Contre La sansure

Général Mamadi Doumbouya: du serment à l’ambition

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En 2021, Mamadi Doumbouya incarnait l’espoir d’une rupture historique. Quatre ans plus tard, il brigue le pouvoir qu’il promettait de limiter. De la refondation à la reproduction, la transition guinéenne s’est muée en un miroir du système qu’elle prétendait combattre.

Lord Acton disait : « Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. »

Le lundi 3 octobre 2025 restera dans l’histoire guinéenne comme le jour où la transition a cessé d’être un espoir pour devenir une ambition personnelle. Sans surprise, le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a déposé sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre. Ce geste, attendu, clôt symboliquement le cycle d’une promesse trahie : celle de refonder la Guinée sur de nouvelles bases.

Le 5 septembre 2021, le jeune colonel incarnait la rupture. Sa voix, ferme et assurée, portait la volonté de tourner la page du clientélisme et de la corruption. Son discours de refondation semblait sincère, ses premiers actes courageux. Mais, peu à peu, le système qu’il dénonçait a retrouvé ses réflexes : intrigues, clans, ambitions et manipulations. L’esprit du changement s’est dilué dans les eaux troubles du pouvoir.

Au lieu d’unir autour d’une mission nationale, la transition s’est fragmentée. Des camps se sont constitués, chacun rêvant déjà de remplacer le chef. Alors, comme en 2010, la tentation du contrôle a pris le dessus. Il fallait neutraliser les figures fortes : Cellou Dalein Diallo, trois fois vainqueur dans les urnes, poussé à l’exil ; Kassory Fofana, nouveau leader du RPG, emprisonné ; les voix du FNDC et de la société civile, réduites au silence. Une stratégie froide, calculée, pour aplanir le terrain avant le scrutin.

Aujourd’hui, le général Doumbouya est candidat à sa propre succession. La question n’est plus s’il gagnera, mais avec quel score. Dans une scène politique décimée, où les adversaires ont été marginalisés ou contraints à la figuration, l’élection s’annonce sans suspense. Ceux qui ont participé à cette dérive n’ont plus que deux options : cautionner le processus ou partager le sort de ceux qu’ils ont trahis, l’exil ou la détention.

« Quand on s’allie avec le mensonge pour vaincre, on finit par lui prêter serment. » Cette maxime résume notre faillite collective. Nous avons, chacun à notre manière, contribué à l’échec moral de la transition : par silence, par calcul ou par peur. La promesse du 5 septembre s’est éteinte, mais la flamme du devoir demeure.

Pourtant, il est encore temps. Si le général Doumbouya veut marquer l’histoire autrement que comme un autre chef dévoré par le pouvoir, il doit renouer avec son serment initial : refonder l’État, restaurer la justice, bannir le clientélisme et l’ethnocentrisme, et réconcilier la nation avec elle-même. Le destin de la Guinée dépendra de ce choix.

« L’histoire n’est pas écrite par ceux qui gagnent des élections truquées, mais par ceux qui redonnent espoir à leur peuple. » — Lord Acton

A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.

Elhadj Aziz Bah

Note de l’auteur : Acceptons la pluralité d’idées. Pas d’injures, et rien que d’arguments.

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