Kalil Oularé : »les autorités guinéennes ont enjoint Canal+ de couper les chaînes Djoma TV et Djoma FM de son bouquet. »
Hier, dans une tribune, Sékou Koundouno, Responsable des stratégies et planification du FNDC alertait (1) : « La presse de Guinée est au pied du mur et plus que jamais abusée par un pouvoir illégal et illégitime. Persister dans l’arrogance, le mépris et le déni de réalité, c’est mettre en danger tous les acquis démocratiques arrachés de haute lutte par les Guinéens quand on sait que la liberté d’expression est la sentinelle de toute démocratie qui se respecte. »
Aujourd’hui, dans des propos assemblés par guineematin.com (2), Kalil Oularé, Directeur général de Djoma Medias informe : « depuis hier (mercredi), on regardait l’émission ‘’On refait le monde’’ quand on a constaté que le signal s’est coupé. Alors, nous avons d’abord fait les tests chez nous pour savoir si c’est un problème qui venait de chez nous. Mais, on sait rendu compte que tout allait bien. On a demandé à la structure qui transporte le signal à Canal, elle a vérifié et elle a trouvé que le signal arrivait très bien et qu’il le transportait très bien jusqu’à Canal. Et donc, c’est Canal qui ne mettait pas le signal à l’antenne. Ainsi, il fallait voir avec Canal. C’est ce que nous avons fait, on a appelé tous les dirigeants de Canal en Guinée et ailleurs. »
Déplorant cette situation, Kalil Oularé ajoute : « Mais, personne n’a daigné nous répondre. On a envoyé des mails, aucun retour. Et, à l’heure où je suis comme ça (10 heures40’), j’ai encore appelé au moins cinq fois ce matin le directeur de Canal Guinée pour que je puisse le rencontrer afin qu’il m’explique, mais il ne décroche pas. Donc, nous avons quand-même fait nos enquêtes, et celles-ci ont révélé que les autorités guinéennes ont enjoint Canal+ de couper les chaînes Djoma TV et Djoma FM de son bouquet. C’est ce que Canal a fait unilatéralement, sans préavis, sans nous informer et sans tenir compte du contrat qui nous lie. »
Poursuivant, il indique : « On va, dès ce matin, engager des procédures dans ce sens-là. On va faire un constat d’huissier ce matin. Et, puisque le contrat est régi par le droit français, c’est donc le tribunal judiciaire de Paris qui doit statuer. Nous avons informé nos avocats en France pour qu’on puisse leur fournir l’ensemble des informations qu’il faut pour que Canal nous rétablisse dans nos droits. Parce que ce n’est pas normal. On va aussi engager des procédures en Guinée ici pour voir comment cela va être résolu. A ce jour, nous on n’a pas connaissance d’une sanction de la HAC, on n’a pas connaissance d’une procédure judiciaire qui aurait abouti à une quelconque censure de notre chaîne, on est en règle, nos licences sont à jour, les redevances sont payées, on n’a aucun problème avec une quelconque autorité. Donc, on ne comprend pas pourquoi aujourd’hui nous faisons l’objet de ce sabotage. Mais, ce qui est surtout très grave, c’est que Canal+ accepte d’être l’instrument politique des autorités de la Guinée. Parce qu’aujourd’hui il y a beaucoup de chaînes guinéennes qui sont dans ce bouquet, et si à la première demande Canal doit exécuter, ça veut dire que toutes les autres chaînes de Guinée qui sont sur Canal doivent se faire de soucis. C’est très grave que Canal s’associe à une campagne de musellement de la presse en Guinée. »
Pour un commentateur, « les gens de ce régime croient qu’ils peuvent se permettre tout sans conséquences. Si cette affaire est trimballée devant un tribunal français, cela va contribuer à détériorer les relations entre Paris et Conakry. Canal+ est une entreprise qui fait de bonnes affaires en Afrique francophone. En partie grâce aux chaines africaines comme Djoma, Espace pour le cas guinéen. Il faudrait que les consommateurs aient leur mot à dire. Il faut qu’ils appuient les médias guinéens que ce soient ces tél, radios et sites d’information. Il faut surtout que chacun. comme il le peut, réalise que ce gouvernement de transition est en train de mal gérer ce pays, en le ramenant aux temps durs de la dictature. Il faut que les forces vives changent leurs stratégies pour proposer des voies de sortie de crise que la Cedeao devrait imposer, vu l’illégitimité du pouvoir et son refus de respecter le chronogramme qu’ils ont convenu. »
Mamadou Alpha BAH
(1) https://guinafnews.org/brouillages-des-ondes-des-radios-quand-aminata-kaba-manque-de-courage-devant-lhistoire/
(2) https://guineematin.com/2023/12/07/djoma-tv-retiree-sans-preavis-du-bouquet-canal-le-dg-de-djoma-medias-denonce-un-sabotage-et-annonce-des-poursuites-judiciaires/