Guinée : Quand les caméléons politiques changent encore de couleur (Par Elhadj Aziz Bah)
À l’approche de l’élection présidentielle du 28 décembre, un spectacle désormais familier se rejoue sur la scène politique guinéenne. Tels des acteurs usés répétant le même script décadent, les opportunistes de tout bord sortent de l’ombre pour applaudir le nouveau maître du jour.
Hier zélateurs d’Alpha Condé, aujourd’hui thuriféraires de Mamadi Doumbouya, ces marchands d’allégeance incarnent la gangrène qui ronge notre démocratie.
Le ballet des girouettes
« L’opportuniste est comme une girouette : il tourne dans tous les sens, sauf vers la vérité », aurait pu dire Montesquieu. Ces spécialistes du retournement de veste n’ont ni mémoire ni honte. Ce sont eux qui ont orchestré le troisième mandat inconstitutionnel, violé notre Charte fondamentale, et plongé la Guinée dans le chaos. Quand le vent a tourné en septembre 2021, ils se sont volatilisés… pour réapparaître miraculeusement aux côtés du Général Doumbouya, comme si un simple changement d’uniforme effaçait leurs crimes politiques.
D’autres, jadis compagnons de lutte de Cellou Dalein Diallo, ont également déserté pour quelques strapontins ministériels. Cette transhumance permanente ne relève pas de la simple tactique politique : c’est une trahison systémique qui détruit la confiance citoyenne et transforme la République en un marché aux enchères.
La malédiction des intérêts sans convictions
Comme l’affirmait Victor Hugo : « Il y a une chose plus forte que toutes les armées du monde, c’est une idée dont l’heure est venue. » Mais ces opportunistes n’ont pas d’idées, seulement des appétits. Ils ne militent pas, ils manœuvrent. Leur seule constante n’est ni le progrès ni la patrie, mais l’ambition personnelle. À chaque régime, leur loyauté bascule au rythme des dividendes escomptés.
Cette attitude n’insulte pas seulement l’intelligence collective, elle hypothèque notre avenir. Car en plaçant leurs intérêts au-dessus du projet républicain, ces apatrides politiques transforment chaque transition en occasion manquée, chaque espoir en désillusion.
Trois messages pour trois figures
À Alpha Condé : l’histoire retiendra que vous avez été trahi par ceux qui vous ont poussé vers l’abîme du troisième mandat. Ils ont applaudi quand il fallait vous alerter, puis ont disparu quand vous êtes tombé. Cette leçon amère doit éclairer les générations futures : l’opportunisme ne connaît ni gratitude ni fidélité.
À Cellou Dalein Diallo : malgré les désertions et les trahisons, tenez bon. Votre résilience face à ceux qui ont mangé à votre table avant de vous poignarder reste un exemple pour tous ceux qui croient encore en l’éthique politique. Comme le disait Nelson Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »
À Mamadi Doumbouya : méfiez-vous des applaudissements trop bruyants. Ceux qui vous glorifient aujourd’hui sont souvent ceux qui ont piétiné hier les principes que vous prétendez incarner. Ne laissez pas ces sangsues transformer votre capital politique en nouveau prétexte de manipulation. Martin Luther King nous rappelait : « La vraie mesure d’un homme n’est pas où il se tient dans les moments de confort, mais où il se tient dans les moments de défi. »
L’urgence d’une rupture morale
La Guinée ne survivra pas à un nouveau cycle de duplicité. Notre pays a besoin d’une révolution des consciences, d’un retour radical aux principes, d’un leadership enraciné dans l’intégrité. Assez de cette politique du ventre ! Assez de ces coalitions à géométrie variable ! La République n’est pas un tremplin pour carriéristes sans âme.
La vraie transition que la Guinée attend n’est ni militaire ni simplement électorale. Elle est morale. Elle commence en chacun de nous et exige courage, cohérence et lucidité. Car comme le proclamait Thomas Sankara : « On ne peut pas réaliser le développement sans le peuple, on ne peut pas imposer le développement au peuple. »
Bâtir une nation, ce n’est pas suivre le vent des opportunités. C’est planter des racines dans le sol fertile des convictions.
A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.
