‘’En Guinée, le procureur spécial prend la décision de faire la peau des gens’’
Dans un communiqué rendu public jeudi 11 avril 2024, le collectif des avocats de Dr. Mohamed Diané a annoncé la suspension de sa participation au procès. Au lendemain de cette décision, Maître Mamadou Ismaila Konaté, ancien ministre de la justice, garde des sceaux du Mali, également ancien avocat de Dr. Ibrahima Kassory Fofana, n’a pas fait de cadeau au procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
Cet avocat qui est intervenu chez nos confrères d’Espace FM ce vendredi 12 avril 2024, a débuté son intervention par exprimer son désarroi sur la situation des accusés dans cette affaire.
‘’Vous me rappelez un dossier qui est un dossier de douleur pour moi, bien évidemment, j’ai été obligé véritablement de tourner le dos à ce dossier. Mais je suis de cœur serré à chaque fois que je vois ce dossier et je suis un peu en malaise. Hier soir, à deux heures du matin, c’est mon confrère maître Clédor Ly qui fait du bon boulot qui m’a transmis justement ce communiqué par lequel les avocats de Ministre Diané se mettent à l’écart, au motif simplement qu’ils ne peuvent plus participer pendant très longtemps à ce qui ressemble non pas à une démarche judiciaire, mais à une démarche de prise en otage du système.
Là-dessus, comme je le disais, il y a des choses à dire et à redire. Le sujet n’est pas seulement au changement de tête à la présidence de cette institution. Le sujet est véritablement d’imprimer une véritable doctrine, une véritable démarche procédurale à cette institution’’, a-t-il déclaré.
Pour lui, dans les procédures judiciaires en Guinée, il n’y a pas de débat possible. Maître Mamadou Ismaila Konaté s’en est ensuite pris au procureur spécial près la CRIEF.
‘’En Guinée, il n’y a pas de débat judiciaire possible. Dans les dossiers judiciaires en Guinée, comme au Niger, comme au Mali, partout, le procureur, le juge, le magistrat instructeur et les ministres prennent ça à bras le corps. Vous allez beau à en avoir contre Dr. Ibrahima Kassory Fofana que je salue, je comprends la douleur, je suis solidaire de l’ensemble des personnes qui sont impliquées dans ce dossier là aujourd’hui. Vous allez beau les détester, la difficulté est que la justice est comme Thémis, thémis est le Dieu de la justice.
Pour juger ses semblables, il faut bander les yeux, il faut boucher les oreilles, pour ne pas voir la couleur de la peau des gens, pour ne pas voir leurs origines, pour ne pas avoir leurs états de fortune. Mais aujourd’hui, il faut se boucher les oreilles en moitié, parce qu’il faut entendre ce qui se dit à la justice, mais il ne faut pas tout entendre pour que la haine n’habite pas le juge, n’habite pas le procureur.
Or, en Guinée, le procureur spécial prend la décision de faire la peau des gens ; et dans cette démarche, on ne peut pas bouger là-dessus. C’est un drame autant plus que rien, absolument rien, ne peut changer ça, même pas les lois, même pas les règlements, on est dans le mental du juge. Tant que cela durera, les procédures vont durer et au bout du compte, vous pouvez condamner à perpétuité Ibrahima Kassory Fofana, Diané et toute la suite, mais le vrai sujet, c’est que l’attente de la population de justice ne sera pas satisfaite.