Guinée : les sirènes révisionnistes de la transition
Les leaders consensuels ne naissent pas, ils le deviennent. Cela est aussi valable pour les dictateurs. Les premiers apprennent de leurs erreurs. Ils écoutent ceux qui sont critiques vis-à-vis d’eux, tirent les leçons et grandissent dans l’humilité et le service rendu.
Les seconds eux n’aiment pas la contradiction. Ils adorent ceux qui chantent leurs louanges et n’aiment pas ceux qui réfléchissent ou qui raisonnent. Ils croient tout connaitre et donc infaillibles. Ils deviennent dictateurs en n’écoutant que ce qu’ils veulent entendre. Ils s’enfoncent et emportent tout ce qui est autour d’eux: leurs organisations, leurs pays etc.
En Guinée, nous avons une catégorie de personnes qui excellent dans ‘’l’accompagnement des chefs’’. Elle est constituée d’une équipe solidement implantée. Elle ne recule devant rien. Elle prend en otage tous ceux qui viennent au pouvoir. Ces artisans du chaos savent se positionner et sont passés maitres dans l’art de la manipulation. Ils sont aussi de fins stratèges puisqu’ils attendent que les nouveaux chefs commencent à savourer les délices du pouvoir pour mettre leur machine d’intoxication et de destruction en marche. Ils visent des primes et des avantages indus qu’ils obtiennent souvent. Voilà tout ce qui les intéresse.
Ces Guinéens sont autant nuisibles pour les chefs que pour le pays tout entier. Ils ont ruiné Conté, enfoncé Dadis, trompé Konaté et noyé Alpha Condé. Ils veulent engager le Colonel Doumbouya aussi sur le chemin de l’échec. Les sirènes révisionnistes ont commencé à retentir. Les sorciers sont encore à pieds d’œuvre. Ils sont à court d’argent et le temps est opportun pour eux. Il faut réactiver les stratagèmes pour se faire plein les poches avant que les choses ne reviennent à la normale.
C’est cette équipe et ses ramifications qui ont convaincu le PUP de modifier la loi fondamentale en 2001 et permettre au Général Lansana Conté de rester au pouvoir à vie, contre sa volonté. Ceux qui ont survécu ont recruté de nouveaux éléments qui ont enfoncé le Capitaine Moussa Dadis Camara en 2009. La suite est connue de tous. C’est cette même équipe qui a fait la promotion du 3ème mandat. Par leur faute des centaines de Guinéens ont perdu la vie, des centaines sont blessés et plusieurs autres ont été emprisonnés. Malgré toutes ces pertes en vies humaines et la destruction de biens publics et privés, ces opportunistes ne se reprochent de rien. Le sort de leurs amis et collaborateurs d’hier, aujourd’hui en exil ou en prison ne les dissuade point. Aujourd’hui, Ils veulent une rallonge pour le CNRD !
Les pyromanes pensent que la transition doit être rediscutée, non pas pour un retour rapide, paisible et consensuel à l’ordre constitutionnel mais pour tenir en compte des discours de New York et de Conakry ! Ce sont eux les ennemis de la Guinée, des Guinéens et du Colonel Mamadi Doumbouya.
Oui, il faut rediscuter le chronogramme de la transition mais pour extirper tous les points, tous les éléments qui ne sont pas indispensables au retour à l’ordre constitutionnel. C’est la seule discussion qui vaille.
On trouve des alibis fallacieux pour ne plus respecter le chronogramme conçu pour la transition. On dirait que la Guinée cessera d’exister après les élections. On nous parle comme si tout ce qui n’est pas fait d’ici les élections ne pourra jamais être fait. Quelle malhonnêteté intellectuelle ! Quel pédantisme !
Ce n’est pas si banal, puisqu’il s’agit du sort de plus de 13 millions de Guinéens. Kéamou Bogola Haba, puisqu’il s’agit bien de lui, ose nous dire que c’est maintenant, deux ans après le début de la transition, qu’il faut se retrouver autour d’une table pour discuter du contenu de cette même transition ! Mais où est le sérieux ? Où était-il lorsque tous les acteurs politiques et sociaux demandaient un dialogue franc et inclusif avec le CNRD, sans succès ? Où était-il lorsque le CNRD et la CEDEAO imposaient aux Guinéens un chronogramme dont ils ne sont associés ni de près, ni de loin ?
Le CNT a fait des tournées de consultation à l’intérieur du pays et travaillerait maintenant à présenter aux Guinéens la nouvelle Constitution. Les Guinéens ont défilé au palais et ont fait part au Colonel Mamady Doumbouya de leurs préoccupations. Où étaient Bogola Haba et ses mandataires pendant ce temps ?
C’est maintenant qu’on nous dit qu’il faut rediscuter le chronogramme pour inclure des agendas qu’on n’avait pas pris en compte.
Kéamou Bogola Haba, ne sait-il pas que le CNRD est en train d’achever et inaugurer des projets élaborés, financés et bouclés sous le règne d’Alpha Condé ? De grâce, le CNRD vient de collecter 5.000 milliards auprès des banques commerciales, si c’est le riz qui manque à la maison il suffit de l’annoncer au Président de la Transition. Il est assez gentil pour assurer cela, mais ne plongez pas le pays dans l’incertitude, le désordre et le chaos.