Immigration : pourquoi près de 10 000 Africains au Canada risquent de perdre leur travail dès ce 27 septembre 2024
Une disposition gelant les recrutements des travailleurs temporaires étrangers entre en vigueur ce jour au Canada. Limitant aussi leur employabilité à 10 % dans les entreprises du pays, la mesure va toucher des milliers d’Africains.
Dès ce 27 septembre 2024, les employeurs canadiens n’auront le droit de recruter qu’un maximum de 10 % de travailleurs temporaires étrangers, dans leurs effectifs.
En leur notifiant cette décision, fin août, le gouvernement fédéral canadien a procédé pour la deuxième fois en un an, à la réduction des quotas pour cette catégorie de travailleurs souvent peu qualifiés et bon marché.
« Le Programme des travailleurs étrangers temporaires est conçu comme une mesure d’exception, lorsqu’aucun Canadien ou résident permanent qualifié n’est en mesure de pourvoir un poste vacant. Malheureusement, le Programme a servi à éviter l’embauche de travailleurs talentueux au Canada « , explique le gouvernement canadien dans un communiqué.
Les autorités affirment également qu’elles prennent la mesure pour « éliminer la fraude et le recours abusif au Programme« , encourageant les entreprises à « investir dans les travailleurs locaux« .
Parce qu’ « à l’heure actuelle, nous savons qu’un plus grand nombre de Canadiens qualifiés peuvent occuper les postes vacants« , déclare le gouvernement dans son communiqué.
Quels sont les pays africains qui offrent plus de travailleurs temporaires au Canada et comment seront-ils impactés ?
Sur les 109 800 travailleurs temporaires exerçant au Canada depuis juin de l’année en cours, seuls 9.555 sont originaires d’Afrique, selon le décompte effectué par BBC Afrique sur la base des données des autorités, dont la dernière mise à jour publique date de juin 2024.
Aucun pays africain ne figure dans le top 20 des pays offrant de la main d’œuvre agricole au Canada, les travailleurs venant plutôt d’Amérique du Sud et d’Asie, explique à la BBC Aïsha Laperrière, Coordonnatrice aux affaires législatives à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Donc, même s’il existe quelques-uns dans ce segment, ils ne sont pas majoritaires. Ils sont donc repartis dans d’autres secteurs d’activité, comme la restauration, l’assistance à domicile, le tourisme ou encore l’informatique, comme ce jeune Marocain qui a requis l’anonymat.
Joint au téléphone, ce jeune résidant à Montréal se dit préoccupé. Il lui reste juste quelques mois avant la fin de son contrat, qui ne pourra pas être renouvelé.
« Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas rentrer au Maroc. Ma famille a un problème de terres là-bas, et l’argent que je gagne ici me permet de prendre soin d’elle. Peut-être je vais quitter Montréal« , a-t-il expliqué au téléphone à la BBC.
Avec 1 730 ressortissants, son pays le Maroc est le deuxième pourvoyeur africain de main d’œuvre temporaire au Canada, sur les 48 pays africains répertoriés par les autorités canadiennes, derrière la Tunisie qui totalise 2105 travailleurs temporaires dans le pays.
Dans le top 5 des pays africains ayant des travailleurs temporaires au Canada, on trouve aussi le Cameroun, 3ème avec 1 210 ressortissants, l’Algérie, 4ème avec 1 115 et Madagascar, 415 ressortissants exerçant comme ouvriers temporaires, selon notre décompte sur le document du gouvernement.
Outre le programme de travailleurs étrangers, le gouvernement a recours à deux autres viviers de main d’œuvre pour palier la pénurie. Il s’agit du programme de mobilité internationale et le programme post diplôme. Ce dernier donne des permis de travail aux étudiants étrangers en fin de formation dans les écoles canadiennes et qui acceptent de s’installer dans le pays.
Qu’est-ce que le programme de travailleurs étrangers temporaires ?
Le Programme des travailleurs étrangers temporaires a été mis en place par le gouvernement canadien dans les années 1960 et ne concernait au départ que les employés agricoles. Il a été remanié à plusieurs reprises jusqu’en 2002, pour inclure les travailleurs peu qualifiés.
Il permet aux employeurs d’embaucher temporairement des travailleurs étrangers pour résorber des pénuries de main-d’œuvre et de compétences lorsqu’ils ne peuvent trouver de citoyens canadiens ou de résidents permanents qualifiés pour occuper ces postes.
Contrairement au Programme de mobilité internationale qui permet aux employeurs de recruter directement à l’étranger sans condition, le programme des travailleurs étrangers temporaires obéit à plus de conditions.
Notamment l’obligation pour les employeurs de déposer des demandes d’embauche devant les autorités qui les valident et déterminent si les travailleurs étrangers auront un effet positif ou neutre sur le marché du travail concerné.
Si l’effet est négatif, les autorités refusent la demande de recrutement des travailleurs concernés. Dans sa dernière décision, les autorités ont estimé que les embauches de travailleurs étrangers temporaires ont contribué à faire grimper le taux de chômage de 1,4 point en un an.
Quels sont les secteurs qui emploient le plus de travailleurs étrangers temporaires au Canada ?
En juin 2024, le Canada comptait 109 840 travailleurs étrangers temporaires. Bien que ce soit un bilan à mi-parcours de l’année en cours, ce chiffre est déjà le deuxième le plus élevé de ces 9 dernières années.
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