Guinée: Cellou Dalein Diallo appelle au boycott du référendum constitutionnel
«Comme tant de Guinéens, nous avons retiré notre confiance au CNRD et à son président, coupables d’avoir trahi leur serment et spolié notre peuple de ses droits et libertés.» C’est la conviction du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, vivant en exil. L’homme lance ainsi, un appel à ses compatriotes à boycotter le référendum constitutionnel organisé par le pouvoir de la transition et prévu pour se tenir le 21 septembre 2025.
«Peuple de Guinée,
Mes chers compatriotes,
Je m’adresse à vous ce soir avec gravité et avec une profonde émotion.
C’est un homme endurci par les épreuves et les injustices qui vous parle. Un homme inquiet pour le sort de notre pays, qui voit s’éteindre peu à peu l’espérance, la dignité et l’avenir de nos enfants. Mais c’est aussi un homme déterminé et confiant, porté par la certitude que la vérité finira par l’emporter sur le mensonge, le droit sur l’arbitraire, la démocratie sur la dictature.
Je ne parle pas seulement comme homme politique, mais comme citoyen, un fils de cette nation blessée mais toujours debout. Je prends la parole parce que nul ne doit rester indifférent quand l’avenir de son peuple est menacé.
Le 5 septembre aurait dû être une date fondatrice. Beaucoup d’entre nous ont cru, ce jour-là, que s’ouvrait une page nouvelle. Mais la promesse de renouveau s’est muée en trahison. Au lieu de la renaissance, ce fut le déclin, la confiscation de nos droits et libertés, l’enterrement de la démocratie et en perspective, la violation de la parole d’honneur, et la commission du parjure et la confiscation du Pouvoir.
«La «refondation» qu’on nous promet n’est qu’un masque.»
Aujourd’hui, que voyons-nous?
- Des assassinats impunis de jeunes manifestants;.
- Des prisons pleines de détenus politiques, symbole d’un régime qui redoute la liberté;
- Des disparitions forcées, des morts suspectes en détention jamais élucidées;
- Des médias fermés, des voix muselées;
- Des citoyens privés de leurs droits, dans un pays où l’État est devenu la principale source d’insécurité;
- Un pouvoir militaire intolérant qui concentre toutes les décisions et étouffe toute voix dissonante.
La «refondation» qu’on nous promet n’est qu’un masque. Elle cache l’accaparement du pouvoir et des richesses publiques par l’équipe dirigeante qui vit dans une opulence insolente alors que nos infrastructures se dégradent et que le peuple vit dans la misère.
Oui, la Guinée connaît une croissance économique. Mais quel impact sur les conditions de vie de la population quand les fruits de la croissance ne servent qu’à enrichir les dirigeants, à financer les manifestations destinées à promouvoir le maintien de Mamadi Doumbouya au pouvoir et à acheter la conscience des leaders d’opinion pour qu’ils soutiennent ce funeste projet? En effet, plus d’un Guinéen sur deux vit dans la pauvreté, nos hôpitaux et centres de santé manquent de médicaments, nos écoles de fournitures scolaires, plus de 60 % de nos jeunes sont sans emploi et l’exil est leur seul horizon.
Nous avons des richesses, mais en raison de la mauvaise gouvernance notre peuple s’enfonce dans la misère. Voilà la réalité.
Peuple de Guinée,
Nous avons tendu la main au dialogue pour donner toute la chance à la paix. Mais notre patience a été prise pour de la faiblesse. Désormais, il n’y a plus de place pour l’hésitation: il nous faut défendre nos droits et reconquérir nos libertés.
«L’heure est au sursaut national.»
L’heure est au sursaut national. Aucune appartenance politique, régionale ou ethnique ne doit nous diviser. La Guinée est notre maison commune, notre bien commun.
L’UFDG ne participera pas à cette mascarade de referendum destinée à favoriser la commission d’un parjure et légitimer un coup d’État.
Nous invitons tous les militants de l’UFDG, tous les Guinéens épris de démocratie et de libertés, à rester chez eux le 21 septembre et donc s’abstenir de voter. Car même si vous votez «Non» votre vote sera compté «Oui». Ne vous associez donc pas à ce vol en perspective du suffrage des Guinéens.
Militants de l’UFDG,
On peut tenter de nous affaiblir par des débauchages ou des démissions de cadres, mais notre force est ailleurs: dans la conviction des militants et dans la confiance du peuple de Guinée à notre Parti et à sa Direction Nationale.
Comme tant de Guinéens, nous avons retiré notre confiance au CNRD et à son président coupables d’avoir trahi leur serment et spolié notre peuple de ses droits et libertés.
J’appelle tous les Guinéens à s’opposer, résolument, à l’instauration d’une nouvelle tyrannie dans notre pays.
À la communauté internationale, je dis: ne soyez pas complice de la junte dans sa volonté de confisquer la souveraineté du peuple de choisir librement ses dirigeants. N’apportez pas votre caution à un simulacre de démocratie. Comprenez qu’il n’y a pas de stabilité sans justice, pas de paix durable sans liberté.
Pour «une Guinée d’opportunités, où nos enfants peuvent rêver, apprendre et réussir ici, chez eux.»
Mes chers compatriotes,
Résister, ce n’est pas seulement s’abstenir de participer à la mascarade électorale du 21 septembre, c’est aussi continuer, avec plus de détermination, la lutte contre la dictature et pour l’instauration de la démocratie et l’Etat de droit. Notre ambition demeure la construction d’une Guinée réconciliée avec elle-même. Une Guinée de justice, où la loi s’applique à tous. Une Guinée de liberté, où chaque citoyen peut s’exprimer sans crainte. Une Guinée d’opportunités, où nos enfants peuvent rêver, apprendre et réussir ici, chez eux.
Nous ne vaincrons la dictature que par notre unité, notre détermination et notre esprit de sacrifice. Car l’histoire l’enseigne: la force brutale finit toujours par s’effondrer devant la force des convictions et la détermination du peuple.
Je tends la main à chacun de vous. Je crois en notre avenir commun. Je crois en la Guinée. Ensemble, nous bâtirons un pays où la liberté, la justice et la dignité ne sont pas des promesses, mais des réalités.
Je ne me bats pas pour un poste, ni pour un parti, mais pour que chaque Guinéen, riche ou pauvre, jeune ou vieux, puisse vivre libre et digne dans son pays. Voilà le combat de ma vie, et je l’assumerai jusqu’au bout.
Peuple martyr de Guinée, debout!
Debout pour la dignité de notre peuple!
Debout pour l’avenir de notre nation!
Debout pour une Guinée libre et démocratique!
Oui, je crois en cette Guinée. Je crois en vous. Et ensemble, nous vaincrons
Vive la Guinée!
Vive la République!»
