Guinée: Un État à équation multiples, incapable de jouer sa fonction la plus essentielle.
En effet «la fonction la plus essentielle d’un État est de faire des lois pour la protection des personnes et des biens. Il s’agit d’une fonction obligatoire. Les fonctions obligatoires comprennent le maintien de l’ordre public au sein de l’État. Cela se fait non seulement par le maintien d’une force de police, mais aussi par l’institution d’un ensemble de tribunaux chargés d’administrer la justice.
Le premier et le plus important devoir de l’État est de protéger la vie et les biens de ses citoyens. L’État édicte des lois concernant la vie et les biens. Il empêche les autres de s’immiscer dans les affaires des individus. Si un individu viole la loi de l’État, il est puni. L’État réglemente la vie sociale de l’individu par des lois.»
Et l’État guinéen incapable de protèger ses citoyens, d’admettre ses crimes tels que le Kidnapping de Habib Marouane Camara, de Foniké Mengué Sylla, de Billo Bah ou d’ouvrir une enquête pour retrouver les personnes disparues démontre qu’il n’a jamais joué cette fonction essentielle et obligatoire pour un État normal.
La Guinée dispose plutôt d’un État à équations multiples qui n’a jusqu’ici pratiqué qu’une démocratie de l’imposture, celle qui défigure le sens des mots et qui installe les maux de toute nature : *Injustice constitutionnelle, *déni de justice constitutionnelle, *contentieux sans juge impartial et indépendant, *accaparement des biens publics, népotisme, *détournement de pouvoir et de fonction, transhumance politique, compromissions, ethnicitém
Et cette litanie est simplement indicative
C’est la déliquescence de l’Etat qui constitue la marque de fabrique et le signe distinctif de la situation qui a jusque-là prévalu en Guinée.
Il est à cet égard inconcevable et suspect que certains politiques, y compris la communauté internationale, continuent de croire, ou de faire semblant , que ce qui se passe en Guinée n’est que le reflet des turbulences que l’on retrouve partout ailleurs dans nos « démocraties de transition, encore bien fragiles ».
Or la réalité est toute autre en Guinée: c’est un pays sans Etat ; depuis 1958 tout se confond avec la personne du Président de la République qui est à la fois l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, et comme Janus, selon les circonstances et ses intérêts privés, le pays est orienté dans le sens de ses préférences.
Et la République est à terre, couchée, et elle n’est pas prête de se relever de sitôt.
Elle est dirigée par des gangsters, qui prônent le fascisme, l’institutionnalisation de la dictature, le culte du chef providentiel, le nationalisme ethnique.
Les putschistes Guinéens animés par le nationalisme ethnique visent à promouvoir les idées d’une nation ethnique, l’identité et les droits d’une seule ethnie dans les sphères économiques, politiques et culturelles.
Le nombre élevé d’une seule ethnie dans les nominations du Chef de la junte militaire Mamady Doumbouya, au poste d’ambassadeur, de gouverneur, de préfets, dans les recrutements au sein de l’armée, la police, la gendarmerie, l’institutionnalisation du profilage ethnique au sein des forces de l’ordre attestent cette envie grandissante de la junte de tuer l’État pour instaurer une nation ethnique.
Mieux, lorsque dans un pays on se targue de se situer sous l’empire d’une loi fondamentale abrogée, que le symbole de la République use et abuse de méthodes falsificatrices.
Et que la justice se couvre d’un fétichisme juridique de mauvais aloi, et enfin aboutir à un coup d’état militaire, c’est admettre et reconnaître que l’Etat n’est plus.
On s’en sert à titre d’adjuvant; on l’invoque pour donner une bonne fausse conscience à autrui qui assiste passivement avec une complicité effarante au chant du cygne.
Les putschistes ne peuvent pas faciliter l’accès à une véritable démocratie en Guinée