Guerre en RD Congo: espoir sur le papier, désolation et désillusion sur le terrain!
Alors que des accords, notamment celui de Washington signé le 8 novembre entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, et celui plus récent de Doha, il ne date que du 15 novembre dernier, entre les représentants du gouvernement de la RD Congo et ceux de l’AFC/M23, mouvement soutenu par Kigali, essaient de tracer la voie vers la paix dans l’Est du pays, les armes continuent de tonner dans le Nord Kivu et le Sud-Kivu.
Les affrontements entre l’AFC/M23 et le groupe armé des Wazalendo, alliés des Forces armées de la République démocratique du Congo, font rage, au grand dam de populations civiles, prises entre plusieurs feux. Des civils qui continuent de payer le plus lourd tribut à cette guerre, dont l’issue se dessine en happy-end sur le papier mais en chaos et incertitudes sur le terrain.
La réalité sur le théâtre, pour ne pas dire les théâtres du conflit, contredit sans détour les négociations dans les salons feutrés où les différentes parties en conflit, entre déjeuners copieux et arrosés, aux frais du prince du Qatar, Tamim Hamad Al Thani. Tout se passe comme si l’hypocrisie a définitivement pris le pas sur la sincérité de tous les acteurs. Les puissances officiellement engagées dans les négociations pour un cessez-le-feu, voire la paix des braves, n’y arrivent pas. Etats-Unis et Qatar, à moins qu’ils aient en laboratoire une stratégie secrète pour faire appliquer les accords qu’ils font signer aux belligérants, se gaussent de succès diplomatique, alors que la RD Congo, dans sa partie Est, demeure un vaste champ de bataille, avec une partie non négligeable du territoire congolais aux mains des assaillants de l’AFC/M23 à qui le Rwanda nie tout soutien dont il est accusé.
Et pendant que la capitale fait la fête, l’intérieur du pays est à la fête. Soit deux réalités contrastantes d’une même RD Congo! Questions: les dirigeants congolais, vont-ils finir par reconnaître la balkanisation en cours de ce pays continent, géographiquement parlant et victime de la convoitise aiguisée de son riche sous-sol? Le président Félix Tshisekedi à qui s’offre, ces derniers temps, une bouffée d’oxygène sous la forme des victoires des Léopards, l’équipe nationale de football de la RD Congo, à l’occasion des barrages Afrique des éliminatoires du Mondial 2026, est-il encore l’homme de la situation? La voix de l’opposant Martin Fayulu, qui appelle à une solution endogène de résolution du conflit par un «dialogue national», tout en exigeant le retrait, hic et nunc, du groupe politico-militaire de l’AFC/M23 de ses positions congolaises, sera-t-elle audible entre les tirs d’armes lourdes et les intérêts diplomatiques et matériels affichés des puissances médiatrices?
En tout cas, la guerre au Nord Kivu et au Sud Kivu semble, visiblement, avoir encore, de quoi se nourrir, pour le malheur de populations meurtries, presqu’abandonnées à elles-mêmes, face aux appétits d’agresseurs toujours plus conquérants!
Par Wakat Séra
