Éventuelle candidature du Chef de la junte : Doumbouya réussira-t-il là où Dadis avait échoué ?
A la veuille du 3ème anniversaire du coup d’Etat militaire qui avait porté le Colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir, le 05 septembre 2021, un doute plane encore sur les intentions du Chef de la junte militaire guinéenne quant au respecter de ses engagements pris lors de la prise du pouvoir.
Alors que l’ancien légionnaire français à la tête du putsch qui avait renversé le régime d’Alpha Condé avait juré de rendre le pouvoir aux civils à l’issue des élections ouvertes et démocratiques, des manœuvres sont en cours afin de prolonger la transition qui équivaut déjà à un ‘’mini mandat’’. A défaut, voir une possibilité pour Doumbouya de se porter candidat aux élections en violation des dispositions de la charte de la transition et le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, qui a notamment posé des jalons pour la surveillance des élections dans ses États membres.
Et pourtant, le Chef de la junte militaire avait réitéré de respecter ses engagements pris devant le peuple de Guinée et la Communauté internationale, lors du discours à la nation, le 31 décembre 2022.
‘’Je tiens à rassurer l’opinion nationale et internationale que mon engagement est et reste le même. Il n’a pas changé d’un point. Conformément aux articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition, ni moi, ni les membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement, ni les membres du conseil national de la transition et encore moins les membres du gouvernement ne seront candidats aux futures élections’’, avait déclaré le Chef de l’Etat guinéen.
Aujourd’hui il y a des soupçons, surtout que l’avant projet de la nouvelle Constitution laisse le boulevard ouvert à tout guinéen de se porter candidat aux futures élections. C’est pour cette raison que les principales formations politiques, en l’occurrence l’UFDG, le RPG et l’UFR, qui ont boudé la rencontre de Kindia entre les acteurs politiques et le CNT sur la présentation de l’avant projet de la Constitution, exigent le maintient de cette disposition de la charte interdisant tous les membres du CNRD, du gouvernement et du CNT de se porter candidat aux prochaines élections.
Toutefois, des opportunistes et des démagogues, appuyés par des hauts dignitaires du régime commencent à émettre l’idée et se constituent en des comités de soutien pour pousser le Général Mamadi Doumbouya à se lancer dans un tel projet risqué.
Pour Kalémodou Yansané, le Président de la transition guinéenne ne doit pas se prêter à ce jeu du CNT et des opportunistes, qui cherchent à le conduire dans l’erreur.
« Le serment est sacré. Le président a juré et a écrit dans la charte noir sur blanc qu’aucun membre de gouvernement, y compris lui ne se présentera aux prochaines élections. Il l’a répété plus d’une fois où il disait clairement qu’il n’est candidat à rien du tout. Ce n’est pas la peine de faire des spéculations. La parole d’un homme est sacrée. Un homme qui respecte sa position et sa grandeur, sa parole se mesure sur le respect de ses engagements. Ce qui est plus fort que l’homme c’est sa parole. Croyez-moi, le président Mamadi DOUMBOUYA n’a pas l’intention de briguer un quelconque mandat à l’issue des élections. Il n’a dit nulle part qu’il pourrait être candidat si on l’autorise, il a dit qu’il ne le sera pas. Il est temps que nos cadres tirent les leçons de notre passé. Qu’est-ce qui a provoqué les événements du massacre du 28 septembre ? C’est parce qu’un jour il a dit qu’il ôtera la tenue militaire et qu’il se présentera. Que sa tombe dans de bonnes oreilles. Nous demandons humblement aux dirigeants actuel de ne pas se prêter à ce que le CNT est en train de préparer pour le peuple de Guinée. Je souhaite vivement que sa parole d’officier soit respecté et qu’il sorte par la grande porte », a lancé le Vice-Président de l’UFDG au siège du parti à la Minière, devant les militants de cette formation politique.
Selon un observateur averti de la scène politique guinéenne, s’aventurer dans un tel projet risqué serait suicidaire pour le Général Mamadi Doumbouya et son clan.
Parce que, estime-t-il, « La Guinée n’est ni le Burkina, ni le Mali, ni le Tchad,… . Le temps des transitions à durée indéterminée est révolu! »,
En plus, ajoute notre interlocuteur, « Le peuple de Guinée n’est pas dupe ! On se souvient, c’est l’annonce de la candidature du Capitaine Moussa Dadis Camara, qui a été à l’origine du massacre du stade du 28 septembre, qui a fait plus de 156 morts, plus d’un millier de blessés et des dizaines de femmes violées au stade de Conakry, le 28 septembre 2009. Aujourd’hui les guinéens, dans leur majorité, aspirent à la consolidation des acquis démocratiques à travers l’organisations des élections libres et transparentes et non à un recul démocratique».
Alors que les forces vives de Guinée projettent des nouvelles manifestations le 05 septembre prochain, date anniversaire de prise de pouvoir par l’armée, il y a encore des interrogations sur les vraies intentions du Chef de la junte guinéenne, qui devrait céder le pouvoir à un civil à l’issue des élections libres et transparentes avant le 31 décembre 2024, conformément à l’accord dynamique signé avec la CEDEAO.
Doumbouya réussira-t-il là où Dadis avait échoué en 2009 ?
Attendons de voir