La campagne avant la campagne : où est l’équité ?
Dans toute démocratie, l’égalité des chances entre candidats est un principe sacré. La compétition électorale ne prend son sens que si les règles sont claires, les mêmes pour tous, et appliquées avec rigueur.
Or, depuis plusieurs semaines, notre pays assiste à une situation préoccupante : la prolifération de mouvements de soutien spontanés ou organisés en faveur d’un potentiel candidat, occupant les espaces publics, paralysant les axes routiers, et transformant l’espace civique en zone de promotion politique avant même l’ouverture officielle de la campagne.
Ces scènes répétées, filmées et relayées sur les réseaux sociaux, donnent l’impression que la campagne a déjà commencé. Pourtant, le calendrier électoral n’a pas encore autorisé la moindre activité de promotion politique.
Ce décalage interroge. Il interroge parce que la neutralité des institutions est le fondement même de la confiance citoyenne.
Il interroge parce que la loi est censée être la même pour tous, indépendamment du statut, de la fonction ou du positionnement politique.
Il interroge, surtout, parce que la légitimité démocratique ne se construit pas sur la force, mais sur la transparence et l’équité.
Au lendemain de la prise du pouvoir, un engagement solennel avait été pris : celui de refuser toute tentative de personnalisation du pouvoir, et de garantir que la transition resterait au service de la Nation. Aujourd’hui, les démonstrations publiques de soutien à une candidature encore non déclarée — organisées parfois avec une logistique difficilement accessible au simple citoyen — créent un sentiment d’injustice chez les autres acteurs politiques.
L’espace public appartient à tous. La compétition politique ne peut se dérouler à armes inégales. L’État ne peut pas être arbitre et joueur en même temps.
La démocratie exige que l’on sépare clairement pouvoir d’État et ambition politique. Elle exige également que chaque acteur, qu’il soit institutionnel ou partisan, respecte les périodes officielles de campagne, afin de préserver la confiance citoyenne et la crédibilité du processus électoral.
L’enjeu dépasse les personnes. Il concerne notre avenir commun, notre capacité à bâtir un État où les règles prévalent sur les intérêts. Car au final, il ne s’agit pas seulement de gagner une élection. Il s’agit de gagner la confiance du peuple.
Boubacar Dieng
In. https://www.visionguinee.info/la-campagne-avant-la-campagne-ou-est-lequite/
