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Guinée – De la transition à la trahison : Une Constitution de l’Imposture taillée sur mesure

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Le 30 juin 2025, le Conseil national de la transition (CNT), sous l’égide de Dansa Kourouma, a rendu public l’avant-projet de la nouvelle Constitution guinéenne. Derrière les discours lissés de « refondation de l’État » se cache un texte sur mesure, calibré pour garantir la prolongation du pouvoir du général Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire.

Ce projet rompt clairement avec les principes démocratiques consacrés par la Constitution de 2010, adoptée après des décennies de lutte citoyenne. À commencer par la durée du mandat présidentiel, portée de cinq à *sept ans renouvelables une seule fois*, permettant un règne de quatorze ans. Une évolution d’apparence anodine, mais qui redessine profondément les équilibres institutionnels. Dans une République fragilisée, deux septennats équivalent à une confiscation du pouvoir.

Le nouveau texte introduit également un *Sénat*, dont un tiers des membres seraient *nommés par le président*. Cette configuration vide de son sens le principe de séparation des pouvoirs, transformant la chambre haute en caisse de résonance présidentielle. L’immunité civile et pénale accordée aux anciens chefs de l’État (article 74), en l’absence de tout mécanisme réel de reddition de comptes, verrouille juridiquement l’impunité.

Autre glissement préoccupant : le texte élève l’âge maximal pour être candidat à 80 ans, excluant des figures politiques majeures tout en maintenant Doumbouya (46 ans) dans une zone de confort. Mais c’est surtout le silence stratégique du texte sur *l’interdiction faite aux putschistes de se présenter*, disposition pourtant inscrite dans la Charte de transition (article 46), qui trahit les intentions réelles de ses auteurs. Cette omission ouvre la voie à une candidature du général sans violer formellement la nouvelle loi fondamentale.

Dans ce contexte, rappelons que *plus de 50 partis politiques ont été dissous ou suspendus en 2024*, réduisant à néant l’espace de débat et de compétition électorale. Le terrain est ainsi nettoyé pour une transition verrouillée et dirigée, où les institutions sont façonnées pour servir une ambition personnelle au détriment de l’intérêt général.

Le projet de Constitution de 2025 ne vise ni la stabilité institutionnelle ni la  modernisation républicaine. Il légalise une dérive. Il transforme un coup d’État en stratégie de long terme. Il sacrifie l’esprit de la Constitution de 2010 – fondée sur l’alternance, le pluralisme et la reddition de comptes – sur l’autel d’un pouvoir personnel.

Face à cette dérive, le peuple guinéen doit se lever, comme en 2009, comme en 2020, pour dire *non à la personnalisation du pouvoir*, *non à la manipulation des institutions*, et *non à un référendum biaisé*. La Guinée mérite mieux qu’une République façonnée par et pour un homme.

*Le 21 septembre 2025, votons NON à cette Constitution de l’exclusion, de l’impunité et de la confiscation.*

 

Mamadou Bhoye Bah
*Coordinateur UFDG-Europe*
*Secrétaire fédéral UFDG-Allemagne*

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