LA GUINÉE ET SA QUESTION MÉMORIELLE.
L’histoire politique et sociale de la Guinée a enregistré des violations de droits de l’homme d’un genre inouï. Des stigmates sont restés chez de nombreuses personnes, et leurs manifestations sont remarquables au niveau d’importants groupes et communautés du pays.
D’un autre côté le pays a besoin d’avancer. Pour cela il a besoin de l’intelligence, de l’énergie et de l’engagement du maximum de ses filles et fils, réunis autour de l’idéal de vérité, de justice et de développement. Il doit pour cela construire une politique mémorielle appropriée à son histoire, politique dont le passage obligé est la reconnaissance officielle et formelle des violations faites aux victimes.
Cette reconnaissance ne doit pas se limiter aux déclamations du genre « J’assume au nom de la République », déjà entendues chez certains Présidents. Il s’agit de poser des actes et gestes forts et convaincants, tels la demande publique de pardon, l’identification des charniers, la restitution de biens, l’édification de stèles et l’organisation de cérémonies de prières et de recueillement à la mémoire des victimes…
Une telle démarche est de nature à calmer les ardeurs des uns et des autres, taire leurs récriminations et les amener à pardonner leurs frustrations même sans les oublier.
Il faut cependant dire à nos frères et sœurs concernés que la colère quelque saine et compréhensible qu’elle soit peut s’exprimer avec pondération. Il faut surtout leur rappeler que l’émotion démesurée pousse à la violence. La violence n’a nulle part été réparatrice de torts. Au contraire, utilisée comme arme pour vanger une injustice, elle complexifie les problèmes à résoudre et retarde la marche vers le rassemblement nécessaire au développement et à la construction démocratique souhaitée pour notre pays.
Vivement les mesures appropriées de gestion de la question mémorielle en Guinée. Vivement la fermeté dans la courtoisie dans la contestation.
Puisse Dieu nous inspirer les meilleurs sentiments de compassion pour les uns et de pardon pour les autres pour le vivre ensemble harmonieux et l’avenir partagé des guinéens. Aameen !!!
Sény Facinet Sylla
Ancien Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses.