Enquête exclusive – Le scandale fiscal de CIAO Guinée
5,4 milliards détournés, une boucle de corruption au cœur du pouvoir
Dans l’ombre des conteneurs et des exonérations, un empire discret prospère en toute impunité. CIAO Guinée, ce mastodonte de l’importation alimentaire riz, huile, margarine, mayonnaise incarne un système de prédation fiscale qui vampirise les recettes publiques au nom du “soulagement des populations”. Derrière les slogans patriotiques, c’est une mécanique bien huilée de contournement fiscal qui s’est installée. Une équation honteuse, où les exonérations deviennent des caisses noires.
5,4 milliards en quatre ans : l’hémorragie
Selon les estimations croisées de ce rapport exclusif, les pertes fiscales imputables aux pratiques frauduleuses de CIAO Guinée dépassent les 5,454,000,000 GNF en quatre ans. Ce chiffre n’est pas une simple erreur de gestion : il reflète une stratégie délibérée, organisée autour de surfacturations, exonérations occultes et complicités institutionnelles.
La boucle fermée d’un système de corruption
L’enquête met en évidence un scénario de corruption en boucle fermée, qui se répète à l’identique :
1. Importation directe de matières premières ou production locale par CIAO.
2. Facilitation logistique orchestrée : exonérations fiscales, priorité au port, et mobilisation de moyens publics.
3. Distribution à prix fort, sans effet tangible sur le panier du consommateur.
4. Déclarations fiscales minorées contribution réelle quasi-nulle à l’effort national.
5. Transfert occulte des bénéfices : comptes offshore, financement politique, rétrocommissions.
Pendant que l’État renonce à ses recettes, les marges restent intactes, les prix inchangés, la misère amplifiée.
À qui profite le crime ?
Ce système bénéficie à plusieurs cercles interdépendants :
• CIAO, bien sûr, qui accroît son capital sans contribution réelle au fisc.
• Certains responsables publics, qui perçoivent leur dîme via des rétrocommissions ou des facilités accordées en échange de silence.
• Des agents d’exécution, souvent intermédiaires, qui ferment les yeux ou accélèrent les procédures douanières.
La population, elle, subit. Pas de baisse réelle des prix. Pas de retour social. Juste des discours.
L’équation de la honte: Exhortation publique + Exonération secrète = Enrichissement d’une junte vorace. Ce slogan résume le cynisme du système : sous couvert de “soutenir les familles”, l’État abandonne volontairement des recettes, tout en permettant à ses complices économiques de consolider un empire privé opaque. La junte, elle, transforme cette rente fiscale en arme politique : propagande, fidélisation des élites, et financement occulte.
« Plus la junte exonère les puissants, plus elle étrangle les pauvres. »
Les institutions censées contrôler la transparence fiscale semblent absentes ou neutralisées. Aucune alerte, aucune sanction publique, aucun audit connu. Cette passivité interroge. Est-elle due à la peur ? À la soumission ? Ou à une intégration directe dans la chaîne de compromission ?
L’affaire CIAO n’est pas un cas isolé, mais le révélateur d’un modèle économique prédateur où les intérêts privés se confondent avec les leviers de l’État. Elle illustre un pillage légal déguisé, où les exonérations deviennent l’arme invisible d’une colonisation interne, menée par des élites qui ont troqué la souveraineté fiscale contre leur confort personnel.
Quand un État exonère sans transparence, il abdique sa dignité. Quand il exonère pour enrichir des clans, il déclare la guerre à son peuple.
Par Siba Béavogui
Source: https://www.guineefutur.info/2025/08/01/enquete-exclusive-le-scandale-fiscal-de-ciao-guinee-im/
