Évasion de Dadis et Cie: un véritable écheveau qui cache des non-dits !
Les faits resteront gravés dans les marbres de l’histoire, car ils sont sans précédent.
Le samedi 04 novembre, au petit matin, les Guinéens se sont réveillés avec la nouvelle d’échanges de tirs nourris à Kaloum, le cœur du pouvoir.
On a pu convaincre l’opinion, au moyen de communiqués de l’État-major de l’armée et de sorties médiatiques parfois à l’emporte-pièce du Garde des sceaux, ministre de la Justice, qu’il s’agissait d’une tentative d’évasion de prisonniers à la maison centrale de Coronthie.
Et que c’est loin, et très loin, d’ailleurs, d’un bis repetita d’une annonce similaire qui a écourté le mandat à la tête du pays, du Pr Alpha Condé, il y a un peu plus de deux ans. C’était un 05 septembre 2021.
Cette évasion, si ce n’était que ça l’objectif de l’action audacieuse menée par des commandos hyper armés, concernait des prisonniers non des moindre. Les plus redoutés, meneurs du coup-d ’Etat sans effusion de sang de 2008, tous des militaires, qui ont été contraints d’élire domicile à la maison centrale depuis plus d’un an.
Il s’agit du capitaine Moussa Dadis Camara, ancien Président de la transition en République de Guinée et son ancien ministre de la Sécurité présidentielle, Colonel Claude Pivi, ainsi que des Colonels Moussa Tiegboro Camara et Blaise Goumou.
La cavale de trois de ses quatre fugitifs n’a été que d’une courte durée. Ils ont été ramenés là où ils étaient, des heures après leur fuite qui a nourri les émotions et les passions dans l’opinion publique.
Dadis, Thiégboro et Blaise Goumou ont été rattrapés. Pivi, lui, court encore. Jusqu’à quand ? On ne sait pas, malgré les fascinations abusives distillées à propos d’une supposée bravoure des forces de défense et de sécurité, parties aux trousses des assaillants et de leurs complices.
Mais tout cela parait trop gros pour l’ingurgiter aussi facilement. Il suffit simplement de se rappeler des dispositifs de sécurité mis en place aussi bien à la rentrée de Kaloum et autour de la maison centrale, pour continuer à nourrir des doutes évidents.
Beaucoup de questions taraudent à cet effet les esprits espiègles, au-delà du fait que ça parait insensé, à la limite idiot de la part d’un accusé de crimes de masse, en procès, de prendre la décision de s’en fuir, sachant qu’il est impossible pour le fugitif de vivre sans être inquiété, sous n’importe quels cieux.
C’est de savoir comment on a pu aussi facilement, à une heure supposée être de très grande vigilance, 05h du matin, de la part d’un commando de moins d’une dizaine de personnes, perforer ces ceintures de sécurité d’apparence infaillibles ? Comment le commando a pu quitter Kaloum indemne, après s’y être gaillardement baladé, comme pour narguer l’impressionnant dispositif, le grand bouclier qui protège le palais ?
A la réponse à ses questions qui ne permettent pas de circonscrire les faits dans une opération désintéressée d’évasion de prisonniers, la hiérarchie militaire, au premier rang, le Chef d’Etat, commandant en chef des forces armées, a eu la main lourde. Des militaires, y compris les célèbres fugitifs, ont été radiés de l’effectif de l’armée.
En pareil cas, il faut juste s’assurer que la solution ne soit pas, en soi, un problème, dans un contexte de malaise qui peut être disruptif.
Il faut aussi redouter que la guerre pour la survie, après ce qu’on peut déduire comme étant une tentative de coup d’Etat, cela eu égard les agissements du sommet tout le week-end, les morts de soldats et d’assaillants, annoncées dans le communiqué du parquet Général, qui en a profité pour donner des instructions au procureur militaire, pour l’ouverture d’information judiciaire.
Il faut éviter que cette guerre pour la survie du régime ne soit un marchepied vers un maintien prolongé au pouvoir.
Il faut surtout éviter de prêter une oreille à la supplique des laudateurs.