Contre La sansure

La CEDEAO, une institution affaiblie, en perte de crédibilité (Par Dr. Karamo Kaba)

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La CEDEAO apparaît aujourd’hui comme une institution affaiblie, en perte de crédibilité, et pourrait bien s’acheminer vers un déclin certain si aucune réforme profonde n’est engagée.

Elle semble soutenir, ou du moins tolérer, les « coups d’État constitutionnels » menés par certains dirigeants désireux de se maintenir indéfiniment au pouvoir.

Le cas de la Côte d’Ivoire, avec le Président Alassane Ouattara, dont la réélection pour un quatrième mandat suscite de vifs débats, en est un exemple souvent cité. À quoi servent de tels prolongements de mandats ?

Si la longévité d’un président au pouvoir suffisait à garantir le développement d’un pays, alors le Cameroun de Paul Biya serait aujourd’hui l’un des pays les plus développés au monde.

La CEDEAO ne semble plus en phase avec les aspirations des peuples qu’elle est censée représenter.

Elle s’aligne de plus en plus sur les intérêts de dirigeants avides de pouvoir, agissant parfois en prédateurs politiques plutôt qu’en garants de la démocratie.

Pourtant, chacun sait que ce sont fréquemment les dérives constitutionnelles qui ouvrent la voie aux coups d’État militaires.

Malgré cela, l’organisation ne semble pas disposée à remettre en question ces pratiques de révisions constitutionnelles opportunistes, préférant multiplier les communiqués de condamnation après chaque putsch.

Une politique du « deux poids, deux mesures » qui mine sa légitimité.

On comprend, certes, cette posture ambiguë : comment une institution dirigée par ceux qui modifient eux-mêmes leur Constitution pourrait-elle dénoncer ces mêmes pratiques chez les autres ?

Comment espérer qu’elle s’attaque à un problème qui la concerne directement ? Voulez-vous donc que les mêmes causes ne produisent point les mêmes effets ?

Prenons un exemple : est-ce que le Président Ouattara, via la CEDEAO, peut condamner un coup d’État dans un autre pays alors qu’il exerce lui-même un quatrième mandat.

Comment ce message peut-il être perçu comme cohérent ou exemplaire ? D’autant plus qu’il est désormais âgé de plus de 80 ans.  Est-ce réellement l’image d’un renouvellement démocratique ?

Si rien n’est entrepris, si les Africains ne prennent pas le temps d’analyser clairement la situation, la dislocation de cette organisation régionale pourrait n’être qu’une question de temps.

Je vous le dis sans détour.

Dr. Karamo Kaba

Enseignant – Écrivain – Auteur
Spécialiste en santé publique
MBA – Gestion Pharma Biotech
tatakaba66@gmail.com

In. https://www.visionguinee.info

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