Guinée: Un Conseil national de la transition non représentatif, illégal ne peut pas être légitime.
En tenant compte de la définition d’une transition démocratique, il est clair que nous ne sommes plus dans une phase de transition politique en Guinée.
Mamady Doumbouya prouve tous les jours qu’il ne veut plus transiter. La transition, ce provisoire doit selon lui devenir permanent, et s’éterniser.
Or « la transition démocratique est un processus politique caractérisé par un passage progressif d’un régime non-démocratique par exemple une dictature à une démocratie.»
Mais là nous vivons en Guinée une situation diffuse, dans le temps, avec la mise en place de l’autoritarisme fondé sur le nationalisme ethnique.
Ceci dit, le changement politique en termes de transitologie ne correspond à aucune catégorie de transition connue jusque-là.
Car elle n’a même pas pu aboutir à la décompression autoritaire…
La junte l’a plutôt renforcé en décidant tout simplement d’effacer les partis politiques de la sphère politique guinéenne pour être le seul maître de jeu et imposer aux Guinéens un parti unique, hégémonique, ethniciste, clientélaire dominant.
Elle veut donc étouffer toute forme de rapport de force selon qu’il soit situé dans le pouvoir, à l’extérieur du pouvoir, qu’ils appartiennent aux élites et ou aux masses.
Dans ce contexte, aucun hémicycle, c’est-à-dire aucun Conseil national de la transition ne peut prétendre être légitime ou légal.
Le Conseil national de la transition ne joue pas son rôle
Le Conseil national de la transition qui doit jouer le rôle du parlement pendant cette phase de transition politique est devenu un endroit où l’on essaie sur fond de compromissions contre nature, de népotisme, de cooptation, de corruption à dénaturer les exigences fondatrices de la démocratie.
Depuis trois ans d’existence, le CNT n’a pas pu jouer le rôle d’Assemblée nationale pendant cette période de trois ans de transition. Et en temps réel devrait aboutir à l’organisation d’élections générales, sur fond de loyauté envers le peuple guinéen et de transparence conformément aux dispositions de la Constitution de 1990 amendées en 2010.
Le Conseil national de la transition, son président Dansa Kourouma, ses subalternes ne font preuve de loyauté qu’au chef de la junte militaire guinéenne Mamady Doumbouya.
Le CNT est par conséquent devenu l’organe régulateur d’un régime militaire françafricain, despotique et ethniciste.
C’est-à-dire un État néopatrimonialiste, avec des acteurs étatiques oligarchiques, clientélistes qui se servent du peuple pour préserver leurs intérêts.
Le CNT est régi selon la volonté de la junte militaire
La transition politique enclenchée le 05 septembre 2021 est désormais juste un alibi sur la forme, une transition politique trompe l’œil.
Le clan despotique de Mamady Doumbouya est animé par une idéologie du nationalisme ethnique assumé et le CNT est son organe régulateur.
Cette idéologie est pourtant incompatible à la démocratie puisque fondée sur l’exclusion, la marginalisation, la haine de l’autre et qui se traduit par un rapport de force inégalé, sans aucune place pour les compromis, pour les revendications démocratiques, pour le consensus, le dialogue et l’ouverture.
Mais étant un pouvoir des élites militaires soucieux de créer une nation ethnique. Ce rôle que joue le CNT est primordial pour la réalisation de ses objectifs de confiscation du pouvoir.
Et c’est pourquoi toutes les décisions importantes sont aujourd’hui élaborées par le CNT que pour une infime minorité de citoyens appartenant à ce clan composé de: militaires, de politiciens, patrons et technocrates.
Dans ce contexte, il ne faut pas s’attendre à ce que le CNT ou le CNRD organisent, facilitent le retour à l’ordre constitutionnel dans le respect des règles de jeux démocratiques.
Le CNT responsable de la défiguration de la démocratie
Le silence assourdissant et coupable des membres du CNT sur le profilage ethnique des forces de l’ordre vis-à-vis des citoyens guinéens, sur le Kidnapping et l’arrestation des opposants politiques, sur l’interdiction des manifestations, est plus que révélateur du caractère clientéliste, kleptocrate, parasitocrate de cette fausse institution et ses membres.
Ceci prouve que la démocratie en Guinée est défigurée par le CNT au service d’un pouvoir militaire agonisant, illégal et illégitime.
En trois ans, l’hémicycle est devenu une maison de retraite pour privilégiés politiques, pour la “diaspourie» surtout, pour les enfants des anciens bourreaux, des imposteurs, des parasitocrates et kleptocrates.
Les membres du CNT ne représentent pas le peuple
Car de par leurs agissements, on comprend qu’ils ignorent tout de l’État du pays et ne se soucient point du misérabilisme dans lequel vit la population guinéenne.
Armés de fausses argumentations, de divagations sur leur présence au CNT, malgré l’illégalité avérée de l’institution depuis le 01 janvier 2025.
Certains parmi eux se considérant comme des plus intelligents font semblant d’oublier qu’ils soutiennent aujourd’hui le contournement des lois de la République et de la justice constitutionnelle en Guinée.
Ils soutiennent surtout le déni de justice, une justice muette et injuste et un pouvoir militaire despotique.
Et c’est pourquoi le CNT sensé être pendant cette période de transition, le haut lieu de l’expression démocratique et diverse, est devenu une sorte de l’emprise des médiocres, des imposteurs dont le souci premier est d’avoir des exonérations et autres avantages fiscaux pour faire prospérer leurs affaires.
Et pourtant sous d’autres tropiques, l’Assemblée Nationale et surtout pendant une période transitoire est le meilleur cadre de débats de confrontations d’idées au grand bonheur du peuple. Elle est le temple de l’expression plurielle et contradictoire.
Mais le cas de la Guinée donne à réfléchir, car les membres du CNT considèrent que la politique est une technique réservée à quelques spécialistes en mensonge, en roublardise, en fumisterie et traîtrise.
Un système kleptocrate et parasitocrate qui prend le peuple en otage
Nous avons à faire à un système oligarchique, kleptocrate qui depuis trois ans a pris le peuple de Guinée en otage.
Un système oligarchique formaté par une élite criminelle, aliénée qui divise, oppose et méprise le peuple.
Elle opprime non seulement nos corps, mais aussi et surtout opprime nos esprits.
C’est surtout pour empêcher tout changement de perspective ouvrant la possibilité de penser conjointement les problèmes politiques qu’on aborde jusqu’à présent séparément et surtout d’empêcher le peuple d’agir ensemble pour mettre fin à ces structures mafieuses, rétrogrades qui empêchent l’émergence d’une société démocratique en Guinée.
Ainsi la junte, les membres du gouvernement de transition, les membres du CNT, bref cette élite usurpatrice issue du coup d’État militaire du 05 septembre 2021, est illégitime et illégale depuis le 01 janvier 2025.
Elle a enfanté un CNT illégitime et illégal depuis le 01 janvier 2025, avec des lois illégitimes, sans fondement légal, privé de représentativité dans un pays déformé, trahi et étouffé.
Alors tant que les guinéens n’arrivent pas à se désolidariser de cette élite mafieuse, françafricaine et arrêter surtout de penser qu’à cause des raisons ethnicistes, claniques que cette élite n’est pas infaillible et qu’elle peut nous apporter l’émergence dans la paix et l’unité, alors qu’elle constitue le vrai problème à la situation actuelle du pays, la Guinée ne verra jamais le bout du tunnel.
De toute évidence, son renouvellement est inéluctable.
Pour ainsi dire que nous préférons la démocratie, et ceci en partant d’emblée dans une réflexion systémique faisant l’effort de réfléchir aux problèmes et aux éléments de ce système en les liant les uns aux autres.
Ces questions ici posées ne peuvent être résolues que si elles sont traitées ensemble, dans la mesure où démocratie, État, régime oligarchique, dictature, clientélisme, défaillances de l’élite guinéenne, s’alimentent tous les uns des autres.
La transition étant un moment fluide, où tout se négocie, où tout reste possible.
Ainsi faire durer le “statut” officiel de transition politique, peut avoir de lourdes conséquences imprévisibles.
Et peut même faire basculer un rapport de force, ou d’opposer un immobilisme sans prise aux demandes qui sont exprimées.