Interdiction de nourrissons dans les universités : Que voulez vous qu’elles fassent, ces étudiantes-mères ?
La note de la présidence de l’université Norbert Zongo de Koudougou interdisant l’accès des salles de cours à toute personne accompagnée d’un enfant ou d’un nourrisson continue d’alimenter les débats. Dans la tribune ci-après, Nicole Kandolo, citoyenne burkinabè résidant au Canada, invite les autorités à ne pas pousser les étudiantes mères à faire un choix difficile et contraignant qui sera d’abandonner l’année universitaire pour s’occuper de leurs bébés.
Je viens juste de tomber sur cet article du Lefaso.net qui remet en lumière et sur la place publique la problématique de ces étudiantes qui viennent avec leurs enfants dans les salles de classe. Le sujet n’est pas récent. Le signataire de la note à juste été audacieux. C’est un courage qu’il faut saluer à sa juste valeur parce qu’il donne de proposer des solutions pour une effective et meilleure garantie de l’égalité des chances.
Je saisis ainsi donc l’occasion pour joindre ma voix aux cris de cœurs de ces étudiantes-mères afin d’interpeller les présidents de nos universités à se pencher sur cette question qui n’est visiblement et simplement plus une affaire d’étudiantes-mères mais est plutôt devenu un problème social. On ne peut vouloir une chose et son contraire.
Il n’est pas rare de croiser des étudiantes qui désirent poursuivre leurs études universitaires, mais confrontées à cet honneur (et triste) réalité d’être en même temps mères. Il faut dire même que l’élan d’émancipation tel qu’amorcé invite et encourage les filles (femmes) à pousser loin les études. Mais à l’épreuve, seules quelques-unes peuvent tenir l’endurance.
Les plus chanceuses bénéficieront de l’aide des parents qui garderont leurs bébés à la maison. Les mieux nantis prendront des nounous qu’elles amènent au campus et qui resteront devant les amphis pour qu’elles puissent suivre les cours. D’autres pour ne pas dire le reste – celles acculées par les réalités difficiles de la vie se démerdent comme elles peuvent pour arriver à obtenir la connaissance et le parchemin.
Soit elles négocient avec le mécano ou le tablier du campus une petite place à côté de qui elles étalent un morceau de pagne sur lequel le bébé va passer le temps le temps qu’elles (se) plongent dans la salle de cours. Puis entre concentration sur le cours dispensé et réflexion sur ce que pourrait être en train de vivre son bébé ou ce qu’il pourrait être en train de faire vivre au tablier ou au mécano (devenu baby-sitter de fait) – ces braves étudiantes-mères se résolvent à faire la navette entre salle de cours et la couchette de fortune pour s’assurer que le bébé ne pleure pas et lui faire téter un coup.
Mais même là toutes ne peuvent pas avoir ce privilège qu’accordent le tablier ou le mécano. Que faire donc ? Ces étudiantes-mères malgré qu’elles savent que cela peut être inconfortable pour leurs camarades de classe ou bien pour les professeurs, elles se résignent à amener les enfants dans les salles de classe parce qu’elles n’ont vraiment pas le choix.
Cela à coup sûr dérange. Ça dérange encore plus quand l’enfant pleure ou quand l’enfant fait du bruit pendant que le professeur est en train de dispenser son cours. Oui ! On connait tous les efforts que les étudiants font déjà pour pouvoir prendre les cours. Ce n’est donc pas la présence d’un bébé dans une salle qui va être acceptée. Mais une fois de plus qu’est-ce que vous voulez qu’elles fassent ces étudiantes-mères ?
J’interpelle et plaide auprès donc des autorités universitaires – Pensez (dans un futur proche ou immédiat) à ouvrir des crèches/garderies à l’intérieur des campus au profit fondamentalement des étudiantes-mères et pourquoi pas du personnel administratif féminin et assimilés. Quand vous les interdisez d’amener leurs enfants en classe, vous les poussez à un choix difficile et contraignant qui sera d’abandonner l’année universitaire pour s’occuper de leurs bébés.
Le plus drôle dans l’histoire c’est quand le père de l’enfant se trouve être lui aussi étudiant-père. Ce dernier (peinard) il suit bonnement et tranquillement les cours. La fille, elle est mise dehors parce que l’enfant fait du bruit. Je fais ce cliché pour étendre mon plaidoyer sur l’égalité des chances promulguée et enseignée partout ailleurs.
Professeur Badini/Kinda Fatoumata, (vous qui travaillez déjà beaucoup sur les questions du genre) voici un autre combat pour vous.
Monsieur le Président de l’Université Joseph KI-Zerbo, on demande une garderie
Monsieur le Président de l’Université de Koudougou, on demande une garderie
Monsieur le Président de l’Université Thomas Sankara, on demande une garderie
Monsieur le Président de l’Université de Bobo, on demande une garderie.
Et j’en passe.
C’est mon effort de carême 2023 !!!
Nicole KANDOLO
kandonic@yahoo.fr
In. https://lefaso.net/spip.php?article120147