Contre La sansure

Guinée: vers la démocratie à la sauce Mamadi Doumbouya!

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Dans la foulée de la grâce présidentielle qu’il a accordée, contre toute attente, au capitaine Moussa Dadis Camara, et qui a soulevé une vague d’indignations qui ne cesse d’enfler, le général Mamadi Doumbouya a fixé la date du référendum constitutionnel au 21 septembre 2025.

Faut-il se réjouir de ce planning de toutes élections que les autorités de la transition guinéenne ont concentré sur cette année 2025? Oui, a priori, parce que toute participation populaire à la gouvernance, constitue un acte louable pour le renforcement de la démocratie. Sauf que la vérité, ailleurs dans le monde, est loin d’être la même que dans une Guinée où, la justice est mise à mal, la liberté d’expression malmenée, et où les leaders politiques et ceux de la société civile qui portent la voix du peuple, sont menacés, embastillés, ou contraints à l’exil, rien que par la volonté du prince. De plus, quand la parole donnée, notamment celle du premier dirigeant, de surcroît général de l’armée, peut changer entre le lever du soleil et son coucher, quelle valeur donner à toutes ces annonces faites selon des calculs répondant, in fine, au respect des désirs d’un seul homme?

Alors que tous, notamment les proches des 156 morts et la centaine de femmes violées, à stade ouvert, le 28 septembre 2009, applaudissaient encore ce procès historique de deux mois, qui a conduit à la condamnation de Dadis Camara et certains de ses co-accusés, voilà que le général qui vise la présidentielle, a fait une passe inespérée au capitaine. Une grâce présidentielle inopportune, que l’ONU, soucieuse du respect des droits de l’homme déplore, surtout que le jugement n’est pas épuisé, Moussa Dadis Camara, qui a écopé de 20 ans d’emprisonnement pour crimes contre l’humanité, ayant interjeté appel. Rien ne justifiait donc l’empressement du chef de la transition à faire jouer sa magnanimité au profit de son frère d’arme, si ce n’est pour, en retour, s’attirer les faveurs des militaires originaires de la Guinée forestière, et puiser à satiété dans le fief du capitaine à Nzérékoré, lors de la présidentielle et des autres élections annoncées, toutes pour cette année. Pourtant, c’est le même Mamadi Doumbouya qui s’était interdit de prendre part aux élections, les heures qui ont suivi son putsch du 5 septembre 2021.

Tout porte à croire que cet autre mois de septembre sera bien crucial pour les Guinéens, eux qui avaient porté aux nues Mamadi Doumbouya, dans un autre mois de septembre, alors qu’ils le considéraient comme un sauveur, venu pour rétablir l’ordre constitutionnel, rendre le pouvoir aux civils et dont remettre son pays sur les rails de la démocratie. Peu de personnes voyaient venir le dribble magistral du général, car la constitution qu’il annonçait, c’est celle pour laquelle il va faire voter, massivement, et par tous les moyens, le 21 septembre. Les Guinéens, en tout cas certains, et la communauté internationale, qu’il est en train de rouler dans la farine, ignoraient, que le civil auquel il compte rendre le pouvoir, c’est bien lui-même, le général qui aura changé le treillis pour le beau boubou en bazin. La Guinée va donc retourner à l’ordre constitutionnel avec le civil Mamadi Doumbouya qui se sera refait une virginité par les urnes. Et le tour sera joué!

Par Wakat Séra

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