À quelques semaines du scrutin présidentiel en Guinée, les différents candidats s’activent pour convaincre les Guinéens, à travers la campagne électorale qui a démarré le 28 novembre dernier.
Dans la région de Kankan, d’où est originaire le chef des militaires au pouvoir, le général Mamadi Doumbouya, qui est candidat à cette élection, les habitants se montrent prudents. Si certains voient en lui l’incarnation de l’espoir et du développement, beaucoup demeurent pessimistes et se souviennent que l’ancien président Alpha Condé n’avait pas fait beaucoup pour cette ville, pourtant considérée comme son fief politique.
Un fief politique
Située en Haute-Guinée, à plus de 600 kilomètres de la capitale Conakry, Kankan est la seconde ville de la Guinée. C’est la ville natale du général Mamadi Doumbouya, actuel chef de la transition militaire guinéenne et candidat à l’élection présidentielle du 28 décembre prochain.
En ce début de campagne électorale en Guinée, les portraits de Mamadi Doumbouya bordent les rues et décorent les édifices de Nabaya, qui est un synonyme pour la ville de Kankan.

Une campagne d’affichage qui apparaît comme une démonstration de force, dans cette ville où ses soutiens ne manquent pas.Dans le quartier Sogbè, où se trouve installé le QG de campagne du mouvement Génération pour la modernité et le développement, le candidat Mamadi Doumbouya suscite l’espoir chez les militants, comme Lamine Touta Kaba.
Il donne l’exemple d’un projet de bitumage d’une route deux fois deux voies de 15 km. Selon lui « c’est grâce à l’arrivée du président (Mamadi Doumbouya) qu’on a vu ça. En ville, il est en train d’aménager des carrefours, des terrains pour que les jeunes, les femmes et même les sages puissent se retrouver. Et là, je ne parle pas également des projets qu’il a, à long terme, pour Kankan et pour la Guinée. Ce sont tous ces facteurs qui poussent les gens à lui renouveler leur confiance pour qu’il devienne président de la République, officiellement« .
Kankan est aussi le fief politique de l’ancien président guinéen, Alpha Condé, renversé par le coup d’État militaire du général Mamadi Doumbouya, le 5 septembre 2021.
Eviter « la manipulation »
Quatre ans après le putsch, plusieurs de ses militants influents ont rejoint le camp du pouvoir. Les autres, encore fidèles à Alpha Condé et à son parti, le RPG Arc-en-ciel, se font de plus en plus discrets dans la ville et évitent de parler aux médias, pour des ‘’raisons personnelles », disent-ils.
De son côté, le jeune Soumah se présente comme un observateur neutre. Il pense toutefois qu’Alpha Condé ne mérite pas d’être oublié si vite.
« Tout ce qui compte pour nous, c’est le présent. Or, Alpha a beaucoup fait pour le pays, il faut le reconnaître, mais il était mal entouré. Je ne hais pas le président Doumbouya, mais ce que les gens doivent retenir, c’est qu’il faut qu’on se réveille et qu’il ne faut pas qu’on se fasse manipuler par qui que ce soit » explique Soumah.
Respecter sa parole

À Kankan, il existe aussi des citoyens pessimistes, qui ne croient pas que Mamadi Doumbouya soit la solution pour la région et pour le pays. Une jeune femme, qui a requis l’anonymat, dit être déçue, depuis que le général est revenu sur son engagement de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, avant d’avoir rendu le pouvoir aux civils.
Pour elle « un candidat qui doit se présenter pour être un président de la République doit respecter sa parole, parce qu’un homme, c’est le respect de sa parole« .
Au total, neuf candidats se disputent le fauteuil présidentiel en Guinée. Le scrutin est fixé au 28 décembre prochain. Mais d’ores et déjà, l’élection semble sans risque pour le général Mamadi Doumbouya, les principaux responsables politiques du pays ayant été écartés de la course.
In. https://www.dw.com/fr/guinee-elections-kankan-mamadi-doumbouya-campagne/a-75102331
