Dix raisons impérieuses de rejeter la candidature de Mamadi Doumbouya
La perspective de voir le général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir par un putsch, briguer la présidence soulève des questions cruciales pour l’avenir de la Guinée et de la démocratie en Afrique de l’Ouest.
Au-delà des discours de justification, une analyse factuelle impose le rejet catégorique d’une telle candidature. Voici dix raisons qui forment un constat implacable.
1. Le mépris de la légitimité démocratique
Doumbouya tient son pouvoir d’un coup de force militaire, d’une rupture illégale de l’ordre constitutionnel. Autoriser un putschiste à devenir président élu revient à légitimer la violence comme mode d’accession au pouvoir. C’est trahir l’idéal démocratique : le pouvoir émane du peuple par les urnes, pas des casernes.
2. La confusion mortelle entre l’armée et la politique
Une élection n’est pas une opération militaire. La candidature d’un chef de junte consacre la mainmise de l’armée sur le politique. Cette confusion empoisonne la République en sapant la neutralité des forces armées, censées servir la nation, non un clan ou un homme.
3. Un bilan accablant en matière de droits humains
La prise du pouvoir par la force s’est accompagnée de violations documentées par des organisations internationales : arrestations arbitraires, traitements inhumains, restrictions des libertés. Confier la présidence à celui qui a présidé à ces dérives, c’est banaliser l’impunité et piétiner l’État de droit.
4. L’impossibilité d’une élection libre
Comment croire à un scrutin impartial quand l’un des candidats contrôle l’État, l’armée, les services de sécurité et influence la commission électorale ? Cette asymétrie écrasante étouffe toute compétition loyale. C’est organiser une course où l’un des coureurs est aussi le starter et l’arbitre.
5. La trahison de la promesse de transition
La junte justifiait son intervention par la volonté de « corriger les maux » du régime précédent et de « rétablir la démocratie ». Se porter candidat révèle que l’objectif n’a jamais été le redressement national, mais la prise du pouvoir pour soi. C’est une trahison pure et simple.
6. Un précédent catastrophique
Valider la candidature d’un putschiste envoie un signal désastreux à tous les officiers ambitieux de la sous-région : prenez le pouvoir par les armes, gouvernez un temps, puis faites-vous élire. C’est condamner l’Afrique de l’Ouest à l’instabilité perpétuelle et enterrer toute alternance pacifique.
7. L’opacité financière totale
La gestion des fonds publics sous la transition reste dans l’ombre. Les questions sur l’exploitation des ressources minières, l’utilisation de l’argent public et les conditions d’enrichissement de la junte demeurent sans réponse. Un candidat à la présidence doit rendre des comptes. Celui-ci ne le fait pas.

8. Le risque de violence et de fracture nationale
Une candidature imposée par la force des armes est un ferment de division. Elle attise les tensions ethniques et politiques, crée un climat de peur et de défiance. Le processus électoral, au lieu d’unifier, devient une source de conflit dont les premières victimes seront les citoyens ordinaires.
9. L’isolement international garanti
La CEDEAO et l’Union Africaine ont posé un principe clair : les putschistes ne peuvent participer aux élections qui suivent leur coup d’État. Persister dans cette voie condamne la Guinée aux sanctions économiques, à l’isolement diplomatique et à l’arrêt des financements essentiels. C’est plonger le peuple dans la misère.
10. L’insulte faite au peuple guinéen
Cette candidature est un mépris profond pour l’intelligence et la volonté des Guinéens. Elle sous-entend qu’ils sont incapables de choisir librement leur leader et qu’il faut leur imposer un « sauveur » autoproclamé. C’est une insulte à la maturité politique des citoyens et le déni de leur droit à décider de leur destin.
Conclusion
La candidature de Mamadi Doumbouya n’est pas une simple option politique. C’est la continuation d’un coup d’État par d’autres moyens. L’accepter, c’est enterrer l’espoir d’une Guinée démocratique et apaisée. Pour l’honneur de la nation, pour le respect de la Charte de la transition, pour la mémoire des luttes passées et pour l’avenir des générations futures, tout patriote doit rejeter fermement cette candidature. L’heure n’est pas à la résignation, mais à la résistance civique pour exiger une transition transparente et respectueuse de son engagement : rendre le pouvoir au peuple, sans arrière-pensée.
