Aux leaders politiques et dirigeants de la société civile guinéenne qui demandent à la junte de publier le chronogramme de la transition, en soulignant qu’il est possible de réussir une transition en moins de deux ans, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, répond qu’une transition ne se résume pas à un calendrier.
Ancien conseiller politique de Cellou Dalein Diallo et député uninominal de Gaoual, Ousmane Gaoual Diallo, Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire estime qu’il « y a toujours des gens qui croient qu’une transition, c’est un calendrier. Une transition, c’est d’abord un contenu. Il s’agit de savoir qu’est-ce qu’on veut pour notre transition, quelles sont les étapes nécessaires pour arriver au résultat attendu. C’est ce qui est en train d’être mis en place« .
Poursuivant, il indique que « tous les guinéens auront leur mot à dire dans ce processus qui est en train d’être déroulé pour que la transition soit une réussite afin d’éviter la répétition des évènements qui nous ont conduits à cette transition« .
Un discours qui ne passe plus dans les milieux sociopolitiques guinéens où il est constaté que « le gouvernement de Mohamed Béavogui, les bénéficiaires des décrets et les mains noires qui conseillent le CNRD travaillent pour une transition de plus de 3 ans… Il est décevant de voir que certains d’entre eux, qui luttaient contre Alpha Condé, ne veulent plus de démocratie en Guinée. Ils veulent résister le plus longtemps possible avant d’engager le pays dans des élections qu’ils vont tripatouiller pour mettre un des leurs. C’est sous cet angle qu’il faut voir le retour des spécialistes de fraudes électorales au sein du MATD« .
Pour Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, Président de l’Union démocratique pour le renouveau et le développement, « nous ne voulons pas d’une transition bâclée, mais nous ne voulons pas non plus d’une transition qui va durer éternellement. Nous ne sommes pas pressés, mais nous voulons un temps raisonnable parce que nous ne voulons pas que les guinéens souffrent (…) Un gouvernement de transition n’est pas un gouvernement de développement. C’est un gouvernement de mission qui est là pour appuyer la transition en favorisant le retour à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation des élections (…). Plus la transition dure, plus la population va souffrir« .
En novembre dernier, le Premier Ministre Mohamed Béavogui indiquait que « nous ne sommes pas un gouvernement de développement mais de transformation », en soulignant qu’il faut « qu’on se mette dans un esprit d’austérité, de sacrifices pour que le pays avance (…) remettons-nous en cause, construisons notre pays. Cette transition a un temps limité. Préparerons les bases pour une meilleure Guinée demain… Nous ne devons pas juste penser à nous mais aux millions de guinéens qui souffrent. Si on veut aider notre pays, ça nécessite un sacrifice individuel et collectif (…) Nous sommes là pour aider notre pays mais également pour bien-vivre« .
Le chef du gouvernement guinéen est-il toujours dans cet esprit ? Nombre d’analystes politiques se le demandent et croient que « ce P.M. est une déception… une marionnette du CNRD. Sinon pourquoi ne pas rendre le tablier s’il constate que les choses sont en train de se gâter, que le CNRD a un agenda caché pour confisquer le pouvoir à travers une longue transition ? Bref, Mohamed Béavogui peut mieux aider la Guinée en rendant le tablier s’il voit que ses propositions ne sont pas agréées ».
Mamadou B. BAH