ferme. Il déclare non grata tout diplomate qui ne reconnaît pas son autorité. Ainsi, après l’ambassadeur de la République française à qui il a demandé de quitter le Niger, c’est au tour de la représentante de l’ONU de devoir plier bagage. La nouvelle est tombée le mercredi 11 octobre 2023, canadienne de nationalité, Louise Aubin a 72h pour quitter Niamey.
Le dernier trimestre de l’année 2023 s’annonce mouvementé
Les dissensions entre la CEDEAO considérée des élus et celle des putschistes se creusent chaque jour. Au Mali les autorités de la transition ont reporté la présidentielle pour plusieurs raisons qui n’ont pas convaincu certains observateurs. On s’inquiète surtout de la montée des violences entre l’armée nationale et certains groupes rebelles du Nord du pays. Au Niger l’armée française quitte Niamey sous la pression des nouveaux dirigeants du pays mais aussi celle de la rue. Au Burkina les autorités de la transition ont signalé une tentative de coup d’Etat le 26 septembre dernier. Depuis, le capitaine Ibrahim Traoré fait le ménage au sein de l’armée. De ce qui vient d’être exposé, il n’est pas exagéré de dire que le dernier trimestre de l’année 2023 s’annonce mouvementé en Afrique de l’Ouest.
Pierre Boubane
In. https://tchad-culture.com/diplomatie–entre-la-cedeao-des-elus-et-la-cedeao-des-putschistes-limpossible-dialogue/