Je n’ai pas été oppressée en Guinée, parce que je suis femme!

Pendant toute ma période d’incarcération en 1996 pour fait de grève estudiantine en Guinée, je n’ai ressenti à aucun moment un traitement lié à mon genre féminin.
Nous avons en Guinée en tant que femme, d’énormes problèmes et défis auxquels nous sommes confrontés.
Des problèmes dûs entre autres au refus de l’État guinéen de trouver des solutions et mesures adéquates pour améliorer les conditions de vie de la femme guinéenne.
Mais j’ai pu tout de même très tôt me frayer mon chemin et élever ma voix contre l’injustice et sans ressentir une quelconque discrimination lié à mon genre.
Notre plus grand problème c’est l’échec de l’État
Notre plus grand problème en tant que femme est le fait que notre État refuse de jouer son rôle essentiel qui est de s’assurer que les droits des individus, notamment les femmes tels que reconnus par la loi, soient respectés, protégés et appliqués lorsque cela est nécessaire.
Il refuse depuis 66ans de respecter toute une série d’obligations visant à garantir, protéger et promouvoir les droits de l’Homme.
On a comme l’impression que cet État qui ne se manifeste que par l’arbitraire, l’excès, suffisance, élitisme, dirigisme, corruption n’émane pas de l’homme. C’est juste un mal nécessaire.
C’est pourquoi, elle ne remarque pas même le rôle ambiguë que joue certaines ONG aux ordres en Guinée.
Et pourtant une impérative contextualisation du féminisme en Afrique et en Guinée demeure nécessaire.
Car il faut éviter de confondre le féminisme à l’aliénation, à l’acculturation, à l’occidentalisation et à l’assimilation.
Et épouser la culture occidentale ne signifie pas s’assimiler, mépriser, rejeter nos valeurs africaines dans un déni total.
La lutte contre les pesanteurs socio-culturelles doit être calquée de nos réalités
Pour lutter de manière constructive contre les pesanteurs socio-culturelles auxquelles sont confrontées les femmes afin de pousser l’État à rétablir les fondements de la famille, restaurer la valeur de l’enfant, alléger la penibilité de la vie de la femme, mettre fin aux violences conjugales, lui reconnaître sa dignité en systématisant sa scolarisation en améliorant ses conditions de travail et en valorisant son rôle de mère et son statut de femme et de citoyenne.
Nous n’avons point besoin d’être une caisse de résonance des médias occidentaux qui ne savent parler de l’Afrique, que lorsqu’il faut la dénigrer, la deshumaniser, la dépouiller de ses ressources minières, l’imposer des valets, des satrapes sans âme et surtout aux ordres du néocolonialisme.
Sur ce la contextualisation du féminisme dans le respect de nos valeurs et cultures est d’une impérieuse nécessité.
Car le féminisme africain doit être un type de féminisme créé par des femmes africaines, qui prend spécifiquement en compte la condition et les besoins des femmes africaines résidant sur le continent africain et non le contraire.
Vouloir alors sortir le féminisme africain de son contexte, dans le seul but d’ôter l’âme à tout ce qui est différent du modèle de vie occidentale et en faisant croire à la jeune femme africaine que
« l’Europe fournirait le modèle, l’Afrique une bonne copie ; l’une serait spirituellement dispensatrice, l’autre simple partie prenante » c’est faire preuve d’irrespect, d’ignardise et de manque de maturité. Sans oublier que cette copie ne résout pas les problèmes liés à l’univers africain.
Et si par exemple jusqu’en 1975 la femme allemande, mon pays d’adoption n’avait pas le droit de travailler, de posséder un compte bancaire sans l’avale de son mari.
Dans mon pays d’origine à cette période mon père laissait ma mère s’épanouir dans l’exercice de son commerce en voyageant partout dans le monde.
Ceci dit, il faudra convenir avec moi qu’à chaque société ses problèmes. Les problèmes sont non seulement différents, puisque nous n’avons pas les mêmes histoires. Mais le fonctionnement tout comme l’évolution de nos sociétés différent les unes des autres.
Et c’est pourquoi les solutions doivent être aussi différentes.
Ainsi il revient aux femmes africaines de s’atteler à leur façon sur leur problème et afin d’y trouver une solution africaine.
Ce combat ne signifie pas acculturation
Et ce combat ne veut pas signifier qu’il faut déculturaliser la femme africaine. Car une telle transformation lui fait perdre son âme et ses origines.
Les efforts du modernisme et de la mondialisation ne doivent pas aussi être présents en nous sous forme de complexes.
Et c’est ce qui explique aussi le fait que le continent africain se trouve divisé aujourd’hui en deux: d’une part l’Afrique, c’est-à-dire la Guinée des minorités représentée par un groupe de conservateurs, ou encore d’extrémistes qui se réclament gardiens de la tradition africaine, religieuse.
D’autre part, se hisse un groupe de modernistes véreux optant pour le changement radical de la culture africaine. Ce groupe est constitué d’intellectuels africains aliénés par l’occidentalisation dans les façons de voir, d’être, de faire et de penser le monde.
Et parmi eux se trouvent aussi ceux qui prônent l’arabisation de nos sociétés en confondant la culture islamique à celle arabe.
Pourtant ces pensées sont souvent incompatibles avec les réalités africaines. Et là, se joue la crise d’une identité indéfinie.
Alors mes sœurs, nos chances d’épanouissement et de réalisation doivent être extraites de notre culture car les problèmes auxquels nous faisons face résultent presque tous de notre milieu vital.
Et nous n’avons surtout pas besoin d’accepter de faire l’objet d’une objectification ou de l’auto-objectification qui nous pousse à nous regarder de l’extérieur en imaginant ce que les autres voient lorsqu’ils nous regardent, en mettant davantage l’accent sur nos attributs corporels observables.
Qu’il s’agisse maintenant du « droits des femmes », de la « condition féminine », « d’ égalité », ou de « parité », l’État guinéen doit être le premier porteur et garant de cette lutte.
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