Contre La sansure

Expulsés d’Amérique vers le Ghana, ils se retrouvent au Togo

0

Sur 14 personnes expulsées des Etats-Unis vers le Ghana, au moins six ont été transférées vers le Togo sans documents d’identité.

Des 14 personnes expulsés des Etats-Unis vers le Ghana, début septembre, au moins six ont été transférées, le 18 septembre, sur le territoire togolais, sans documents d’identité. Trois autres ont été retournés dans leur pays d’origine et quatre sont encore hors de contact.

On ignore encore si ce transfert, depuis le Ghana, s’est réalisé avec l’accord des autorités togolaises, celles-ci n’ayant pas encore réagi à la situation.

Aux Etats-Unis et au Ghana, deux équipes d’avocats tentent de les faire rapatrier aux Etats-Unis et d’empêcher le transfert d’autres individus d’origine ouest-africaine. Mais un nouveau groupe a déjà atterri vendredi dernier.

Dans le premier groupe d’expulsés, onze avaient reçu une ordonnance de protection, de la justice américaine, contre leur expulsion vers leur pays d’origine, où ils pourraient être menacés de persécutions et de torture, révèle le cabinet d’avocats AAJC. Ils ont alors été envoyés vers un pays tiers.

Une manifestation anti-Trump à Washington DC
La politique d’expulsions massives de l’administration Trump alimente les tensions au sein de la société américaine. Image : Allison Bailey/NurPhoto/IMAGO

 

« J’attendais d’être libéré et une nuit, ils sont venus, explique l’un d’entre-eux, qui a préféré garder l’anonymat. Ils nous ont demandé d’emballer nos affaires. J’ai voulu savoir où on allait. Ils m’ont répondu que je n’avais pas besoin de le savoir et que j’allais être transféré. On m’a dit que je pouvais pas appeler mon avocat et qu’on m’enverra au Ghana. Je leur ai dit que que je ne connaissait personne là-bas, que je ne savait rien sur le Ghana. »

John, l’un des quatre Nigériens déportés, affirme avoir été tabassé par les officiers pour le faire monter de force dans l’avion-cargo militaire. Il affirme avoir dû porter une camisole pendant six heures.

Un autre homme, que nous appellerons Chris, rapporte la confusion des autorités ghanéennes. « On aurait dit que le gouvernement ghanéen, leurs officiers d’immigration, étaient confus eux-mêmes, ils ne savaient pas ce qu’il se passait », explique-t-il.

Ils ont ensuite été détenus dans un camp militaire pendant deux semaines. Rapidement, un groupe d’avocats ghanéens, menés par Oliver Baker-Vormawor, a tenté de mobiliser la justice contre leur expulsion et leur détention illégale.

Mais la tension médiatique était trop forte, selon Chris. « Ils nous ont caché dans cet endroit. Cela a attiré beaucoup l’attention, donc ils n’ont pas apprécié. Ils nous ont dit que cela entachait le nom de l’armée ».

Alors ils ont quand même été expulsés, mais pas vers leur pays d’origine.

« Après 15 jours, ils ont conduit certains d’entre nous à la frontière d’Aflao et nous ont laissés là. Ils nous ont abandonnés au Togo et ont disparu. On essaye juste de survivre ici, on n’a aucun document, aucune carte d’identité, rien du tout. On n’est pas citoyens togolais. »

Sans papier d’identité pour recevoir l’argent de leurs proches directement, ils bénéficient de la solidarité des gens pour survivre. En attendant, peut-être, une décision de justice positive.

Par Claudia Lacave                                                                                                                                    Correspondante au Ghana pour le programme francophone de la Deutsche Welle

In. https://www.dw.com/fr/expulsions-etats-unis-ghana-togo/a-74126845

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

× Comment puis-je vous aider ?