Alors qu’il continuait de dénoncer une tentative de coup d’Etat contre son pouvoir et appelait encore au respect de la Constitution, le président de Madagascar, Andry Rajoelina a dû fuir son pays, ce dimanche 12 octobre, dans un avion militaire français, à bord duquel se trouvait également sa famille. Si ses traces ont disparu après son escale de l’Île voisine de La Réunion, des sources révèlent que le désormais ancien président de Madagascar se serait envolé vers Dubaï, pendant que la France affirme avec la dernière énergie de son président, Emmanuel Macron, qu’elle n’interviendra pas, militairement, dans la crise malgache.
Les platines du DJ de Tana se sont donc tues. C’est l’unité militaire du Capsat qui a parachevé l’ire de la rue qui grondait depuis plus de 15 jours. L’armée a, de nouveau, arbitré dans une crise socio-politique à Madagascar. Le pays se dirigeait vers le chaos nourri du sang de ses fils. Le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques a rejoint les manifestants dans le combat qu’ils ont engagé pour chasser le président de 51 ans. Ce dernier ne répondait plus aux attentes de populations qui exprimaient leur ras-le-bol contre les affres de la vie chère et d’une jeunesse qui en marre d’être torturée par le chômage.
Le collectif Gen Z, ainsi s’appelle la marée de jeunes frondeurs qui s’est déversée, dans la rue depuis le 25 septembre. Leurs revendications qui avaient pour objet les coupures d’eau et d’électricité, a vite glissé vers l’exigence de la démission du président de la république. Acculé, celui-ci avait lâché du lest en sacrifiant son Premier ministre au profit d’un ancien général de l’armée qui avait pour mission de ramener le calme sur la Grande Île, tout en ayant, sans doute, un œil sur l’armée dont Andry Rajoelina, craignait depuis fort longtemps qu’elle prenne le contrôle des opérations. Une erreur qui a été fatale à Andry Rajoelina, car après avoir obtenu le scalp du Premier ministre, les manifestants ont eu celui du président du Sénat et, cerise sur le gâteau, ils ont eu, bien entendu avec le soutien du Capsat, la peau de l’homme fort du pays qui n’a eu d’autre choix que de prendre la fuite.
Pour ne rien arranger pour celui qui est désormais l’ancien président de Madagascar, les syndicats et les opposants dont Marc Ravalomana que l’actuel président avait renversé en 2009, avant de le battre à l’élection présidentielle de 2018 étaient sortis du bois, pour apporter leur soutien au à la Gen Z. Comme si l’histoire se répétait, c’est la même armée qui avait donné le pouvoir à Andry Rajoelina, suite à des manifestations, qui le lui a retiré…suite à des manifestations. Les mutins du Capsat qui se sont rangés derrière les manifestants, ont déjà nommé un nouveau chef d’Etat-major reconnu par le ministre malgache de la Défense qui lui a donné son onction. Le prochain maître de Tana sortira-t-il du rang de ceux qui étaient qualifiés, il y a peu de temps, de mutins?
Où donc, Andry Rajoelina a-t-il déposé ses pénates pour ses premières nuits, certainement les plus «blanches» de son existence? Quel temps pour la période de transition? Les politiciens vont-ils s’en tenir à un rôle d’observateurs ou vont-ils chercher à récupérer le mouvement victorieux de la jeunesse malgache? La Gen Z quittera-t-elle la rue après avoir chassé Andry Rajoelina? Autant de questions qui entourent encore le flou opaque sur la Grande Île.
En tout cas, avis aux nouveaux dirigeants, la Gen Z veille!
Par Wakat Séra
Source: https://www.wakatsera.com/fin-de-concert-pour-le-dj-de-tana/