Guinée – Le Voile Est Tombé : La Candidature de Doumbouya, un Contre-Modèle pour l’Afrique de l’Ouest
La surprise n’est que de façade. Le Général Mamadi Doumbouya est candidat à sa propre succession.
Ce que l’on présente comme la « fin d’un vrai-faux suspense » est, en réalité, la confirmation cinglante d’un hold-up politique et la trahison d’un serment qui avait soulevé un espoir éphémère.
L’Afrique de l’Ouest, déjà fragilisée par les coups d’État et les transitions interminables, assiste, impuissante, à la normalisation d’une dérive dangereuse.
L’Illusion de la « Clarté Salutaire »
Certains analystes guinéens, par une forme d’optimisme forcé, affirment que cette candidature est un « mal pour un bien » car elle met fin à l’ambiguïté. Cette lecture est naïve et dangereuse.
Dans un pays où :
1. Le processus électoral est verrouillé et non consensuel.
2. Les institutions judiciaires et administratives sont inféodées au pouvoir en place.
3. Les voix dissidentes et les principaux opposants sont exclus ou muselés.
… La clarification n’est qu’un aveu de force. Le Général ne devient pas un simple candidat exposé ; il devient un candidat doté de l’intégralité des moyens de l’État, une position de surpuissance inégalable sur l’échiquier politique. Affirmer qu’il perd son « immunité » est un vœu pieu face à l’arsenal militaire et légal qu’il contrôle encore.
Le Contre-Modèle Africain

La Guinée est aujourd’hui un laboratoire. Si cette candidature triomphe, elle envoie un message dévastateur à l’ensemble du continent : la transition est le raccourci le plus efficace vers le maintien au pouvoir.
Elle délégitime les efforts de la CEDEAO et de l’Union Africaine pour restaurer l’ordre constitutionnel et donne un blanc-seing aux futurs chefs de junte pour rompre leurs engagements sans conséquence réelle.
L’enjeu guinéen n’est donc plus uniquement national ; il est régional.
Le Rôle de l’Unité et de la Résistance Civique
Face à ce défi, la seule réponse viable pour l’opposition et la société civile n’est pas la plainte, mais la mobilisation stratégique.
1. Exiger l’Unité Totale : Les leaders d’opposition doivent mettre de côté leurs divergences immédiates pour former un Front Républicain Uni. Une candidature unique, ou un ralliement clair et rapide, est la seule chance de traduire la frustration populaire en force électorale.
2. Activer la Vigilance : La population, et notamment la jeunesse, doit transformer l’attentisme en mouvement civique massif. La seule manière de contrecarrer un processus verrouillé est de surveiller chaque bureau de vote, de documenter chaque irrégularité, et d’assurer une participation qui rende la fraude techniquement plus difficile.
3. Interpeller sans Relâche : La communauté internationale doit être assiégée d’appels à la fermeté. Elle ne peut se contenter d’observer la violation des chartes démocratiques africaines sans réagir.
Rien ne sera plus comme avant. Cet ancien slogan de la transition doit être retourné contre son auteur. Que ce « plus comme avant » soit le début d’une nouvelle ère où le pouvoir ne peut plus se maintenir par le reniement, mais doit se gagner par la légitimité populaire et la transparence.
Le Général Doumbouya est désormais un candidat. Il est temps que l’opposition le traite comme tel, en l’affrontant sur le terrain des idées, mais surtout, sur celui de l’unité citoyenne.
Par Djamilah Nènèkhaly,
Militante libertaire.
