Bassirou Diomaye Faye portera ses habits de président du Sénégal ce jour. Les moments seront solennels et hautement importants, non seulement pour le nouveau président, mais aussi pour tout un pays dont il prend les destinées en main pour cinq années, et plus si affinités. Il aura, à l’occasion, du monde autour de lui, mais ne sera pas moins un homme seul. Isolé comme dans une cellule de prison.
Oui, BDF est sorti d’une prison fermée pour se hisser sur le fauteuil présidentiel. Du coup, il retourne dans une autre prison, celle-ci non privative de liberté, mais encore plus contraignante. Désormais, tout en ayant entre ses mains le mieux-être de son peuple, il ne pourra plus mener le quotidien du Sénégalais lambda qu’il était, il y a peu de temps. Toute sa vie, même celle dite intime devient publique, encadré par un protocole établi, qui au début, sera, pour lui, une camisole de force dans laquelle il devra s’engoncer.
Président, Diomaye Faye ne pourra plus parler au nom d’une confession religieuse ou d’une obédience politique, car le jeune homme de 44 ans est, désormais, le chef de toute la famille sénégalaise. A ce titre, il devra rassembler et non diviser, une première tâche qui s’impose après le chapelet de manifestations de rue dont certaines ont endeuillé le Sénégal et ont largement écartelé jusqu’au seuil de la rupture, le tissu socio-politique.
Dans les discours, et parfois les actes, la cassure est bien nette entre des populations dont certaines se sentent de «seconde zone». Sauf que ce défi est loin d’être la seule priorité de Bassirou Diomaye Faye pour un quinquennat que le «candidat anti-système» annonce comme celui de la rupture. La soif de justice et la lutte contre le chômage des jeunes sont des urgences dans un Sénégal où la justice a servi à museler des hommes politiques et où la jeunesse, en quête de vie meilleure, est contrainte à affronter les routes souvent sans issue de l’exil.
Mais, à côté des questions domestiques, le nouveau chef de l’Etat, dont l’avènement coïncide avec la cure d’amaigrissement de la CEDEAO délestée de trois Etats, et pas des moindres, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui ont claqué la porte de l’organisation, «avec effets immédiats», pour créer l’Alliance des Etats du Sahel (AES). S’il a dit vouloir œuvrer pour le retour des membres de l’AES au sein de la grande famille de la CEDEAO, Bassirou Diomaye Faye sait, sans doute, qu’il peut y parvenir, mais est également convaincu que, ça ne serait pas simple comme bonjour.
C’est sans doute dans la logique de donner des chances de réussite à son entreprise que, pour sa prestation de serment suivie de son investiture, le nouveau président sénégalais sera entouré d’au moins six chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, mais aussi de délégations des pays de l’AES. La délégation du Mali devrait être conduite par le président du Conseil national de transition avec à ses côtés, le ministre des Affaires étrangères tout comme le Burkina Faso sera représenté, en principe, par son président de l’Assemblée législative de transition et son ministre en charge des Affaires étrangères.
Comme quoi, cette liste d’illustres invités peut constituer le premier des pas du rapprochement AES-CEDEAO, voire du retour, dans l’organisation sous-régionale, des Etats sahéliens qui l’ont quittée. Ce retour, dont le président Bassirou Diomaye Faye fait un challenge. En tout cas, l’initiative de permettre à la CEDEAO de retrouver tous ses membres est louable, l’avenir des nations étant de plus en plus lié à leur rassemblement dans des grandes entités régionales.
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